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28 avril 2002 — Le gouvernement néerlandais démissionnaire et expédiant les affaires courantes a examiné le 26 avril une nouvelle fois le cas de l'entrée éventuelle dans le programme américain d'avion de combat JSF et pris une attitude qui revient de facto à renvoyer la question au prochain gouvernement, après les élections de la mi-mai. Cela conclut une décade d'incertitude depuis la démission de ce même gouvernement Kok, le 17 avril, dix minutes avant que le Parlement ne se prononce sur ce dossier du JSF. Le Parlement devait se prononcer sur la décision du 7 février du gouvernement d'entrer dans le programme JSF avec un investissement de $850 millions. La décision attendue ce même 17 avril ne faisait pas de doute : elle devait être favorable au choix du gouvernement. La démission de Kok, suite à la publication du rapport sur le drame de Sebrenica, où des généraux néerlandais et le ministre de la défense d'alors sont mis en cause, a changé profondément le climat, aux Pays-Bas d'une façon générale, autour du dossier JSF plus particulièrement.
Ce qui était une formalité bouclant une opération de compromis de la classe politique (choix favorable au JSF) est devenu un cas d'opposition politique. Le groupe parlementaire du parti socialiste (PvDA) majoritaire, qui était divisé sur le cas du JSF et avait finalement décidé de s'y rallier, a renversé et radicalisé sa position après le 17 avril, et pris une position d'opposition en bloc. Deux scrutins du Parlement après le 17 avril, pour tenter tout de même d'entériner la décision du 7 février, ont abouti à deux résultats nuls (75-75). Devant cette situation, le gouvernement Kok s'est réuni le 26 avril. Il a décidé de suspendre la décision, envoyant entre temps un de ses ministres aux USA (ce sera cette semaine) pour tenter de négocier de meilleures conditions d'entrée dans le programme. Il semble raisonnable de considérer que cette démarche a peu de chance de constituer un événement décisif et il est très probable que le dossier sera renvoyé au prochain gouvernement. Ce ne sera pas nécessairement une simple formalité : selon ce que sera cette nouvelle équipe, la décision du 7 février sera reconduite ou ne le sera pas, et la participation au programme JSF entérinée ou écartée.
Pour l'instant, l'aspect politique de la question, notamment avec l'opposition entre la participation à un programme américain (et aucune participation à un programme européen) et l'engagement européen des Pays-Bas (notamment avec la PESC), n'est nullement considéré. Mais les esprits évoluent et la situation différente depuis le 17 avril y contribue. Quelques-uns des députés qui ont voté contre la confirmation de l'engagement dans le JSF développent des arguments politiques.
Les Pays-Bas sont un pays qui peut surprendre. Les positions y sont plus tranchées qu'il n'y paraît, la division est plus forte entre atlantistes et européistes et le courant pro-européen (en matière de sécurité/défense) plus présent qu'on ne croit. Les intellectuels de la défense, experts et universitaires, ont beaucoup évolué et massivement vers des positions plus européennes. Des circonstances diverses, dont certaines fortuites, peuvent conduire à la mise en place d'une nouvelle équipe où un courant pro-européen s'affirmerait au niveau des questions d'armement et de sécurité. Ce n'est qu'une possibilité mais son existence doit être accueillie comme une nouvelle intéressante.
(Nous avons beaucoup parlé de cette question du JSF et des Pays-Bas, voir notre analyse du 30 janvier 2002 et notre analyse du 15 février 2002 .)
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