Le droit à l'existence (pour un État)

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Le droit à l'existence (pour un État)

La riposte a fusé, pulvérisant les effets de l’accusation.

Aussi vive que l’explosion qui a calciné l’autobus en Bulgarie.

Le feu croisé a pour l’instant tari l’émission vers les medias occidentaux de l’attribution aux agents tour à tour de l’Iran, du Hezbollah voire du Hamas de l’assassinat ciblé des touristes israéliens.

Ce 18 juillet 2012 devait être l’écho du 5 septembre 1972.

Quel plus bel anniversaire pour la prise d’otages des athlètes de l’entité sioniste aux Jeux Olympiques à Munich que ce rappel macabre à la veille des actuelles compétitions sportives organisées à Londres, temple mondial de la finance, quand les antiques jeux de stade se célébraient autour du colossal sanctuaire grec dédié à Zeus ?

À Munich, les Palestiniens voulaient faire savoir au monde que la Palestine n’était que provisoirement enfouie sous Israël. La réaction inadaptée d’un gouvernement allemand surpris et pressé de poursuivre les festivités les avait présentés sur une scène occidentale déjà crispée par les mouvements révolutionnaires étudiants adeptes de guérilla urbaine en héros sanguinaires.

L’attentat et ses morts tragiques de 2012 ont disparu des prompteurs et des salles de rédaction.

La presse officielle iranienne a désigné les services israéliens comme ses véritables auteurs.

Cette version n’a pas suscité une indignation universelle à la hauteur de l’innocence présumée et réputée essentielle de l’État ethnique et militaire. Le 9 septembre 1949, la synagogue de Bagdad fut dynamitée par les bons soins des terroristes de l’Irgoun et du Stern versés dans les forces spéciales du Mossad avec le bénéfice attendu et obtenu d’un exode massif des Juifs irakiens vers la nouvelle colonie occidentale dans l’Orient arabe. Les anciennes bourgeoisies juives intellectuelles d’Irak et d’Égypte émigrée remercient encore Yitzhak Shamir et ses assassinats sous faux drapeau car il a fait d’eux le sous-prolétariat cantonnées sous des tentes puis des cités dortoirs ouvrières. Elles savent et ne démentiront pas les assertions iraniennes.

En juillet 2012, l’Union Européenne annonce qu’elle va signer de façon imminente le lancement d’une soixantaine d’accords de coopération avec Israël, dans des domaines aussi variés que les transports, l’énergie, l’aérospatial et le renseignement à l’échelle européenne. Le bénéfice est assuré. Cette accumulation de succès d’épiciers besogneux confère à l’artefact sioniste une sensation d’ébriété et de toute puissance. L’ivresse estompe les contours de la réalité et lui prête les traits qui l’avantagent. Ni le Hezbollah ni l’Iran ne sont des acteurs irrationnels, l’opération du bus bulgare ne porte en aucun cas leur signature.

Transfert de technologies gratuit depuis les centres européens de recherche, et introduction d’un intrus au sein d’Europol. Ainsi se poursuivra la miraculeuse science israélienne largement élaborée depuis les universités occidentales. Le mode de participation israélien à l’Office européen de police peut rendre l’activité d’espionnage désuète dans ces contrées. Des agences comme l’ADL ou le CRIF sont déjà des gouvernements bis, le Parlement juif européen inauguré à Bruxelles en février 2012 a été institué pour doubler efficacement le Parlement européen tout court.

Comme au jeu de Go, œil après œil, dunum après dunum le principe colonisateur sioniste grignote et avale la Palestine. Il intègre dans le même temps des institutions politiques supranationales qui ont déjà liquidé les souverainetés des pays qui les constituent.

Le Mormon et le Wasp à peau noire et peut-être catholique, candidats tous deux à la Présidence de l’Union fédérale des États d’Amérique du Nord, et donc à la chefferie de cet ordre mondial qui languit de ne pas disparaître, font tous deux assaut de séduction avec danse du ventre (1) inutile et obscène devant leur appendice israélien. Mitt promet Jérusalem comme capitale et son absolution en cas d’attaque unilatérale de l’Iran. Hussein Barack a déjà tant donné. Il a garanti l’impunité de Wall Street et du faisant fonction de Dieu dans l’économie mondiale ainsi que la pérennisation du flux des armes et des milliards de dollars fournis sans conditionnalités. Obama redoute une poussée d’accès paranoïde sioniste avec un raid d’Israël contre des installations iraniennes. Il voudrait empêcher ou du moins retarder et concilier à son calendrier électoral l’usage des systèmes d’armement adaptés à des opérations contre des cibles souterraines à longue distance qu’il lui offerts en mars 2012. La multiplication de la surveillance des faits et gestes de l’armée sioniste par la CIA n’est pas (volontairement ?) discrète, elle agace à Tel Aviv.

Par un effet morphologique, le cheminement sur la face de la bande de Moebius mène de l’Iran à la Syrie.

La réplique antiaérienne peut être foudroyante, comme l’a montré la destruction de l’avion turc le 24 juin 2012. Paradoxalement, la Syrie en proie à la guerre menée contre elles par les forces atlantistes financées par les émirs du Conseil de coopération du Golfe et augmentées des ressources humaines du Maroc aura perdu la timidité dont elle a fait montre en septembre 2007 et se jettera sans réserve dans la bataille.

Depuis au moins 2007 est ouvertement posée la question du recours à une déflagration avec feux d’artifices, champignons, les chapelets crachés du ventre de grands avions furtifs, le Grand Jeu pour résorber ce qui ne peut plus être dissimulé sous une comptabilité très inventive. La dépression économique des US(a) contenue par la fabrication de papier monnaie emprunte hardiment la voie de la récession. Le Pentagone vient d’adresser son complément au Quadriennal Roles and Missions Review aux commissions du Congrès et du Sénat concernées par les forces armées. La réduction du budget alloué au Département de la Défense est interprétée par ses rédacteurs comme l’obligation de s’appuyer sur les forces stratégiques des pays alliés, ce qui a déjà été tenté en Afghanistan et appliqué largement en Libye.

À son tour, le régime de Tel Aviv se déclare en déficit excessif et envisage de faire adopter des coupes budgétaires qui affecteront la Défense et les salaires des fonctionnaires. Les immolations par le feu se succèdent en Israël et se banalisent comme forme de protestation sociale.

L’un des organes de la domination sécrétés par les US(a), la Banque Mondiale vient d’édicter une nouvelle axiomatique délimitant le droit à l’existence des États. L’économie palestinienne est trop faible pour permettre la fondation de l’État de Palestine. Certes, le blocus, les check points, la gestion de l’occupation par l’emprisonnement des forces vives palestiniennes, le non accès à l’eau potable, les restrictions sur le foncier, le vol permanent des terres, la corruption d’une classe de négociateurs avec l’occupant ont étouffé progressivement et efficacement toute activité économique qui soit non tributaire des aides internationales.

Ces caractéristiques sont un effet direct de la colonisation.

La Banque Mondiale avait financé il y a quelques années les routes dites de contournement bien lisses et bitumées qui ont été l’occasion de confiscations de terres palestiniennes. Des routes que ne peuvent emprunter les Palestiniens et qui joignent pour l’usage des colons en Cisjordanie de gros blocs de colonies illégales.

Si l’on admet cette règle qui invalide le droit à l’existence pour motif de pauvreté, l’eugénisme appliqué aux États va conduire bientôt à la disparition formelle de la Grèce, puis de l’Espagne et de l’Italie après la perte de leur souveraineté et leur mise sous protectorat au profit de commissaires européens anciens collaborateurs de Goldman Sachs.

Badia Benjelloun

Note

(1) Plus de 3000 ans avant l’ère chrétienne, les prêtresses du temple dédiée à la divinité mésopotamienne féminine Innana, Ishtar à Babylone, exécutaient des danses rituelles lascives au décours desquelles elles pouvaient s’accoupler avec un orant, pratique qui avait la valeur symbolique d’acte sexuel accompli avec la déesse censé assurer fertilité et abondance. L’une des plus anciennes monnaies trouvées au monde est le shekel mésopotamien retrouvé dans ces temples de la fécondité. Le jeton attestait que la redevance en blé a bien été versée au temple et l’échange sexuel pouvait avoir lieu.