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1162Devant les révélations de Inside the Air Force, du 22 et du 30 octobre, concernant les résultats de l’enquête JET-II sur l’état du programme JSF (voir notre Bloc-Notes du 24 octobre 2009 et du 31 octobre 2009), les réactions officielles ou semi-officielles sont suprêmement prudentes et extraordinairement mesurées. C’est un signe qui ne trompe pas pour nous confirmer que nous sommes dans une phase critique.
Un signe de ces réactions vient du site de l’Air Force Association (AFA), qui occupe une position révélatrice pour cela: à la fois non officiellement liée au Pentagone (à l’USAF), mais en fait complètement dépendante de l’USAF (du Pentagone). Si l’AFA a plutôt soutenu le F-22 lors du psychodrame de sa liquidation, se plaçant ainsi de facto dans une position très réservée vis-à-vis du JSF qui était opposé au F-22, depuis l’abandon du F-22 elle a complètement épousé la cause de ce programme qui devient le seul avion moderne de l’USAF.
Ainsi nous paraît-il particulièrement significatif que le Daily Digest de l’AFA ait publié à deux reprises, à trois jours d'intervalle (le 31 octobre 2009 et le 2 novembre 2009) le même compte-rendu d’une conférence de presse du porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell. On y voit alterner des moments d’une grande prudence avec d’autres, plus crispés et, d’une façon générale, l’idée que la finalisation du rapport JET n’est pas achevée et que rien de décisif n’est encore fait, que Robert Gates n’a pas encore été informé des résultats du rapport (au contraire d’un de ses ministres adjoints, Ashton Carter).
• Ces passages, où Morrell entend vouloir calmer le jeu… «At the Pentagon late last week, Morrell refused to get into specific numbers “because numbers can change” since “the analysis continues.” However, he confirmed that Pentagon acquisition chief Ashton Carter—but not Defense Secretary Robert Gates—had received the first of three briefings on the latest JET work.
»Morrell called the JET analysis “important” to the budget process, but he also said it offered a “worst-case assessment” while the program office is “generally much more optimistic.” JSF program officials largely dismissed last year's JET, saying it used outdated data. Morrell said Gates must ultimately “figure out the sweet spot” between the two views.
• Ces passages où, au contraire, Morrell entend rappeler que Gates a lancé certains avertissement et que les appréciations de JET ne sont nullement encourageantes, et que ceci pourrait avoir un rapport avec cela, un de ces jours à venir… «He asserted, too, that during the visit Gates made to Lockheed's Fort Worth production facility, Gates admonished company executives that “he is going to hold their feet to the fire” and “that there are timelines and that there are budgets that are going to have to be met.”
»When asked about the acknowledgment last week by Lockheed Martin that there is “moderate risk” in the cost and schedule baseline, Morrell refrained from characterizing the new JET analysis. However, he added, “I think it's fair to say that if the JET had provided some especially good news, we would be trumpeting it.”»
Ces diverses péripéties de AFA pour la publication de ce texte, les diverses prudences et avertissements feutrés de Morrell constituent, à notre sens, des signes discrets mais indubitables de la tension régnant actuellement au Pentagone à propos du programme JSF. Le titre que nous donne AFA pour sa nouvelle nous dit tout par son ambiguïté, voire sa prudence d’autant plus forte qu’elle est extrêmement inquiète: «JET likely to offer another pessimistic view of F-35 program – Pentagon not especially worried.» Conclure du constat que le rapport qui est central dans l’évaluation du programme JSF est probablement pessimiste que le Pentagone n’est pas spécialement préoccupé, comme si l’on vous offrait un rapport de cause à effet direct, a quelque chose de surréaliste dans la logique orwellienne qu’il nous offre.
Mis en ligne le 3 novembre 2009 à 06H25