Le désespoir de nos élites

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Le désespoir de nos élites

• Un texte qui illustre bien les heures sombres que nous vivons, où la lunaire stupidité de nos élites voudrait nous obliger à réclamer un avenir de zombies célébrant notre propre servitude. • Tout ne marche pas comme sur des roulettes.

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Ci-dessous, nous avons ce qui nous attend, – ou ce que nous avons déjà, – ou ce qui se présente comme une possibilité infâme qu’il faut détruire... Au choix ? Oui, si l’on accepte les possibilités de ces choses, aussi improbables et ‘fakennewistes’ qu’elles sont pour nombre d’esprits extrêmement courts, courts jusqu’où le début de l’esprit est déjà sa fin. La bêtise nous menace tous, la flambée du wokenisme nous l’a bien montré.

C’est une perspective qui nous est souvent présentée avec, pour illustration (comme dans le texte dans sa présentation originale), des hommes en troupeaux hallucinés, c’est-à-dire des zombies bien rangées et marchant au pas, comme pour suivre un ordre irrésistible qui a envahi leurs cerveaux en le privant de toute réflexion critique et les conduit vers une éternelle servitude. C’est ce que nous décrit ce texte, d’une façon irréfutable sinon implacable, – où se glissent tout de même, de façon finalement inattendu mais pas vraiment surprenante, des réserves telles que celle-ci :

« Nous sommes tous incapables de nous opposer aux oligarchies transnationales. Nous vivons un nouveau chapitre du mépris des élites pour le peuple. Un mépris marqué par le désespoir, alors qu'une opposition aux politiques européennes, encore sans projet clair, s'organise dans les entrailles des peuples. Les processus de déréalisation échouent face à un quotidien de plus en plus invivable et irrationnel. La réduction des dépenses publiques et la réduction de la population à des consommateurs silencieux de biens et de visions du monde préemballées ne peuvent que conduire à des “surprises électorales”. »

Comment expliquer cette phrase, ce passage, sinon par des contradictions que nous vivons chaque jour : « Nous vivons un nouveau chapitre du mépris des élites pour le peuple. Un mépris marqué par le désespoir... » ; – et pourquoi ce “désespoir”, – qui est celui des élites si l’on lit bien, –   sinon parce  « qu'une opposition aux politiques européennes, encore sans projet clair, s'organise dans les entrailles des peuples » ? Ainsi sommes-nous nous-mêmes enfermés dans une sorte de “désespoir” un peu sollicité, de ne jamais pouvoir nous opposer à ces élites alors qu’elles (“ces « élites”) se désespèrent chaque jour davantage puisqu’elles sentent et ressentent comme une cruelle blessure cette opposition des peuples à leurs projets funestes et absurdes. Quel “désespoir” préférez-vous ? Nous, c’est celui qui dissimule habilement l’espoir...

Leur “désespoir”, c’est que des peuples, réputés stupides et sans âme ni courage, puissent opposer à chacune de leurs manigances une opposition sourde mais de plus en plus implacable. Certes, ce qui a été fait en Roumanie est monstrueux, et partout ressenti comme tel ! Eh bien, voilà donc qu’ils sont obligés de commettre de telles forfaitures pour empêcher, non pas l’élection, mais la possibilité de l’élection d’un candidat dont nul sait ce qu’il saurait et pourrait faire, – sauf qu’il n’est pas assez “antirusse”, selon La Hyène et sa copine Kalas. Et c’est bien le peuple qui l’a mis là où il est, poussant ces méprisantes et désespérées élites à s’agiter dans la forfaiture comme d’autres le font dans d’autres matières.

Qu’on nous comprenne bien : nous aussi, nous ressentons, – sans vraiment en souffrir, –  ce mépris imbécile de ces élites sans âme et qui ont « autant de colonne vertébrale qu’un éclair au chocolat » (Teddy Roosevelt parlant, assez rudement, du président McKinley). Mais nous les méprisons bien plus qu’ils ne nous méprisent et, en, plus, en beaucoup plus, l’imbécilité de ce mépris (le leur) doit nous prêter à rire si nous y songeons avec méthode et nous bouchant le nez à son terme. Alors, vous redites la phrase de Taguieff en songeant qu’aujourd’hui, voyez-vous, et si l’on va là aussi au bout du fond boueux des choses, les « damnés de la terre » dont parlent les élites, ce sont les élites elles-mêmes :

» On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l’histoire, comme le notait Raymond Aron. Mais la bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques, conformistes dans leurs rêves de “radicalité” et fascinées par la violence des supposés “damnés de la terre”, censés avoir “toujours raison”.

Ce texte, superbes quoiqu’on dise en pense de nos réserves qui n’en sont pas vraiment, est du professeur Salvatore Bravo, à ‘girodivite.it’ dans l’original et ‘euro-synergies.hautefirt.com’ pour la version française.

dde.org

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Voici la post-démocratie européenne

Le cas roumain n'est pas un « cas » isolé et le roi (en l'occurrence l'Occident) est de plus en plus nu. Recommençons à penser et à travailler dur pour sauver la démocratie en regardant Toyland en face, c'est le premier pas pour nous sauver de l'abîme...

La Cour constitutionnelle de Roumanie a annulé le premier tour de l'élection présidentielle. Le candidat Călin Georgescu est accusé d'être un pro-russe, car pendant la campagne électorale, il a promis de suspendre l'aide militaire à l'Ukraine. Il s'agit d'une Europe démocratique tenue en laisse par les atlantistes. Nous sommes en démocratie tant que nous élisons des représentants alignés sur les politiques de la ploutocratie transnationale. Le premier fait indiscutable est que la démocratie bourgeoise en Europe est désormais un héritage du passé. Nous sommes désormais dans la post-démocratie, une nouvelle forme de totalitarisme qu'il faut comprendre et définir.

Nous savions que la volonté du peuple ne compte pas. Le peuple n'est qu'un pion dans la lutte entre les oligarchies capitalistes. Les médias et les moyens superstructurels sont utilisés pour manipuler et inoculer l'opium avec lequel on domine les consciences. La transformation des Russes en monstres, avec les peurs et les terreurs qui y sont associées, est un moyen efficace de diviser les peuples, de les fragmenter et de les conduire à l'abattoir.

La Roumanie, dont les voisins sont l'Ukraine et la Russie, semble reproduire, d'une manière différente, ce qu'a vécu l'Ukraine. Annuler les élections pour mettre au pouvoir un candidat pro-OTAN, c'est créer les conditions d'une possible guerre civile et, en même temps, ouvrir potentiellement un nouveau front de guerre pour « expulser les Russes qui sont entrés en Roumanie avec Tiktok ».

Ils ne disent rien du fait que la Roumanie abrite l'une des plus grandes et des plus importantes bases de l'OTAN dans le monde, de sorte que la présence de cette base de l'OTAN ne peut qu'influencer la politique de la Roumanie ; en outre, présenter le peuple roumain comme conditionnable par Tiktok dénote un racisme subtil. Les Roumains doivent être protégés d'eux-mêmes et n'ont donc pas la capacité de résister aux pressions extérieures, c'est pourquoi la loi intervient pour les protéger des probables influences russes. En bref, les Roumains doivent être protégés et mis sous tutelle sous l'aile de l'OTAN, une aile bourrée de missiles.

Nous sommes tous incapables de nous opposer aux oligarchies transnationales. Nous vivons un nouveau chapitre du mépris des élites pour le peuple. Un mépris marqué par le désespoir, alors qu'une opposition aux politiques européennes, encore sans projet clair, s'organise dans les entrailles des peuples. Les processus de déréalisation échouent face à un quotidien de plus en plus invivable et irrationnel. La réduction des dépenses publiques et la réduction de la population à des consommateurs silencieux de biens et de visions du monde préemballées ne peuvent que conduire à des « surprises électorales ».

La répétition d'élections contestées et de coups d'État (comme en Corée du Sud) dénote également une tentative tragique de contrôler des parties de l'empire qui se dirigent désormais vers un dangereux état de guerre perpétuelle, parce qu'il ne veut pas mourir. Nous sommes à un carrefour de l'histoire et nous n'avons pas d'hommes politiques capables de faire face à ce tournant de l'histoire. Les gens sont seuls, c'est un fait. La solitude est la condition émotionnelle des peuples et de cette condition émotionnelle nous devons espérer que renaîtra un sens de la communauté et de l'identité, respectueux de la social-démocratie et de toutes les identités.

Assiéger la Russie par une série de conflits, telle semble être la stratégie atlantiste désespérée, la menace d'ouvrir de nouveaux fronts de guerre devrait amener les Russes à craindre d'épuiser leurs énergies et les conduire à des intentions plus clémentes à l'égard de l'Ukraine.

Il s'agit d'une stratégie visant à encercler la Russie et à affaiblir la capacité critique des peuples européens par le biais de la russophobie. Terroriser pour que nous ne comprenions pas les dynamiques et les contradictions qui secouent la mondialisation, telle semble être l'intention ultime. Dans le même temps, les peuples européens, de moins en moins éduqués et de plus en plus conditionnés par le contrôle incessant des médias, deviennent l'objet d'une opération de manipulation psychologique sans précédent.

La destruction de l'éducation, remplacée par un parcours éducatif sans contenu et sans solidité critique et sociale, prédispose à une acceptation passive des contingences et des besoins historiques. La famille, lieu d'autonomie et de réflexion, a été dissoute au nom des droits individuels illimités. L'aversion culturelle pour toute forme de libre échange social se manifeste dans le démantèlement culturel. C'est un scandale car elle repose, au moins idéalement, sur la gratuité de l'amour et la stabilité.

La précarité des migrants n'est pas secondaire, les individus perpétuellement déracinés à la recherche d'un salaire de subsistance ne peuvent qu'être indifférents aux événements qui affectent leurs communautés nationales.

En toile de fond, des décennies de destruction du sens de la politique par la déconstruction étudiée des personnalités par le truchement de l'hédonisme de masse. Le capitalisme a régné avec l'utopie Toyland qui a transformé les individus en « ânes braillards », selon Collodi, sans pensée et sans langage. La pensée est le langage de la complexité qui permet de dépasser le manichéisme binaire. C'est la force nihiliste du système qui fait tout s'évaporer lentement.

Ce vide est une opportunité pour nous, les subordonnés, malgré le danger apocalyptique du moment historique, de reconstruire la planification politique sur des bases onto-axiologiques. La volonté éthique de chacun peut faire la différence, si chacun devient un « point de lumière optique » dans la nuit du monde. Si nous nous laissons dominer par le désespoir et les attitudes millénaristes, ils ont déjà gagné.

La guerre en cours est avant tout une bataille culturelle à laquelle nous ne devons pas échapper ; chaque contribution est pertinente pour sauver la civilisation de l'abîme. Commençons à penser différemment et travaillons dur pour sauver la démocratie en regardant Toyland en face, c'est le premier pas pour nous sauver de l'abîme :

« Dans ce pays béni, on n'étudie jamais. Il n'y a pas de cours le jeudi, et chaque semaine se compose de six jeudis et d'un dimanche. Imaginons que les vacances d'automne commencent le premier janvier et se terminent le dernier décembre. Voilà un pays tel que je l'aime beaucoup ! Voilà ce que devraient être tous les pays civilisés ! [1].

L'espoir désespéré est préférable à l'acceptation passive qui devient une complicité avec les destructeurs.

Salvatore Bravo


Note: 

[1] C. COLLODI, Les aventures de Pinocchio, in Œuvres, édité par D. Marcheschi, Milan, Mondadori « I Meridiani », 1995, p. 479.