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812On a vu par ailleurs, dans notre rubrique Faits & Commentaires de ce jour, la référence faite à l’article du Wall Street Journal du 16 août, et les commentaires qui l’accompagnent. Il s’agit d’un article annonçant une poussée massive pour une augmentation des dépenses d’armement US pour le domaine de la guerre conventionnelle de haut niveau. Le cas du F-22 Raptor est cité principalement par l’article.
Nous reprenons quelques citations de l’article concernant spécifiquement le F-22.
«Russia's attack on Georgia has become an unexpected source of support for big U.S. weapons programs, including flashy fighter jets and high-tech destroyers, that have had to battle for funding this year because they appear obsolete for today's conflicts with insurgent opponents.
»Defense Secretary Robert Gates has spent much of the year attempting to rein in some of the military's most expensive and ambitious weapons systems – like the $143 million F-22 Raptor jet – because he thinks they are unsuitable for the lightly armed and hard-to-find militias, warlords and terrorist groups the U.S. faces in Iraq and Afghanistan. He has been opposed by an array of political interests and defense companies that want to preserve these multibillion-dollar programs and the jobs they create. (…)
»Mr. Gates's approach was recently codified in a Defense Department strategy document emphasizing a balance between developing capabilities to carry out unconventional warfare missions while fielding forces capable of handily defeating adversaries like Russia's or China's militaries.
»It rankles Michael Dunn, president and chief executive of the Air Force Association, who said that Mr. Gates's “Next-War-itis” criticism can be countered with the argument that his strategy's focus on fighting insurgents at the expense of another big military is “This-War-itis.”
»Mr. Dunn, a retired Air Force lieutenant general, said that if U.S. F-16 and F-18 fighters were carrying out combat missions over Georgia, they would be in grave danger from highly advanced Russian surface-to-air missiles on the border that a newer plane like the F-22 can evade. “The debate has got to shift as a result of this war,” said Mr. Dunn.
Si l’on considère l’ampleur médiatique quasi-hystérique de la réaction qui s’est développée aux USA contre la Russie, c’est-à-dire le pays qui justifie par excellence des investissements dans des systèmes de guerre conventionnelle de haut niveau, on voit mal comment les adversaires de cette tendance (Gates en premier) pourraient résister. Cette hystérie nouvelle est en train de devenir très vite le fondement de la “politique” US, et le Pentagone et ses acolytes sont particulièrement habiles pour profiter d’une telle conjoncture.
Pour le cas du F-22, l’avenir s’éclaircit. Au reste, l’affaire était déjà bien engagée (avant la crise géorgienne). Comme le note le WSJ: «Just before Congress recessed, Mr. Murtha's subcommittee said it would fund an additional $523 million toward the purchase of 20 more F-22 fighters beyond what the White House asked for.» Dans le nouveau climat, il est assuré que le Congrès imposera cet argent supplémentaire, que vingt F-22 de plus seront produits et que ce n’est qu’un début. La bataille en forme d'un bureaucratique “combat de chiens” (“dogfight”) qui s’amorçait entre le F-22 et le F-35, et où le F-22 ne partait pas favori, a toutes les chances de se transformer fondamentalement. Le F-22 se retrouve dans une position beaucoup plus confortable “face au” JSF.
Par ailleurs, on pourrait penser plus simplement que les deux avions sortiront vainqueurs, puisque le JSF est lui aussi un avion destiné en partie aux conflits conventionnels et que l’heure est à la relance des investissements dans les programmes d’armement. Mais on ne peut oublier l’état budgétaire déplorable du gouvernement fédéral. Ce facteur continuera à peser sur les dépenses du Pentagone, et il pèsera de plus en plus. Il est probable que la mobilisation annoncée par le WSJ donnera surtout des fruits à court terme et que très vite les réalités budgétaires pèseront à nouveau de tout leur poids. Dans ce cas, c’est le F-22, qui n’a besoin que de commandes supplémentaires immédiates (comme l’annonce Murtha) qui est gagnant tandis que le JSF, qui est encore tributaire d’un long développement, devra très vite affronter de nouvelles tensions au niveau du financement.
Mis en ligne le 19 août 2008 à 11H32