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783Deux faits fondamentaux se sont produits au Canada dans les douze derniers jours, qui se placent dans l’interminable saga du destin-avant-naissance (et ne promettant en rien la moindre naissance) du JSF, alias F-35. Ils ont leur place dans la situation politique générale du monde, et plus précisément dans celle du bloc-BAO ; et plus précisément encore, dans la situation politique des rapports de deux pays qu’on croirait liés par un contrat d’allégeance sans faille ni rature, – entre les USA et le Canada, à l’avantage des premiers. Ces deux faits sont d’abord du domaine du système de la communication, comme il se doit ; ils ont aussi une dimension symbolique de grand poids, comme c’est aussi la coutume dans la geste politique aujourd’hui ; et c’est bien assez pour effectivement les faire entrer dans le domaine de “la plus grande politique”... Comme nous plaçons cette “plus grande politique” sous les auspices d’une situation historique sans précédent, où ce que nous nommons “la métahistoire” intervient directement dans le destin politique des sapiens, il s’en déduit que le JSF est devenu ainsi un événement opérationnel de la métahistoire, donc un “événement métahistorique”.
Nous parlons donc du Canada, qui a connu des développements importants ces derniers jours, concernant l’intention initiale d’une commande de 65 JSF manifestée par un gouvernement précédent, soigneusement aligné sur la politique-Système développée par les USA depuis 9/11, et qui fut même en diverses occasions “plus Système que le Système” en surpassant les USA dans l’application de cette politique. Jusque-là, tout allait à peu près bien, sinon quelques grincements de dents concernant le prix et les performances de la bête ; puis vint l’élection qui vit la victoire du parti de Trudeau Junior (Justin, fils de Pierre-Elliott, Premier ministre à deux reprises, 1968-1970 et1980-1984). Justin Trudeau présente tous les attributs d’un personnage postmoderne qui devrait être rassurant pour le Système : jeune et sémillant, d’une classification assez “bobo” avec l’allure qui va avec, adepte effréné du multiculturalisme et du LGTBQ, homme sociétal plus qu’homme politique, etc. Il reste que sa campagne électorale comprenait notamment la promesse de revoir avec une sévérité ombrageuse la commande de JSF, voire de l’abandonner purement et simplement.
Depuis l’élection de Justin, l’affaire était repoussée, pour des raisons techniques si l’on veut (revue du dossier), mais aussi, à notre sens, parce que les Canadiens devaient, inconsciemment ou pas, ressentir comme d’une extrême importance la décision à prendre et qu’il faut prendre longuement son souffle avant de plonger. Finalement, nous nous approchons du moment-clef, du “moment fatal” ou, à l’inverse éventuellement, du “moment de la capitulation” si le gouvernement canadien actuel passait finalement la commande. Si nous employons ces termes dramatiques, presque de tragédie (tout en restant un peu tragédie-bouffe), c’est parce que le climat le veut et parce que, justement, le JSF est un évènement métahistorique, – et peut-être l’était-il déjà avant qu’il ne le devînt, ou semblât le devenir sous nos yeux, – peut-être l’était-il ontologiquement dès le départ...
Quoi qu’il en soit, et pour justifier effectivement l’importance que nous accordons à cet épisode canadien, nous en venons aux deux points fondamentaux signalés plus haut. (On trouve dans le texte ci-dessous de Sputnik.News les détails de cet épisode canadien avec les différentes interventions et l’exposé de l’état actuel du programme selon les chiffres officiels, – dont il faut savoir qu’ils sont, à notre sens, optimistes sinon outrageusement optimistes puisque notre appréciation est que le JSF est un avion de combat irrémédiablement compromis et promis à ne jamais pouvoir remplir les missions qui sont assignées.)
Le premier point fondamental est que le Premier ministre Trudeau Jr. a exposé publiquement, le 7 juin dernier, durant un débat parlementaire l’avis officiel du gouvernement canadien, donc de l’autorité suprême d’un pays participant au programme : « Le F-35 ne marche pas et il est très loin de pouvoir marcher. » Il s’agit de la position officielle et solennelle la plus dure et la plus tranchante jamais exposée par un pouvoir politique suprême sur le programme JSF. La chronologie exposée, qui donne la date de 2021 pour la possibilité d’avoir des JSF opérationnels (“outrageusement optimiste” selon nous, répétons-le), constitue également une prise de position officielle et solennelle extrêmement dure et sans précédent pour le programme JSF.
C’est bien entendu ce caractère officiel et solennel qui nous importe, parce qu’il constitue une attaque dans le cadre des réseaux des directions-Système au plus haut niveau, et non plus de simples critiques d’experts, d’agences officielles type-GAO, etc. Dans les us et coutumes du système où la doxa officielle, avec toutes ses narrative, ses manipulations, etc., constitue la référence-Système absolue, des déclarations aussi péremptoires dans un programme de cette si grande importance constituent un événement de première dimension. En même temps, effectivement et comme nous l’avons dit plus haut, il donne au JSF une importance encore plus grande qu’il avait, effectivement de nature métahistorique.
La matière est compliquée, du point de vue des USA, par le fait que le Canada ne “trahit” pas les USA, ce qui aurait été plus simple en permettant des pressions directes assorties de corruptions judicieusement disséminées de Washington sur le terrain sacré et impératifs des alliances auxquelles on ne doit pas toucher. En effet, en attendant le JSF si le Canada devait envisager de rester dans le programme au niveau des commandes pour un lointain avenir, ou pour remplacer le JSF dans le cas contraire, le Canada entend commander des Boeing F/A-18E/F Super Hornet. On reste dans la basse-cour du “grand frère” et du Système. La querelle est alors d’autant plus passionnante parce que la vertu-Système (pro-US) ne peut être mise en doute alors que, pourtant, le Canada s’attaque à un fondement du système du technologisme, à un artefact stratégique fondamental de l’hégémonie du Système (des USA) dans la matière essentielle, et symboliquement capitale, des avions de combat. Ainsi est-ce, sans céder à la polémique politique qui permet les arrangements de pression et de corruption diverses, une querelle portant effectivement sur le cœur même du Système, que représente le programme JSF dans le système du technologisme au service de l’“idéal de puissance”. (Dans ce cas, que l’avion ne marche pas est secondaire, c’est le geste de l’engagement qui compte. La catastrophe technologique et opérationnelle que constitue le JSF répond à un autre domaine de l’ensemble de la problématique, – au domaine de l’équation surpuissance-autodestruction du Système.)
Le deuxième point fondamental est l’intervention de Lockheed-Martin (LM) qui “menace” de “relocaliser” (la globalisation n’est jamais très loin) des engagements de travaux de production du programme du JSF du Canada vers d’autres pays du programme. Cela concerne des centaines de $millions et, surtout, 10.000 emplois. Le ministère de la défense du Canada s’emporte : chantage ! Violation de la souveraineté nationale ! “Mais non, mais non, nous ne percevons pas du tout cela comme une menace”, fait savoir LM, qui ne doute de rien. Le problème est évidemment que les accords entre LM, le Pentagone et le Canada portant sur des travaux de sous-traitance, production, etc., confiés au Canada, ne dépendent en rien de la commande. Cette absence de lien contractuel est fondé d’abord, du côté US, sur les caractères psychologiques bien connus de la justesse absolue et du succès inévitable de toute cause US (le duo inculpabilité-indéfectibilité)... Qui aurait pu penser que le Canada, auquel les USA avaient “consenti” de vendre des JSF et de lui confier une part importante du travail de production de cet avion, pourrait envisager un jour, soit de retarder très fortement, soit, sacrilège des sacrilèges, d’annuler la commande ? Ose-t-on ainsi défier la colère des dieux de l’Olympe ? On ose, et Justin apparaît décidément un peu trop postmoderne...
Bon, venons-en au constat que cette intervention directe et sans prendre de gants de Lockheed-Martin, faisant au Canada une campagne de chantage et de dénigrement des autorités, représente effectivement un comportement très, comment dit-on, borderline. Là aussi, il y a des règles de convenance à respecter dans les us et coutumes de l’immonde Système. La narrative de la souveraineté nationale, simulacre dont on doit d'autant plus respecter l'apparence ripoliné qu'il est complet, se trouve dans ce cas foulée aux pieds. Cela fait mauvais genre dans le monde des 1% lorsque ce monde-là prétend parader vertueusement aux yeux des 99% restants qu’il s’agit de berner avec l’artifice de la vertu démocratique jouant à plein. L’ingérence de LM est un modèle poids-lourd et représente une initiative qui pourrait nous réserver des surprises charmantes, sous la forme d’une querelle grave entre deux pays-frères, d’autant plus grave qu’elle ne porte que sur l’apparence, c’est-à-dire sur des matières sans la moindre substance et où le symbole et la face qu’il ne faut pas perdre jouent le rôle essentiel. Et c’est bien cette apparence “des matières sans la moindre substance” qui constitue le fondement effectif, c’est-à-dire l’essentiel de leurs relations, à ces pays-frères.
Cela admis, on tirera la conclusion inratable que, pour entreprendre une telle action sacrilège du simulacre-Système, il faut bien que LM soit dans un mode super-inquiet, sinon proche de la panique, quant au destin du programme JSF. Ce mastodonte incroyable pour lequel le Pentagone a déjà dépensé $1.500 milliards, et qui a déjà coûté au contribuable US plus que le PIB du Canada sans qu’un seul avion soit capable d’effectuer le centième d’une des nombreuses missions qu’il doit accomplir alors que plus de 200 exemplaires ont déjà été produits, est une énorme usine à gaz à la fois “too big to fail“ et “too big to fall” qui, à chaque instant, à chaque hésitation, à chaque réserve, à chaque critique venu de n’importe où, craint d’échouer (“to fail”) et de s’effondrer (“to fall”) dans un bruit de tonnerre. La chose est donc bien métahistorique dans sa superbe trajectoire surpuissance-autodestruction.
Ci-dessous, le texte de Sputnik.News du 16 juin... (vec titre modifié pour des raisons techniques ; titre original : « Lockheed Threatens Economic Harm to Canada for Refusing to Buy F-35 »)
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The defense contractor attempted to extort one of the most powerful sovereign countries in the world, warning that as many as 10,000 jobs would be lost if the country did not commit to purchasing a fighter jet that “does not work.” This weekend, American defense contractor Lockheed Martin threatened to exclude Canadian companies from production of the much maligned F-35 fighter jet if the Trudeau government decides to instead purchase a fleet of Boeing’s Super Hornet fighter jets.
“The F-35 does not work and is far from working,” said Canadian Prime Minister Justin Trudeau during a June 7 parliamentary debate, blasting the fighter jet that has cost the Pentagon over $1.5 trillion. Despite this exorbitant price tag, the jet continues to spontaneously shut down mid-flight due to software glitches. The fighter jet that cost US taxpayers more than the gross domestic product of Canada will not face an initial operational test and evaluation (IOT&E) until mid-2018, according to Pentagon reports. Due to this delay, Lockheed Martin will not complete production of a full fleet of F-35s until 2019 at the earliest and the aircraft may not be combat ready until nearly 2021.
Lockheed Martin attempted to mislead the public about the fiscal and battlefield realities surrounding the costly warplane, conducting a publicity tour across Canadian TV over the weekend to threaten the country’s people with economic reprisals amounting to several hundred million dollars and nearly 10,000 jobs. “I don’t want it perceived as a threat, but we will have no choice: If Canada walks away from F-35, expect to relocate work in Canada to other purchasing nations,” Steve Over, Lockheed’s director of F-35 internal business told the Canadian Broadcasting Corporation.
Canadian Defense Ministry spokeswoman Jordan Owens blasted the defense firm’s flagrant attempt at intimidation, maintaining that the government will decide on a fighter jet based on security needs. “Despite Lockheed’s eagerness to send a spokesperson from Texas to Ottawa in order to game out hypothetical scenarios in the media, Canada remains a member of the Joint Strike Fighter program,” said Owens.
The Joint Strike Fighter program is a development and acquisition alliance of the US, UK, Turkey, Italy, Australia, the Netherlands and Canada, under which the member states selected the F-35 Lightning II to replace various tactical aircraft. The program has brought $610 million in contracts to Canadian defense contractors, but Ottawa argues that the JSF agreement does not tie them irrevocably to the F-35 in order to receive program benefits. “According to the agreement, as long as Canada remains a JSF partner it is fully entitled to have its industry bid and get contracts," said Alan Williams, the former assistant deputy minister at Canada’s Department of National Defense. "There is no stipulation that Canada has to purchase the F-35.”
Williams returned the threat to Lockheed Martin saying that any attempts to disenfranchise Canadian firms while the country remains a JSF partner and contributes its payments into the effort will result in immediate legal action against the defense contracting firm.
Lockheed Martin spokeswoman Cindy Tessier shot back that the defense firm’s position was that Canada’s involvement in the Joint Strike Fighter program was predicated upon “Canada’s stated commitment to the procurement of 65 jets.” The previous Conservative government led by Prime Minister Stephen Harper initially committed to purchasing 65 F-35s, but attempted to back out of the arrangement citing unforeseen costs and technical issues with the aircraft that made the acquisition impractical.
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