Le devoir de vacance du Giuliani, par le professeur Ron Paul

Ron Paul, l’étonnant candidat à la désignation républicaine pour les présidentielles de 2008, continue à faire parler de lui. Il riposte d’une façon spirituelle aux commentaires effarés de l’ancien maire de New York Giuliani après ses déclarations sur l’attaque du 11 septembre 2007. Il lui donne un “devoir de lecture” pour cet été, pour l’aider à comprendre la politique extérieure des USA.

Les quatre livres que devra lire le brave Giuliani : le rapport de la Commission officielle sur l’attaque du 11 septembre, Dying to Win de Robert Pace, Blowback de Chalmers Johnson et Imperial Hubris de Michael Scheuer. (Evidemment, trois excellentes analyses peu suspectes de sympathie pour la politique expansionniste US, — avec, en plus, l’ironie de la recommandation de lire le rapport de la Commission.)

CBS a consacré un sujet à cette intervention de Paul, le 24 mai au cours d’une conférence au National Press Club de Washington.

«Rudy Giuliani led New York City through the tragic events of Sept. 11, but one of his rivals for the Republican presidential nomination suggested Thursday the former mayor needs a foreign policy education, even going so far as to come up with a book list.

»Among the books Texas Rep. Ron Paul said Giuliani should read, believe it or not, the “9-11 Commission Report.”

»“I'm giving Mr. Giuliani a reading assignment,” he said Thursday at the National Press Club. “This is what I expect him to read before the next debate.”

»He's calling for Giuliani to read a total of four books, including “Dying To Win,” “Blowback” and “Imperial Hubris.” In addition, Paul said his campaign chairman said he would be happy to send Giuliani “Cliff's Notes,” in case he is “too busy giving hundred-thousand-dollar speeches on national security.”»

Bien entendu, le bureau de Giuliani a répondu, éructant d’indignation, plein de mots tels que “absurde”, “choquant”, etc., et par conséquent ajoutant l’excès au ridicule : «The response from Team Giuliani was swift. “Mayor Giuliani said it best,” said a spokesman. “It is extraordinary and reckless to claim that the United States invited the attacks on Sept. 11. And to further declare Rudy Giuliani needs to be educated on Sept. 11 when millions of people around the world saw him dealing with the terrorist attacks firsthand is just absurd.”»

Ron Paul est habile, en plus de présenter une cause politique avec un grand courage dans ce monde politique américaniste gangrené par une paralysie conformiste de l’esprit à un degré jamais vu. Il joue sur l’humour, sur la dérision, prenant avec ironie les réactions pleines d’enflure et d’une solennité grossière de Giuliani. Ce faisant, il attire l’attention des grands médias qui, au départ, l’avaient ignoré (sauf CNN) dans leur grande majorité par alignement conformiste courant. Le sujet développé par CBS, mais aussi le succès de la conférence de presse de Paul témoignent de l’efficacité de la tactique. Les réactions du camp giulianesque ne font qu’ajouter au processus.

Il est vrai qu’en tenant le système par la barbichette comme le fait Ron Paul, en défendant avec conviction une cause évidente, en moquant les grossières boursouflures de fonctionnement du susdit système et de ses serviteurs, on finit par mettre les rieurs de son côté et par devenir une attraction pour les médias MSM alliés au système. On devient un objet spectaculaire, attrait auquel les médias ne résistent pas. Finalement, les médias parlent de vous. Le tranquille et habile Ron Paul semble avoir compris cette tactique classique et évidente de l’“entrisme”.

Mis en ligne le 27 mai 2007 à 12H56