Le destin de l’OTAN est en jeu

L’agence Reuters, par le biais de Defense News, signale les premiers signes très sérieux de reflux de la poussée américano-otanienne de l’élargissement de l’OTAN. (Voir cet article dans “Nos choix commentés.) Des indications précises montrent qu’un sentiment assez général de prudence, voire de repli se fait jour à l’OTAN. Même les Américains semblent se résoudre à cette tendance, ce qui est une marque de plus (après l’affaire de l’Iran) du déclin de leurs capacités d’influence. (Même les manigances des neocons nous semblent bien insuffisantes pour renverser cette tendance. Elles se poursuivront mais sans espoir réel d’aboutir.)

Diverses appréciations sont données pour expliquer cette nouvelle tendance à l’OTAN. De notre point de vue, deux points principaux ont eu un effet direct et indirect poussant à la restriction décisive des poussées offensives de l’OTAN :

• La situation en Ukraine, qui ne cesse de se détériorer, bien au-delà des appréciations restrictives (« … small but noisy anti-NATO protests in the Crimea peninsula this month », dit le texte) qui en sont données. L’Ukraine est en train de devenir une crise grave et l’OTAN (les membres de l’OTAN) ne veut pas entendre parler d’une implication de l’Alliance dans une telle situation.

• La situation en Afghanistan, qui (refrain) ne cesse de se détériorer. Les Britanniques sont dans une posture de plus en plus inquiétante, et les autres contingents de l’OTAN ne font que tenter de contenir les pressions des talibans. L’Afghanistan, depuis quelques mois sous la loi de l’OTAN, est en train de montrer l’inadaptation totale de l’Alliance pour une tâche de cette sorte, surtout avec les USA qui “jouent perso” et contrecarrent par leur maladresse et leur arrogance systématiques tout effort de stabilisation.

La traduction de ces blocages est le freinage, voire l’abandon éventuel de l’évolution historique d’élargissement entreprise en 1994 durant la campagne électorale du mid-term aux USA. (Les grands politologues sérieux feraient bien de se souvenir que l’idée de l’élargissement [ la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie d’alors] fut lancée par Clinton et le parti démocrate pour séduire l’électorat d’origine polonaise de la région de Chicago qui venait de perdre son représentant principal, le député Ropolewski condamné pour corruption. C’est ainsi que naissent les grands mouvements de l’histoire.)

Au-delà, et compte tenu de la représentation médiatique que l’on fait de toutes ces choses, l’actuel blocage en cours pourrait se révéler comme une défaite cuisante pour l’OTAN. L’Organisation, privée de toute substance, ne peut survivre sérieusement qu’en affirmant l’extension de ses apparences. C’est son destin qui est en jeu.

Mis en ligne le 4 juillet 2006 à 11H54