Le JSF, le “classified” et les “sources ouvertes”

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Les nouvelles du JSF sont très mauvaises, elles sont de pire en pire, avec des mesures qui sont mises en place dans une certaine discrétion mais néanmoins de façon ouverte, qui indiquent clairement cette voie vers un possible écroulement du programme, et au mieux de très sévères pénalisations de temps et de coût. (Voir, notamment, les nouvelles données par Bill Sweetman, sur le blog de Aviation Week & Space Technology de ce 7 janvier 2010.) Officiellement, pourtant, les pays engagés dans le programme, notamment et particulièrement les pays européens, même s’ils n’ont pas encore passé leurs commandes principales, suivent les procédures de coopération comme si rien ne se passait, sans s’informer précisément, en continuant les procédures normales (y compris le financement, par le biais d’achats de soi-disant avions de production/prototypes, comme vient de le faire le Royaume-Uni d’un troisième avion à plus de $200 millions). Que se passe-t-il ? Il y a des hypothèses intéressantes.

@PAYANT Au lieu d’agiter l’affirmation du complot qui résout tout en n’expliquant rien, mais en admettant au contraire la certitude de la corruption essentiellement psychologique des liens établis entre les divers establishments militaires (surtout européens, au sein de l’OTAN) avec l’establishment du CMI aux USA, on peut sans la moindre difficultés avancer l’explication de ce phénomène extraordinaire de l’absence de réactions officielles à l’égard des avatars également extraordinaires que rencontre le programme JSF. Il s’agit des cloisonnements et des habitudes de procédure établis entre les bureaucraties concernées, et appuyés notamment sur le débat ouvert entre la valeur des sources “classified” et des “sources ouvertes”.

Une source industrielle européenne de l’aéronautique travaillant avec l’OTAN explique en effet aisément le processus, qui renvoie à ce même problème soulevé par ailleurs des sources classified versus les sources ouvertes.«Les bureaucraties concernées travaillant avec les US ont évidemment attrapé le virus du “classified”, sous la puissante pression des USA qui font du JSF un monstre à cet égard. Elles ne marchent que sur les informations de cette sorte, des informations absolument “classified”. Toutes ces informations “classified” à destination des Européens sont notoirement orientées, expurgées de toute référence alarmante solide, et elles viennent naturellement autant du Pentagone et que de l’industrie. Aucune d’elles ne mentionne les actuelles préoccupations, voire même les décisions actuellement prises et qui sont publiées dans les canaux de communication les mieux informés à ce propos, que tout le monde connaît pourtant, qui sont les sites d’Internet spécialisés sur cette question…» (C’est notamment le cas de l’information de Bill Sweetman référencée ci-dessus, qui rend compte effectivement de décisions qui viennent d’être prises par Gates.)

Le JSF présente le cas où l’“information ouverte” est très largement supérieure à l’information “classified”, qui est délibérément faussée et manipulée, d’ailleurs même entre services US autant que vers les Européens. E.L.P. Palmer, sur son site ELP Defens(c)e, estime, ce 7 janvier 2009, que des officiels, des chefs militaires notamment, ont menti au Congrès sur le cas de ce programme JSF et devraient être inculpés.

Les informations venus du JSF Program Office (JPO) ont été notoirement déformées dans un sens optimistes depuis des années et Lockheed Martin continue à publier des communiqués annonçant que le programme se développe parfaitement alors que le bureau de Gates et les diverse services concernés du Pentagone prennent des décisions d’urgence indiquant la situation exactement inverse, que LM accepte sans plus moufter. Toutes les informations dites “classified”, notamment à destination des Européens, et ainsi “classifiées” pour leur donner le sceau de l’authenticité, sont déformées dans ce sens. Mais les bureaucraties européennes concernées, et la pression des establishment militaires (forces aériennes) pro-US, continuent à recommander de ne pas sortir de ce cycle d’information.

On se trouve ainsi dans cette situation extraordinaire des gouvernements européens se forçant à ne pas observer l’effondrement d’un programme où ils ont investi, alors que cet effondrement est documenté de toutes les façons, dans la plus complète accessibilité pour le citoyen le plus ordinaire. L’affaire du JSF est certainement l’un des cas les plus extraordinaires où le processus de classification est utilisé sciemment dans un but de tromperie de gouvernement à gouvernement et d’allié à allié, en marge d’une information ouverte, appuyée sur des décisions et des déclarations officielles, qui restitue l’image de la réalité d’un programme en cours d’effondrement; l’un des cas les plus extraordinaires montrât l’incontestable supériorité qualitative (en véracité) de l’information ouverte sur l’information secrète, couverte du sceau prestigieux de la classification “secret-défense” (selon la terminologie française).

Il faut donc envisager aujourd’hui le cas où la classification “secret” est utilisée comme un moyen, non pas de protéger une information sensible, mais de “blanchir” une information fausse. Il faut également envisager la possibilité que ce cas soit bien plus qu'une exception mais tende à devenir une norme des bureaucraties.


Mis en ligne le 7 janvier 2009 à 13H52

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