Le fardeau de la Paix, BHO!

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Aujourd’hui, le site-vedette de la gauche US bien-pensante qui s’autorise parfois quelques fronde agacées à l’encontre de son champion, garda comme titre central de sa page : « PEACE PRIZE? White House Quietly Authorized 13,000 More Troops For Afghan War» Le titre renvoyait à cet article du Washington Post du 13 octobre 2009 qui nous annonce que, sans rien nous annoncer, BHO a permis aux forces US en Afghanistan de se renforcer subrepticement, ces derniers mois, de 13.000 hommes. (Bien entendu, on trouve dans ces “renforts”, pour une bonne part, l’habituelle cohorte de la logistique, du soutien, etc., qui signifie que le Pentagone ne peut concevoir que, pour un combattant, on n'ait pas 6 ou 7 hommes en soutien logistique de ce courageux guerrier.) Bref, l’effet n’est pas des meilleurs: l’homme accepte le Prix Nobel de la Paix alors qu’il sait – ou qu’on espère qu’il sait qu’il a déjà autorisé un renforcement de la guerre en Afghanistan, subreptice et sans doute ignoré de ces messieurs du Nobel, avant même que ces mêmes Nobel lui balancent les lauriers du faiseur de paix. (A moins qu’il n’ait rien autorisé du tout, après tout.)

Sur un autre site, également de gauche mais qui prend souvent moins de gants pour dire son fait à Obama, Truthdig.org, un article de E.J. Dionne est mis en ligne, en date du 11 octobre 2009, où le célèbre commentateur se permet de suggérer à Barack Obama, avec mesure mais fermeté, que le Prix lui fait obligation de s’occuper des pauvres de l’Amérique. Drôle d’idée, E.J. Dionne – mais soit, écoutons-le, qui nous explique comment le Prix Nobel finit par attirer à Obama la vindicte des Américains et, d’une certaine façon, contribue bien plus à lui lier les mains qu’à propulser encore plus haut sa popularité:

«It is a sign of our weird political moment that the award of the Nobel Peace Prize to President Obama will probably hurt him among some of his fellow citizens. His opponents are describing the award as premature. The deeper problem is that the Nobel will underscore the extent to which Obama is a cosmopolitan figure, much loved in European capitals because he is the change they have been looking for.

»Most Americans will probably be happy to have a leader who wins acclaim around the globe. But, paradoxically, a decision made in Oslo to honor Obama’s peaceable intentions may make it more difficult for him to reconcile a body politic roiled by years of cultural warfare, partisan animosity and ideological extremism.»

Puis, E.J. Dionne parle de la colère qui parcourt bien des quartiers et des terres défavorisés des villes et des campagnes US, et il admet certes qu’une partie de cette colère est nourrie par ce racisme si peu recommandable, si détestable, si violemment et justement dénoncé par tant de hauts esprits du temps. Mais quoi, il n’y a pas que cela.

«Obama can’t do much about those against him because of his race. Even a 1 percent unemployment rate wouldn’t change the minds most scarred by prejudice. But there is a second level of angry opposition to which Obama needs to pay more attention. It involves the genuine rage of those who felt displaced in our economy even before the great recession, and are now hurting even more.

»These Americans are sometimes written off as “angry white men.” In analyzing anti-Obama feeling, commentators have taken to rummaging around the work of historian Richard Hofstadter during the 1950s and ’60s, focusing on his theory that “status anxiety” helps explain the rise of movements on the far right. The idea is that extremism takes hold in groups that feel their “status” is threatened by new groups on the rise in society.

»The problem with the status anxiety theory is that it focuses on feelings and psychology, thus easily crossing into condescension. It implies that the victims of status anxiety should be doing a better job of accepting their new situations and downplays the idea that they might have something real to be angry about ? In fact, many who now feel rage have legitimate reasons for it, even if neither Obama nor big government is the real culprit. September’s unemployment numbers told the story in broad terms: Among men 20 and over, unemployment was 10.3 percent; among women, the rate was 7.8 percent.»

Ainsi E.J. Dionne en vient-il à conclure en revenant au Prix Nobel qui, désormais, figurera en première place pour argumenter en faveur de tout ce que ne fait pas Obama, en s’appuyant sur une sorte d’étrange légitimité qui prétendait embrasser le contraire, c’est-à-dire la grandeur supposée de son action: «What he can do—and perhaps then deserve the domestic equivalent of a peace prize—is reach out to the angry white men through policies that address their grievances, and do so with an understanding that what matters to them is not status but simply a chance to make a decent living again.»

Ainsi en est-il bien selon ce que nous envisagions le 12 octobre 2009: en voulant l’inciter à poursuivre en actes ce qu’il nous annonce en paroles, donc en croyant le renforcer pour mieux le supplier de faire renaître notre American Dream, les Nobel ont emprisonné Obama dans des exigences qu’il ne pourra pas rencontrer, à moins d’une révolte, d’un coup de force, à-la-Gorbatchev – qui assurerait par ailleurs, collateral dommage, la fin du système de l’américanisme et de l’American Dream. Mais cette sorte de révolte ne s’improvise pas ni ne se prépare, elle se fait, tout simplement, comme le montra Gorbatchev – et c’est après qu’on a le Prix Nobel. Il est malheureusement de moins en moins évident que cette sorte d'action décidée et hors-norme soit la tasse de thé, ou Tea Party, de Barack Obama.


Mis en ligne le 13 octobre 2009 à 15H26

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