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19 mars 2003 — Mauvaise surprise, nous annonce Defense News. Les gens de chez Lockheed Martin (LM) viennent de découvrir que le JSF, en cours de développement, est à un poids qui pourrait dépasser jusqu’à 20% le poids prévu. Gail Kaufman, de Defense News, constate que ce dépassement « [is]threatening schedules, budgets and, in particular, the Short Take-Off Vertical Landing (STOVL) version of the plane »
Les experts sont aussitôt appelés au chevet de l’avion glouton. Voici ce qu’ils en disent, — successivement :
• Defense News : « Weight problems are not unusual in aircraft development programs, but could be crucial to the survival of JSF, the most expensive weapon program in Pentagon history. The U.S. Navy cut 400 planes from its planned purchase less than a year ago, and some Air Force officials have hinted that Block 70 F-16s could fulfill their needs. » (Tiens, en passant, Defense News nous signale sur la pointe de la plume que « some Air Force officials » ont envisagé et continuent à envisager l’abandon pour l’USAF du JSF, — en fait d’“officiels”, on sait qu’il s’agit du ministre et du chef d’état-major, — cela pour aider à la compréhension de la remarque de l’hebdomadaire.)
• Que dit Lockheed Martin ? Devant la nouvelle que le JSF pourrait peser 30.700 livres, soit 6.000 de plus qu’annoncé, Tom Burbage (Executive Vice President et General Manager du programme chez LM) dit que c’est un parmi les « “worst-case scenario numbers ». Burbage admet qu’il y a des « “structural inefficiency” in the design, and said officials are looking for fixes now, before designs are final. “We first started getting an idea we might have an issue in this area in February.” ». Quel poids aura donc finalement le JSF ? La vérité est que personne ne le sait. (Burbage « said they don’t know how much the plane will weigh because most of its subcomponents have not been built yet. »)
• Le chef du programme JSF, un général de l’USAF : « “We are really tightly focused on weight for all the variants, but particularly for the STOVL,” said Air Force Maj. Gen. John Hudson, JSF’s program executive officer. “The Marines depend on STOVL for its whole force structure.” »
• Le Corps des Marines est mi-figue mi-raisin dans cette affaire. « “If they can’t get the weight off the aircraft, STOVL is dead,” said one Marine official with knowledge of the program. “If STOVL is dead, so is TacAir Integration. Fortunately, there is time to fix this.” » Une déclaration officielle rend le même son un peu contraint, selon un porte-parole : « The Marine Corps is very much aware about the weight issue involving the STOVL, but we’re confident it is going to be dealt with through the program office and the manufacturer. »
• L’expert des experts, Richard Aboulafia, du Teal Group : il parle évidemment de la nécessité d’une cure d’amaigrissement. Le Corps des Marines ne peut accepter un JSF plus lourd. Mais au-delà, on sent chez Aboulafia, qui interprète le programme JSF comme le moyen d’éliminer définitivement l’industrie européenne, une certaine inquiétude et un certain agacement devant ce qui pourrait être l’inconséquence du DoD et des services (principalement l’USAF et la Navy, qui peuvent se passer du JSF) : « Here they are at the point of victory with the international market — basically shutting out European competitors. But, if there is any serious weight growth, that might change things. »
Voici le premier avatar vraiment très sérieux pour le JSF. Une version (l’ADAC/V) est menacée et les autres, par désintérêt et corporatisme des services, pourraient fort bien ne pas lui survivre ou être fortement handicapée. L’effet pourrait être dévastateur au niveau international. Le plus singulier dans cet incident qui n’est pas loin d’être un accident est que les constructeurs du JSF ignorent quel poids aura l’avion, alors que les performances de cet avion ont été calculées et offertes aux éventuels acheteurs, évidemment en fonction du poids. Cela contribue à accentuer de façon peut-être décisive le caractère de complète virtualité de cet appareil.