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2360Comme disent “les économistes” et selon une idée courante, écrit Tyler Durden en citant un texte de RTBH, dans ZeroHedge, le 16 avril 2014, le statut des USA est en plein processus de dissolution et, par conséquent, la légitimité du FMI est en jeu : «Economists warn the IMF's legitimacy is at stake, and they say U.S. standing abroad is being eroded.» Dans son texte, Durden commence par un commentaire d’introduction sur deux nouvelles : la menace d’une réduction du statut des USA au sein du FMI et l’évolution de l’initiative des BRICS pour la création de leur propre FMI, et de leur propre Banque Mondiale. Dans les deux cas, il s’agit de l’illustration d’une courbe de déclin accéléré du statut de la puissance financière structurelle des USA, via les organismes internationaux qu’ils dominent et manipulent à leur gré.
«The BRICS countries (Brazil, Russia, India, China and South Africa) have made significant progress in setting up structures that would serve as an alternative to the IMF and the World Bank (which are dominated by the U.S. and the EU), according to RBTH. As WSJ reports, the U.S. would lose its veto power on the International Monetary Fund's executive board under a plan being considered by some emerging economies. The countries are fed up with the United States’ failure to ratify a four-year-old deal to restructure the emergency lender. Yet more loss of credibility on the global stage and, as Brazil's FinMin Mantega sums up, “the IMF cannot remain paralyzed and postpone its commitments to reform.”»
Il y a donc l’explication de cet affrontement sans fin au sein du FMI, où les USA bataillent depuis quatre ans pour repousser une réforme structurelle qui les priverait d’une partie de
Le texte de
«The BRICS [...] have made significant progress in setting up structures that would serve as an alternative to the International Monetary Fund and the World Bank, which are dominated by the U.S. and the EU. A currency reserve pool, as a replacement for the IMF, and a BRICS development bank, as a replacement for the World Bank, will begin operating as soon as in 2015, Russian Ambassador at Large Vadim Lukov has said. Brazil has already drafted a charter for the BRICS Development Bank, while Russia is drawing up intergovernmental agreements on setting the bank up, he added.
»In addition, the BRICS countries have already agreed on the amount of authorized capital for the new institutions: $100 billion each. “Talks are under way on the distribution of the initial capital of $50 billion between the partners and on the location for the headquarters of the bank. Each of the BRICS countries has expressed a considerable interest in having the headquarters on its territory,” Lukov said. It is expected that contributions to the currency reserve pool will be as follows: China, $41 billion; Brazil, India, and Russia, $18 billion each; and South Africa, $5 billion. The amount of the contributions reflects the size of the countries' economies.
»By way of comparison, the IMF reserves, which are set by the Special Drawing Rights (SDR), currently stand at 238.4 billion euros, or $369.52 billion dollars. In terms of amounts, the BRICS currency reserve pool is, of course, inferior to the IMF. However, $100 billion should be quite sufficient for five countries, whereas the IMF comprises 188 countries – which may require financial assistance at any time.»
... En effet, si la situation avec tous ses éléments d’intérêt et de puissance est considérée du point de vue de la communication qui influence la perception, et du point de vue psychologique qui transmet cette perception à l’esprit, – ces éléments formant l’essentiel de la dynamique des évolutions structurelles aujourd’hui, dans les domaines politiques comme dans nombre d’autres domaines qui influencent les relations internationales et l’évolution civilisationnelle, – il ne fait pour nous aucun doute que l’hypothèse envisagée plus haut se vérifiera, et que les BRICS mettront en place leur propre binôme en tant qu’alternative de rupture aux structures manipulées par les USA (avec la complicité des autres pays du bloc BAO, certes). A cette aune, le sort du nouveau plan des “émergents” pour réformer le FMI n’a plus guère de l’importance qu’il avait primitivement, – tout comme il n’a guère de chance de réussir dans sa réelle dimension qui est celle d’une redistribution des pouvoirs, devant l’opposition des USA qui nous paraît complètement intraitable, appuyée sur une conception relevant de l’automatisme, qui ne connaît pas le compromis.
Cette appréciation est le propre de l’action suscitée par l’“idéal de puissance” (voir le 9 avril 2014), et alors il n’est même plus seulement question des seuls aspects de la communication et de la psychologie (non plus que de leurs seuls composants politiques et financiers), mais bien de métahistoire. Nous parlons d’un réflexe fondamental de ce qui est un système quasiment autonome à force d’incontrôlabilité pour des psychologies (celle des USA) bloquées elles-mêmes dans leurs conceptions paralysantes par l’hybris ; bref, nous parlons du Système.
Cela fait quasiment six ans (depuis la crise financière de 2008) que l’idée d’une réforme du FMI est devenue pressante, justement à cause de la crise financière, et quatre ans qu’une réforme est effectivement “sur la table”. Les USA ont effectivement bloqué cette réforme, comme ils peuvent le faire dans leur position statutaire de force, selon la seule posture qu’autorise l’idéal de puissance, qui est de ne rien envisager qui ne soit un gain de puissance ou la protection sans aucun compromis possible de la puissance acquise. Ainsi ont-ils provoqué ce mouvement au sein d’un groupe informel (BRIC, puis BRICS quand l’Afrique du Sud a rejoint le groupe) qui n’avait au départ guère d’unité sinon conjoncturelle, et guère d’ambition dépassant cette situation initiale. La résistance inconditionnelle des USA, d’ailleurs arrogante sinon indifférente aux autres situations que la leur, a donc suscité un renforcement naturel de la part des BRICS, comme dans toute autre situation de la sorte, lorsque la revendication s’appuie sur une puissance réelle... Le paradoxe est alors qu’une situation de renforcement de puissance (celle des BRICS) qui semblerait elle-même inspiré par l’idéal de puissance finit par se constituer en une force contestataire de la principale force (celle des USA) inspirée par l’idéal de puissance ; ainsi la production centrale de l’idéal de puissance est-elle contestée par une production annexe de ce même idéal de puissance. (De même, et pour suivre le même cheminement politique, on dira que les BRICS dont le but général est d’entrer dans le Système pour recueillir les fruits de leurs diverses capacités, se heurtent à la résistance de l’hégémonie des USA, ou du bloc BAO, c’est-à-dire des principaux représentants du Système, et finissent par développer des actions puis des politiques qu’on ne peut identifier que comme antiSystème.)
Il nous paraît évident que si les USA avaient développé une position différente, encline au compromis, s’ils avaient accepté la réforme du FMI sans rechigner, les contestataires actuels ne se seraient pas regroupés comme ils l’ont fait et continuent à le faire, et, moins encore, ils n’auraient pas lancé le développement d’une alternative comme ils le font actuellement. Au contraire, un processus d’intégration aurait aurait pou avoir lieu, qui aurait pu se faire harmonieusement, et le Système en général en serait sorti renforcé dans sa cohésion, avec l’absorption des BRICS en tant que tels (constitutifs d'une force nouvelle au sein du FMI). La direction prise est exactement inverse. Bien loin de se poser comme complément du binôme FMI/Banque Mondiale, cette structure développée dans de telles conditions par les BRICS devient naturellement une structure concurrente, là aussi selon la même inspiration de l’idéal de puissance aboutissant à l’opposition à la première création de l’idéal de puissance, – et là aussi, recréant l’antagonisme antiSystème versus Système. On retrouve ainsi, au niveau de l’inspiration substantivée par la raison subvertie par la modernité que représente l’idéal de puissance, la même logique de processus transmutant l’activité de la surpuissance qui a caractérisé le binôme FMI/Banque Mondiale en une situation d’autodestruction affectant tous les acteurs de cette partie, ceux qui sont dans le Système et ceux qui aspirent à y entrer...
Ainsi voyons-nous effectivement, en général, l’entreprise de regroupement des BRICS. Nous n’envisageons pas, selon nos conceptions, que ce groupe se développe pour installer une alternative stable, qui prendrait la place de l’ensemble que forme le bloc BAO, qui stabiliserait le Système, qui ouvrirait disons une “ère nouvelle”. Pour nous, l’initiative des BRICS, quoi qu’en veuillent ses membres, et malgré que leurs intentions soient toujours sensibles à la possibilité de l’arrangement, cette initiative est nécessairement une “alternative de combat”, qui se heurtera, qui se heurte déjà à l’opposition du bloc BAO (du Système), dans ce domaine financier comme dans tous les domaines, y compris géopolitique (voir la Russie dans l’affaire ukrainienne). L’idéal de puissance est cette conception, cette construction intellectuelle faussaire, qui assigne à ceux qui en sont inspirés l’impératif de la victoire pour le seul argument de la victoire comme affirmation de la puissance, aussi bien que l’impératif de ne rien céder de sa puissance lorsqu’on possède une puissance proche de la toute-puissance. Dans la partie qu’illustre la démarche des BRICS, la puissance du bloc BAO, des USA, etc., au cœur du Système, reste suffisamment grande pour susciter des affrontements dont la victime essentielle sera le Système lui-même, – là aussi selon le processus surpuissance-autodestruction. L’avenir des BRICS n’est pas d’annexer à leur avantage le Système et de le transformer à son avantage (à lui, le Système), – c’est-à-dire de le sauver, en fait, – mais tout au contraire, de participer à sa destruction. Ce n’est pas une stratégie, ni un désir de revanche, ni une affirmation de prépondérance, c’est une nécessité métahistorique.
Mis en ligne le 17 avril 2014 à 11H52
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