Le dilemme du libéralisme

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La Commission européenne s’est emparée de la crise climatique pour en faire une de ses plus importantes “causes célèbres”. Aujourd’hui, la Commission est en tête de la bataille contre le réchauffement climatique. Le Commissaire européen à l’Industrie, Guenter Verheugen, s’élève contre ce qu’il nomme “une hystérie”, en mettant en évidence la contradiction substantielle au cœur de la Commission européenne et de l’Europe institutionnelle qui se sont engagées également sur la voie d’un libéralisme sans la moindre nuance, — contradiction entre les exigences de ce libéralisme et les exigences de la lutte contre le réchauffement climatique.

Verheugen est nettement du côté des critiques de l’effort maximal contre la crise climatique. On n’est certainement pas obligé de soutenir sa position mais on doit admettre que son appréciation critique est justifiée. Il est difficile d’être à la fois ultra-libéral et complètement engagé dans la lutte contre la crise climatique. C’est une position bien différente de celle d’un Barroso, qui reste ultra-libéral, qui l’est même plus que jamais, en même temps qu’il s’engage à fond dans la lutte contre la crise climatique.

Quelques observations sur l’intervention de Verheugen, dans EUObserver du 5 mars :

«EU industry commissioner Guenter Verheugen has warned against hysteria in the climate change debate as the bloc considers setting stringent new caps for greenhouse gas emissions at a summit later this week.

»Sounding a dissonant note amid calls to make the EU a global leader in emissions cutting over the coming decade, Mr Verheugen told Germany's Bild am Sonntag that while climate change ought to be fought on all fronts, the EU “should not descend into hysterical action.”

»The German commissioner also went on to speak about “strange trends” in public debate saying “two years ago, it was all ‘jobs, jobs, jobs’ now it's ‘climate, climate, climate.’”

»He reiterated his fear — expressed most recently at EU plans to get the car industry to make cars that pollute less — that by trying to raise the environment bar within the EU, the bloc risks losing out on competitiveness to other, less green, regions in the world.

»“Our most important task will be to make sure that the US, China, India and Russia are just as engaged in climate protection as we are.”

»Mr Verheugen's words capture the current political struggle within the EU on how to reconcile being green with being competitive.»

L’intérêt de l’intervention de Verheugen est qu’elle souligne parfaitement l’enjeu majeur de la crise climatique. Si l’on admet la très grande majorité des études scientifiques et des positions officielles, l’activité humaine au niveau économique, industriel, etc., — tout ce qui caractérise le Progrès aujourd’hui, — est responsable de l’accélération du changement climatique. En même temps, toutes ces autorités engagées dans la lutte contre la crise climatique soutiennent les activités économiques dans le cadre du libéralisme, qui sont la cause de la crise. Comment réconcilier ces deux engagements ? Verheugen a choisi l’économie, et éventuellement tant pis pour le climat. Barroso et beaucoup d’autres ont choisi les deux : développement accéléré et lutte accélérée contre la crise climatique. Il est difficile de déterminer de quel côté est la cohérence, la vision de l’avenir, la conscience des intérêts de l’espèce, la logique de la civilisation. Au moins, cela permet d’éviter un jugement implicite sur le libéralisme et la philosophie de développement de notre civilisation.

Tout cela n’est pas simple. Nous compatissons.


Mis en ligne le 6 mars 2007 à 04H39