Le GAO devient-il le “chien de garde” du programme JSF?

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Le Government Accounting Office (Cour des Comptes US) a publié un nouveau rapport sur le JSF, le 21 mai 2009, deux mois seulement après ce qu’on pensait être son “rapport annuel” sur le JSF. Il ne s’agissait donc pas du “rapport annuel” stricto sensu puisqu’il s’avère que les rapports sur le JSF se suivent désormais à une cadence beaucoup accélérée qu'annuelle. Le titre est particulièrement révélateur des préoccupations du GAO: «Strong Risk Management Essential as Program – Enters Most Challenging Phase.»

Nous citons deux textes qui présentent deux aspects du rapport du GAO.

• Un texte de Defense & Aerospace.com du 21 mai 2009 présente divers passages du rapport. Il publie notamment des extraites sélectionnés qui mentionnent divers aspects où le programme enregistre des évolutions préoccupantes.

« – Total development costs are projected to increase between $2.4 billion and $7.4 billion and the schedule for completing system development to be extended from 1 to 3 years, according to estimates made in late 2008—one by the JSF Program Office and one by a joint team of Office of the Secretary of Defense (OSD), Air Force, and Navy officials.

» – The new defense budget just submitted requests for $3.6 billion for fiscal year 2010 JSF development costs. This is about $200 million more than the program office estimated for 2010 and about $700 million less than the joint team’s estimate.

» – The new fiscal year 2010 procurement budget requests funding of $6.8 billion for 30 JSF aircraft, a unit cost of $227 million. This budget is substantially lower than both the program office’s and the joint team’s estimates for 2010, in terms of unit costs and overall procurement funding.

» – The total projected labor hours to manufacture test aircraft increased by 40 percent just in the past year.

» – Performance data for two major cost areas—wing assembly and mate and delivery—indicate even more substantial growth […] As of June 2008, the planned hours for these two major stations increased by about 90 percent over the June 2007 schedule, which itself had shown an increase from the 2006 schedule.

» – In 2009 and early fiscal year 2010, the program plans to begin flight testing 6 development test aircraft, including the first 2 aircraft dedicated to mission system testing. A fully integrated, mission-capable aircraft is not expected to enter flight testing until 2012.»

• Un autre texte, de Eric Palmer, le 23 mai 2009, confronte les résultats du rapport du GAO avec les auditions récentes, au Congrès, de la direction de l’USAF (ministre et chef d’état-major). Le GAO recommande implicitement plus de prudence, plus de minutie, plus de lenteur dans le développement et les tests de l’avion, à cause des risques énormes qui sont liés à ce programme. Le GAO met en évidence l’immaturité du programme à tous les niveaux et dans tous les domaines, et, par conséquent, les risques pris par son développement au stade actuel. La direction de l’USAF annonce au contraire l’accélération du programme, dans son développement vers le stade opérationnel, par conséquent encore des risques supplémentaires.

«The U.S. Government Accounting Office (GAO) has just released another report on the F-35 program. What is interesting is that it pulls the rug out from top leaders of the U.S. military including the heads of the USAF General Schartz and Secretary of the Air Force Michael Donely who state that the U.S. must commit to increasing production of the aircraft, even using the words “accelerate” which given the available evidence is unrealistic. This from the report.

»“The contractor has not yet demonstrated mature manufacturing processes, or an ability to produce at currently planned rates. It has taken steps to improve manufacturing; however, given the manufacturing challenges, DOD’s plan to increase procurement in the near term adds considerable risk and will be difficult to achieve.”

»General Schwartz and Mr. Donely don’t have a shred of proof that the program can increase let alone maintain to the current production plan. If anything, the future holds cost rise and delay. […]

» How many more years and how much more money will this program take? We, as the people that are paying for all this, are told that the program is making excellent progress, that the costs are being contained, that the schedule is doing well. We are not being told the truth. Not only by industry, but by the uniformed leaders and service secretaries of the U.S. Military. It is time for the U.S. Congress to get a handle on this problem before we waste any more billions on this sham, this boondoggle, this lie, this F-35 Joint Strike Fighter program.»

Pas vraiment de surprises dans ce rapport, dirions-nous avec une ironie fatiguée. La dégradation du programme JSF se produit à un rythme qu’on pourrait presque qualifier de “prévu”, tant les avatars semblent être devenus le lot quotidien de la chose. Plus surprenant est ce rapport, en lui-même, si rapproché du précédent. La seule justification qui en est donnée dans la présentation est d’ordre pratique, simplement un rapport qui répond à de nouvelles données et à de nouvelles conditions: «This statement draws from GAO’s March 2009 report, updated to the extent possible with new budget data and a recently revised procurement profile directed by the Secretary of Defense.»

La question et celle qui enchaîne sont intéressantes, – pourquoi un rapport si rapproché, et peut-on estimer que les rapports du GAO sur le JSF vont s’enchaîner à ce rythme, ou, dans tous les cas, au rythme de plusieurs par an? Selon nous, ce serait sans aucun doute une hypothèse à considérer, d'autant que la période est cruciale («Enters Most Challenging Phase», dit le titre). Il est possible que le Congrès, qui se montre en général assez inquiet de l’enthousiasme mis par l’USAF pour “accélérer” le programme, ait demandé une surveillance constante au GAO, avec publication de rapports plusieurs fois l’an, selon les nouvelles appréciations dont cet organisme dispose. Le GAO pourrait devenir le “chien de garde” du JSF, prêt à sonner l’alarme si le programme approchait d’un point de rupture d’une façon ou l’autre. Il ne serait pas étonnant que Gates ne voit pas cette initiative d’un mauvais œil. Il s’agirait en fait de tenter de forcer la muraille jusqu’ici infranchissable que le JSF Program Office (JPO) et Lockheed Martin (LM) ont érigée autour du programme, particulièrement au niveau de l’information.


Mis en ligne le 23 mai 2009 à 15H20