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903La nouvelle publiée, d’un sondage effectuée chez les dirigeants d’entreprises britanniques, dans The Independent du 17 décembre 2009, nous apparaît psychologiquement très significative. Il s’agit d’une chute très conséquente de l’opinion des dirigeants interrogés sur la possibilité d’une reprise en 2010. (De 49% en novembre confiant dans la reprise, à 36% en décembre.) Pour la première fois depuis le mois de juillet 2009 dans ce sondage mensuel que fait réaliser le quotidien, une majorité de dirigeants d’entreprise (53%) ne voit aucun signe de reprise dans leurs secteurs divers.
«A ComRes survey of 257 business leaders for The Independent found that the proportion detecting "green shoots" in their sector had dropped from 49 per cent in November to 36 per cent this month. For the first time since July, a majority (53 per cent) of businessmen now detect no signs of economic recovery, while 11 per cent are ”don't knows”.
»The findings are a setback for ministers, who are keen to ensure that the return to growth they predicted for the final three months of this year is maintained next year. They are anxious to avoid slipping back into negative growth in the first quarter of 2010 because a general election must be held by June.
»The number of business leaders who saw signs of recovery in their sectors rose from 38 per cent in August to 49 per cent in September but then remained flat before this month's unexpected dip.
»The latest figure will confirm fears that the economy is fragile…
»The ComRes survey, taken in the five days after the Chancellor's PBR last week, found that it did nothing to enhance Mr Darling's reputation with business leaders. The number who have confidence in him has fallen from 25 per cent to 20 per cent since his statement. It was criticised by business organisations for not spelling out how the Government would meet its pledge to halve the £178bn public deficit over four years.»
@PAYANT Certes, il s’agit du Royaume-Uni, et l’on sait dans quelle situation catastrophique se trouve ce pays, notamment au niveau des finances publiques. Pour autant, nous devons considérer la chose comme un signe parmi d’autres, dans d’autres pays, que l’idée de la “reprise” pimentée de “jeunes pousses”, lancée au printemps 2009 comme une agence de pub lance un nouveau produit qui n’existe pas, est très, très sérieusement compromise. La confiance ne se trouve nulle part de façon convaincante, profonde, de celle qui, justement, alimente les mouvements de reprise économique – comprise, en cela, la confiance dans les pouvoirs publics comme soutien de la mythique “reprise”. (Pour l’instant, “la confiance” s’est cantonnée dans les habituels accès d’ivresse plus ou moins hystériques des bourses devant le traitement royal fait aux banques.) Chez les chefs d’entreprise, cette situation est particulièrement significative puisque ce sont eux qui investissent, embauchent, font redémarrer l’économie dans les normes traditionnelles du système qui nous domine. Sans la confiance, on imagine ce qu’il en est.
La “réparation” de la crise systémique du 15 septembre 2008 a été faite par des plombiers laborieux, privés de toute imagination, ayant recours aux habituelles manigances du systèmes, récompensant les coupables, rétablissant la situation qui est la cause directe de la crise, etc. Il y a, bien rangés, tous les ingrédients du système aux abois qui se répare lui-même en aggravant les conditions pour le prochain effondrement. Il n’y aucune solidarité entre les différents centres de pouvoir du système, chacun vivant replié sur ses intérêts et réclamant la politique qui le favorise, sans le moindre souci d’une vision générale. Rien d’étonnant puisque ce système, déstructurant par substance, apprend à raisonner en individualiste et à jeter l'anathème sur le sens civique de la solidarité.
L’impression générale que renforce ce résultat britannique est bien le sentiment d’une absence complète de récupération de son état de marche du système, voire d’une incapacité chronique et désormais décisive de ce système de se sortir de l’enchaînement catastrophique où il est emporté. Le sentiment de l’inéluctable grandit et ne va cesser de grandir de se trouver devant une machine complètement irrécupérable, irréparable, chez ceux-là mêmes qui en sont les principaux acteurs et partisans. C’est une situation tragique dans la mesure où ces mêmes acteurs et partisans sont totalement verrouillés dans le fameux mot d’ordre TINA (“There Is No Alternative”), par conséquent en plein développement d’une situation psychologique générale de schizophrénie. Sans doute la profession de psychiatres devrait être une des rares à profiter de cette crise qui n’est pas une crise comme les autres, mais une crise fabriquant littéralement de nouvelles crises jusqu’à l’effondrement du système, et soumettant ainsi ceux qui continuent à y croire à des attaques dangereuses pour leur équilibre psychologique.
Mis en ligne le 17 décembre 2009 à 08H12
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