Le goût des audaces d’apparence dans la prison du système : John McCain

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Déclaration significative et sans surprise, lors de l’émission Meet the Press de la NBC, hier matin (20 août). Le sénateur républicain de l’Arizona John McCain est pour un accroissement de la guerre US en Irak : plus d’hommes, frapper fort, etc. Formule de l’“escalade” classique (McCain est un ancien du Viet-nâm, pilote de la Navy fait prisonnoer en 1967, torturé, libéré en 1973).

Transcription du passage, via ThinkProgess.com :

MCCAIN: The question is, are we going to be able to bring the situation under control now? I still believe we can. I think part of it has to do with the Madhi army and Sadr. Sadr has got to be taken out of this equation and his militia has got to be addressed forcefully.

GREGORY: But to do that, do you need more U.S. soldiers on the ground now?

MCCAIN: I think so. I think so. We took troops from places like Ramadi, which are still not under control and put them into Baghdad. We’ve had to send in additional troops as they are. All along, we have not had enough troops on the ground to control the situation. Many, many people knew that, and it’s — we’re paying a very heavy price for it.

Le sénateur McCain est un homme caractéristique du système, d’autant plus caractéristique qu’il s’est construit une image de ““maverick” qui lui donne, estime-t-il, toute latitude de surenchérir dans ses domaines favoris. L’un de ceux-ci est la guerre : il n’y a pas plus belliciste qu’un “libéral belliciste”, catégorie à laquelle McCain prétend appartenir. Son type de raisonnement s’apparente à celui d’une Hillary Clinton avant qu’elle commence à mettre de l’eau dans son vin guerrier suite à la défaite de Lieberman, ou celui d’un trotskyste devenu “libéral” comme Christopher Hitchens (ou un simili-Gluksman, pour les eaux parisiennes).

Son soi-disant libéralisme de comportement s’étend donc à la guerre, on dirait principalement à la guerre. Puisqu’on prétend n’être prisonnier d’aucun conformisme, on ne doit pas craindre de recommander une escalade en Irak, — ce qui va contre la plupart des positions aujourd’hui. De même pourrait-il, pour nous montrer son anticonformisme de façade, nous recommander de cesser de respirer pour ne pas faire comme l’écrasante majorité, nécessairement conformiste, de l’espèce humaine.

McCain réagit aussi par foucades. Cette position sur la guerre est donc le produit de ce qu’il croit être son habile manœuvre politique et de sa passion parfois incontrôlée d’ancien pilote de l’U.S. Navy et de fils et petit-fils d’amiral. Dans la réalité, cette proposition se heurte à l’impossible : il n’y a pas de soldats disponibles, sinon par instauration, du service militaire ; par ailleurs, accroître le nombre de soldats US en Irak aura comme premier résultat d’accroître le nombre d’erreurs de la part des Américains.

Tout cela est assez piètre. Ce l’est encore plus lorsqu’on sait que McCain est favori pour la désignation républicaine à la présidence en 2008. Cela signifie moins son échec assuré (ce n’est pas sûr du tout) que le signe que les USA sont loin de s’être sorti du bourbier irakien.


Mis en ligne le 21 août 2006 à 12H11