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422Le Sunday Times publie une nouvelle sur la résolution des commandants militaires de l’OTAN engagés en Afghanistan d’intervenir directement auprès du Pakistan, à cause de l’aide que ce pays apporterait aux talibans. Au départ, les généraux des pays de l’OTAN engagés dans l’opération la plus délicate, dans le Sud du pays, avaient fait savoir publiquement mais informellement leur mécontentement. La chose s’est concrétisée par une initiative du général britannique Richards, commandant actuel de l’ISAF.
Voici notamment ce qu’écrit le Sunday Times :
«Lieutenant-General David Richards will fly to Islamabad tomorrow to try to persuade Pervez Musharraf to rein in his military intelligence service, which Richards believes is training Taliban fighters to attack British troops. He will request that key Taliban leaders living in Pakistan be arrested.
»The evidence compiled by American, Nato and Afghan intelligence includes satellite pictures and videos of training camps for Taliban soldiers and suicide bombers inside Pakistan. (…)
»Musharraf had publicly acknowledged “a Taliban problem on the Pakistan side of the border”, said Richards. “Undoubtedly something has got to happen,” he added.
»“We’ve got to accept that the Pakistan government is not omnipotent and it isn’t easy but it has to be done and we’re working very hard on it. I’m very confident that the Pakistan government’s intent is clear and they will be delivering on it.”»
Passons sur le fond du problème et attachons-nous à la forme. Musharraf revient de Washington où il a rencontré, sous l’égide du président GW Bush, le président afghan Karzaï. Même si elle a été considérablement forcée et n’a pas constitué un triomphe, la rencontre a constitué de facto, une fois de plus, un soutien politique des USA au président Musharraf. D’autres pays agissent dans ce sens, notamment le Royaume-Uni. D’une façon générale, le monde politique occidental soutient Musharraf, éventuellement, pour certains, comme le moindre des maux, dans tous les cas, pour la plupart, parce qu’il n’y a pas d’alternative. (Le Times le dit pudiquement : «Political leaders have been reluctant to put pressure on Musharraf for fear of destabilising a nuclear-armed country in which Islamic fundamentalists are strong.»)
C’est dans ce cadre qu’il faut apprécier l’initiative de Richards, qu’on pourrait considérer comme une sorte d’ultimatum à Musharraf, et qu’on doit considérer comme sans précédent à ce niveau de sensibilité politique. Les militaires prennent une position beaucoup plus dure vis-à-vis de Musharraf ; même si leur démarche doit être considérée comme relevant de considérations opérationnelles, il reste qu’elle est évidemment de type politique. (Cette situation existe également à des niveaux plus élevés, mais non officialisée. Alors que le pouvoir politique US approuve l’accord de Musharraf avec des dirigeants tribaux, le président du Joint Chief of Staff, le général Pace, l’a qualifié dans une rencontre informelle, fin septembre, de “unhealthy”.)
Il s’agit d’un signe de plus de la faiblesse actuelle des pouvoirs politiques occidentaux, surtout anglo-saxons, et de la parcellisation des centres de pouvoir, avec l’acquisition d’une plus grande autonomie selon leurs intérêts.
Mis en ligne le 8 octobre 2006 à 17H14