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6958Il y a dix-neuf ans à quatre mois près, le 10 juin 2000, nous publiions un texte, le second de ce site sur les 742 qui sont consacrés à l’avion de combat Joint Strike Fighter (JSF), où il était annoncé sous le titre « Panique JSF » le probable abandon du programme. L’abandon du programme JSF, programme absolument démocrate et clintonien, se profilait notamment avec la possible arrivée d’une administration républicaine, si GW Bush l’emportait en novembre 2000. Mais d’une façon générale, tout le monde, – démocrates “sérieux” et néanmoins corrompus, et républicains courants et bien entendu corrompus, – était d’accord, selon les termes d’un expert prestigieux d’alors, Richard Aboulafia, d’ailleurs très prompt à changer d’avis :
« ... [“T]out le monde voudrait assister à ses funérailles [du JSF] mais personne ne veut être l'assassin” Il y a cinq mois (dans Aviation Week & Space technology, le 1er janvier 2000), le même Aboulafia expliquait : “Le JSF pourrait faire à l'industrie européenne ce que le F-16 a presque réussi: la détruire. [...] Le JSF est au moins autant une stratégie nationale qu'un programme d'avion de combat.” »
(Le texte cité ici, du 10 juin 2000, avait été publié sur ce site à partir du texte central de notre Lettre d’Analyse sur-papier, publié alors, dedefensa & eurostratégie [dd&e], Volume 15, n°18 du 10 juin 2000.)
L’explication de cette soudaine quasi-unanimité concernant l’abandon du JSF reposait simplement sur le fait que nul n’ignorait les réalités absolument faussaires du programme, construit sur le “virtualisme” de la communication dont l’administration Clinton était une virtuose incontestée, en équipe avec Lockheed-Martin, et le Pentagone dans ses fractions pro-JSF. On notait dans ce même texte ceci, – et l’on prendra garde expressément aux prévisions opérationnelles et commerciales (en caractères gras dans la citation), – annoncées alors par Lockheed-Martin et confirmées par le Pentagone, pour le JSF devenu bientôt F-35, l’avion qui devait dominer le marché d’avion de combat jusqu’en 2075-2085 probablement, – non pardon, sûrement...
« Le programme JSF existe certes mais il est également virtuel dans le sens où l'on a tenu pour acquises dès l'origine des données massives qui ont fait toute sa puissance quasiment fabuleuse (un programme qui atteindrait en finale $750-$1.000 milliards, qui imposerait un avion pour 50-75 ans, qui compterait 3.000 avions pour les forces armées américaines, 3.000 pour l'exportation, une trentaine de pays importateurs du JSF, quasiment déjà désignés, un peu comme on vous choisit arbitrairement pour avoir la chance de participer à une grande aventure qui vous dépasse). C'est-à-dire qu'on a donné au programme une puissance virtuelle qui a donné l'apparence de la puissance et a rendu d'autant plus inattentif aux faiblesses du programme et aux coups qui pouvaient lui être portés. C'est l'archétype d'un “programme Clinton”, né sous l'administration Clinton et selon sa philosophie qui est de cultiver toutes les apparences possibles de la puissance comme substitut à la puissance réelle... »
Finalement, la mobilisation du complexe militaro-industriel renforcée d’une façon décisive et par un hasard heureux voulu par le Ciel par l’attaque du 11-septembre (2001) sauva le catastrophique JSF qui devint le plus fabuleux programme d’avion de combat avancé que n’aient jamais conçus les USA, – cela, ce jugement plein de sagesse, dans un retour remarqué, tournant à 180° bien négocié, à l’argumentaire virtualiste de Lockheed-Martin jusqu’en 1999. L’entrée en service de l’avion devait commencer en 2007 et dès 2010 les premières unités opérationnelles seraient déployées.
Aujourd’hui, en 2019, il n’existe aucune unité de JSF pleinement opérationnelle ni même majoritairement opérationnelle, – ni même opérationnelle, bref, – , malgré l’aide empressée de la Force Aérienne Israélienne qui laisse régulièrement filtrer l’extraordinaire information selon laquelle un, voire deux de ses F-35I auraient pris l’air en configuration opérationnelle pour se risquer dans l’espace aérien libanais (pas syrien, tout de même) et là, – peut-être, qui sait car tout arrive, – l’un ou l’autre aurait effectué un tir d’une véritable munition air-sol, comme un vrai avion de combat qui vole sans papa-maman, ni parapluie, et tout et tout.
Là-dessus, une triste nouvelle est venue ces derniers jours répandre une douche glacée sur cette longue marche de la narrative, de ce programme qui n’est toujours pas opérationnel mais qui devrait normalement approcher voire dépasser le $trillion ($1 000 milliards) : l’annonce que l’USAF va mettre à la retraite un certain nombre de ses F-35B, après une carrière opérationnelle bien remplie de 2 100 heures de vol (mais ce doit être des grosses heures, peut-être plus de 60 minutes) alors que sa vie opérationnelle est prévue au minimum pour 8 000 heures de vol. C’est l ‘épouvantableFakeNewsiste Spoutnik-français qui nous donne un texte où, il faut bien le dire, il donne des références renvoyant à des informations très sérieuses (voir Aviation Week & Space Technology, du 30 janvier 2019).
Voici donc le texte du réseau russe, qui ramène l’information à l’essentiel sans vraiment en trahir la substance, malgré la vigilance de notre président-FakeNews
« Les données des essais de durabilité indiquent que la durée de service des jets F-35B de Lockheed Martin est “bien inférieure” à celle prévue qui devait atteindre les 8.000 heures de vol, selon un nouveau rapport du directeur des essais du Pentagone, Robert Behler. Dans ce document, on apprend que certains jets devront être retirés du service dès 2026, après avoir passé seulement 2.100 heures en vol. En outre, on ne distingue pas de tendance à la hausse de la disponibilité des aéronefs pour les entraînements ou les missions de combat. Elle est en effet restée identique au cours des trois dernières années.
» Ainsi le taux de disponibilité moyen des avions en question n'a pas atteint la “valeur ciblée de 60%”, ce qui est également “bien inférieur au taux prévu de 80%”, qui est nécessaire pour l'efficacité des essais et la formation des pilotes, indique le rapport. En outre, les tests de cybersécurité des aéronefs en 2018 montrent, selon le document, que certains points faibles découverts précédemment “n'ont toujours pas été corrigés”. Le système d'information logistique autonome (ALIS) “conçu pour améliorer l'efficacité des opérations de maintenance et de vol” ne fonctionne «pas encore comme prévu», peut-on lire dans le rapport.
» Enfin, les tests de tir montrent une précision “inacceptable” du canon air-sol qui équipe les chasseurs, apprend-on également dans ce document.
» Le F-35 Lightning II est un projet d'avion multi-rôle de cinquième génération conçu par le Pentagone et développé depuis 1996 [NdlR : en réalité, 1993 avec le programme JSAT]par le constructeur Lockheed Martin. Le programme de développement a accumulé un important retard par rapport au calendrier initial et occasionné un important dépassement de budget. En 2018, 300 appareils ont été livrés, bien qu'aucun d'entre eux ne soit vraiment opérationnel, et que le constructeur reconnaisse l'existence de nombreux problèmes techniques. »
Mis en ligne le 9 février 2019 à 18H16
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