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5963Le capitaine de Vaisseau Crozier a été victime de l’idéologie du “Big Stick” (“gros bâton”), selon le surnom du porte-avions USS Theodore Roosevelt, qu’il commandait (passé nécessaire) et la parole fameuse du président (TR) dont le porte-avions porte le nom : « Parlez doucement avec un gros bâton à la main ; vous irez loin ». Crozier a été suspendu de ses fonctions à la suite de son intervention “humanitaire” (dans le vrai sens du terme, pas dans celui des ONG-Soros) en faveur des marins du grand porte-avions d’attaque réfugié à la base de Guam pour cause de Covid-19. WSWS.org interprète cette décision de cette façon qui nous semble absolument correcte :
« Dans une déclaration claire selon laquelle sauver des vies dans la pandémie de COVID-19 ne peut pas être autorisé à interférer avec les objectifs de guerre de l'impérialisme américain, la marine américaine a licencié le commandant du porte-avions Theodore Roosevelt qui avait mis en garde contre la propagation de la maladie.
» Le capitaine de vaisseau de l’US Navy Brett Crozier a été licencié jeudi deux jours seulement après avoir envoyé une lettre demandant à ses supérieurs de prendre des mesures d'urgence pour permettre à l'équipage de l’USS Theodore Roosevelt, qui souffre d'une grave épidémie de COVID-19, de débarquer.
» “Nous ne sommes pas en guerre. Les marins n'ont pas besoin de mourir. Si nous n'agissons pas maintenant, nous ne parvenons pas à prendre soin de notre atout le plus précieux: nos marins”, écrivaitt Crozier dans la lettre.
» Le secrétaire par intérim de la Marine, Thomas Modly, a été clair sur le message qu'il envoyait. Se référant simultanément au navire par son surnom, “le gros bâton” et en utilisant le terme pour se référer euphémiquement au pouvoir de l'impérialisme américain, Modly a déclaré : “La nation doit savoir que le gros bâton est intrépide et imparable… nos adversaires doivent savoir cela aussi. Ils respectent et ils ont peur du gros bâton et ils font bien. Nous ne laisserons rien diminuer de ce respect et de cette peur.”
» Il a poursuivi : “Nous ne sommes pas en guerre selon les conceptions traditionnelles mais nous ne sommes pas non plus en paix. »
Dans le développement de cette affaire, il y a d’autre part la question plus large, et plus intéressante par son aspect social et politique, de l’effet qu’a produit cette lettre, – et sa publication publique, certes et bien entendu... La position officielle (par le ministre de la Marine par intérim Modly) est que cette lettre a inutilement causé la panique, ce qui implique un grave manque de jugement de Crozier. Ce n’est pas un avis répandu mais plutôt une couverture officielle renvoyant à la rigidité complète de la direction du Pentagone.
« Mardi, le président américain Donald Trump a clairement fait connaître sa position sur la situation du USS Theodore Roosevelt. Il s’est montré sans sympathie ni inquiétude, disant simplement qu'il “laisserait les militaires prendre leur décision”.
» Modly a dénoncé la lettre par Crozier comme un “manque de jugement inhabituel” qui a créé une “panique”. Modly a poursuivi : “Et c’est ce qui est frustrant à ce sujet, cela a créé la perception que la Marine ne fait pas son travail et que le gouvernement ne fait pas son travail.”
» David Lapan, colonel à la retraite du Corps des Marines et ancien porte-parole du Comité des chefs d'état-major interarmées, a précisé qu’il ne pensait en aucune façon que la lettre de Crozier avait créé plus de panique que ce qui existait déjà. Il a déclaré à DefenseOne : “L’idée que la diffusion de cette lettre a créé la panique parmi les familles est absurde ! Vous ne pensez pas que les familles ne savaient pas déjà ce qui se passait sur ce navire ? Vous ne pensez pas que les marins ne disaient pas déjà à leurs familles ce qui se passait sur le navire ? C'est ridicule ... Il est plus crédible de penser que la lettre a bouleversé les familles en leur laissant à penser que la Navy ne prend pas les bonnes mesures pour protéger leurs proches.” »
Il y a des contradictions et des convergences intéressantes entre ces deux interventions, qui résument assez bien une situation latente, encore secrète, qui pourrait se développer et mettre en cause les capacités de combat des USA.
• Lapan a raison de ridiculiser la critique de Modly selon laquelle la lettre de Crozier allait causer la panique. La panique, explique Lapan, existe déjà chez les familles des marins, qui connaissent la situation de leurs proches à bord du porte-avions ; mais elle existe aussi et d’ores et déjà chez les chefs du Pentagone et dans les commandements suprêmes, tant cette affaire du USS Theodore Roosevelt est embarrassante en ce qu’elle jette une ombre dangereuse sur les capacités de combat des USA.
• Actuellement, il y a officiellement 1 638 cas de Covid dans les forces armées et assimilées, selon le Pentagone, mais ce chiffre est largement contesté. Diverses indications laissent à penser qu’il y a beaucoup plus de personnes atteintes et que cette évolution inquiète de plus en plus la direction (le Perntagone). Officiellement, il y a seulement le “TR” qui doit modifier son statut opérationnel, et donc le seul navire en opération touché par la pandémie. Par contre, des sources officieuses parlent de cinq navires de la Navy (dont le “T.R.”), qui sont actuellement touchés par la pandémie et dont le degré d’opérationnalité doit être supposé comme douteux ; et la prospective est bien entendu que des cas de cette sorte se multiplient, à partir des multiples déplacements courants des forces navales US de ces dernières semaines. (Avec l’incident du USS Theodore Roosevelt., des mesures ont été annoncées, et notamment les escales dans des ports étrangers ont été annulées, mais l’on parle ici des déplacements et escales avant que ces mesures soient prises.)
• D’ailleurs, Modly affirme également, dans son intervention, qu’il est absurde de parler de l’abandon de la posture opérationnelle active du “TR”, même si son équipage était réduit à 1 000 hommes, que le porte-avions continuerait à constituer une unité apte à des interventions armées dévastatrices. Ces affirmations ridicules dans leurs détails dénotent effectivement cette crainte (cette panique) que la puissance US apparaisse gravement handicapée par Covid-19.
• Il nous semblerait alors que la panique dont parle Modly, et dont Lapan dit qu’elle existe déjà dans les familles des marins du porte-avions, caractérise en vérité principalement la posture des directions civiles et militaires du Pentagone, quant à la validité du dispositif général des forces US déployées dans le monde. Il nous semblerait également que le Pentagone gère aussi mal la pandémie pour ses forces, que le gouvernement Trump pour la population, puisque sa principale préoccupation est du type relations publiques (toujours donner l’apparence de la puissance qui n’est en rien diminuée par la pandémie), et nullement concernant la santé et la sécurité des soldats et des marins. Ainsi peut-on voir, au travers de ces différentes interventions dans cette affaire très médiatisée du USS Theodore Roosevelt, que la principale préoccupation de Modly a été d’affirmer qu’en tout état de cause le porte-avions restait absolument opérationnel, et sa dernière intervention pour justifier la sanction contre Crozier également, et selon une posture rhétorique ridicule si l’on juge de la situation réelle de cette unité. (« La nation doit savoir que le gros bâton est intrépide et imparable… nos adversaires doivent savoir cela aussi. Ils respectent et ils ont peur du gros bâton et ils font bien. Nous ne laisserons rien diminuer de ce respect et de cette peur. »)
• Ces divers facteurs, qui sont particulièrement mis en évidence par l’affaire du USS Theodore Roosevelt, et la sanction contre son commandant, font craindre une évolution extrêmement compliquée pour les forces armées US qui sont déployées partout dans le monde, parfois selon des structures très tendues et sans moyens sérieux, ni de prévention, ni de traitement de la pandémie. Il y a là la possibilité de la mise en marche d’un mécanisme de retrait selon des obligations sanitaires, qui constituerait un très fort affaiblissement de l’image déjà extrêmement écornée de la puissance militaire US. On comprend que le simulacre de l’affirmation d’un “complot chinois” contre la puissance US soit sollicité pour l’argumentation en interne, et pour le ralliement des alliés autour de la bannière étoilée.
• Tout cela fait énormément raccommodage de bric et de broc, ou bien l’aveuglement d’une voie d’eau pendant qu’une autre se déclare à côté. “Softly, as I Decline Swiftly”, disait un dicton goguenard paraphrasant une chanson, des troupes US, lors des troubles internes aux forces armées US au Vietnam, en 1969-1972...
Mis en ligne le 3 avril 2020 à 16H45
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