Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
362Stephen Trimble, de FlightGlobal.com (site de Flight International) signale sur son blog, le 8 octobre 2009, une vidéo singulière, montrant une réunion interne à la force aérienne brésilienne, avec un général brésilien attaquant avec violence les pratiques US en matière de transferts de technologies. La chose se serait passée en décembre dernier et serait le fait d’un film vidéo réalisé par une des personnes assistant à la présentation. Trimble précise effectivement: «The two-day-old clip is attributed to a lecture presented last December by Brigadier Engineer Venancio Alvarenga Gomes, the director of projects for Brazil's command-general for aerospace technology, in Sao Jose dos Campos, which also happens to be where Embraer's headquarters is located.»
L’intérêt de la présentation est que le général Gomes présente divers documents d’origine officielle US annonçant des restrictions sur tel ou tel système utilisé par des avions brésiliens, avec des changements de politique US à cet égard, ce qui fait planer une incertitude extraordinaire dans l’emploi d’appareils déjà en service et intégrant des systèmes US. La présentation est évidemment liée au marché en cours, F-X2, avec comme concurrents le Rafale, le Gripen et le Super Hornet.
«A video has surfaced on YouTube showing a senior Brazilian officer expressing deep frustrations with the US government's technology transfer policies for military equipment. Complaints about the US government's technology transfer policies are widespread globally, but this video is remarkable for citing examples in such specific detail, including showing photocopies of US government denial letters. […]
»The video concludes with a graphic showing a red ‘X’ over a picture of a Boeing F/A-18E Super Hornet, which is competing against the Dassault Rafale and the Saab Gripen for Brazil's F-X2 deal. According to Google's translator, the title of the slide says: “USA not technology transfer”. It does not appear that the final slide was included in Gomes' presentation. It may have been added after that event by the YouTube poster.
»Gomes presents a series of case studies to illustrate his frustrations of doing business with the US military. His examples include sudden policy changes by the US Department of State that revoked export licenses for two US-made systems -- Northrop Grumman's LN100G navigation system and a Honeywell navigation system -- that were already in production on Brazilian military aircraft. “Sudden changes in policy of exporting is already generating uncertainty,” Gomes writes on a slide, according to Google translator.»
@PAYANT La diffusion de ce clip vidéo semblant avoir été mis en ligne le 6 octobre, signalé par Trimble et qui semblerait lui avoir été communiqué à cet égard très opportunément, a bien entendu de fortes chances d’être liée au débat en cours pour la sélection d’un nouvel avion de combat brésilien, pour l'influencer dans le sens qu'on imagine. L'hypothèse montre bien qu'il y a des opposants systématiques à un achat de matériel US au sein de la force aérienne.
L’intérêt du document est évidemment de démontrer combien les transferts de technologies venus des USA, souvent promis ou garantis lors de l’achat de systèmes, sont constamment sous la menace d’une volte-face de l’une ou l’autre agence US, de l’un ou l’autre service US. Le général Gomes donne des précisions montrant des changements brutaux d’attitude de la part du département d’Etat, d’autres précisions signalant des interventions, avec refus portant sur telle modification ou emploi de systèmes, venant de l’U.S. Navy, etc. Non seulement la question des transferts de technologies US est le règne de la restriction et du soupçon systématique, mais c’est aussi le règne de l’instabilité, du changement d’humeur, de l’incapacité de prévoir quelle autorité a le mot final sur te ou tel système ou composant.
Outre l’intérêt de placer cette vidéo dans le contexte de la compétition F-X2, ce document montre également que la question de la politique, ou de la “non-politique” des transferts de technologies de la part des USA, devient un problème fondamental du marché des armements pour les forces aériennes, non seulement pour le choix des matériels, mais pour leur fonctionnement opérationnel. (Le général Gomes donne des exemples opérationnels concrets dans ce sens.) La situation ne s’améliore pas, elle s’aggrave dans la mesure où ce sont le désordre et la parcellisation du pouvoir à Washington qui constituent aujourd’hui le facteur dynamique essentiel dans ce domaine. Le Congrès a lancé une fois de plus une initiative pour tenter de réformer le système législatif général régissant les transferts de technologies mais, d’ores et déjà, certaines évaluations montrent qu’il faudrait une à deux années pour identifier toutes les sources d’autorité qui interviennent dans le processus. Lorsque ce travail sera fait et qu’il sera alors envisageable de lancer la réforme en question, les conditions de cette réforme seront dépassées parce que d’autres centres d’autorité auront été mis en place. Le processus de la véritable réforme sera compromis fondamentalement puisque l'analyse préliminaire ne sera plus valable. C’est une situation classique renvoyant à l'image du tonneau des Danaïdes qui laisse à penser que les USA n’exercent plus de contrôle sur leur bureaucratie dans le domaine des transfert de technologies. Cela apparaît de plus en plus comme le principal problème pour les exportations d’armement US, dans la mesure où les marchés tendent à se concentrer dans des accords généraux impliquant cette question mise à un niveau d’importance aussi grande, sinon plus grande, que les capacités du système lui-même.
Mis en ligne le 14 octobre 2009 à 07H57