Le Kouchner qui sent le vent du Mistral

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Ce matin, this morning en langue universelle, le ci-derrière ministre des affaires étrangères de la République Française, Bernard Kouchner, répondait aux questions de RTL. Il fut d’abord question des fondamentaux de l’histoire en cours du monde, soit le vote suisse contre les minarets en Suisse, signe fondamental d’“intolérance”. Nous ne vous en dirons pas plus parce que nous titubons sous les coups d’une telle déclaration, d’entendre des sujets d’une importance telle ainsi abordés, avec une maestria à-la-Vergennes. Puis vint la dernière question, celle pour laquelle on l’avait prié fermement d’aller à cette émission. Il s’agit du Mistral et de la Russie.

• Plus rapide que l’éclair, Novosti à réagi aussitôt, donc ce 30 novembre 2009, en titrant audacieusement que «Kouchner soutient la vente du Mistral à la Russie»:

«“Je pense qu'il faut le vendre avec des précautions, mais ce n'est pas à moi de décider”, a déclaré M. Kouchner aux ondes de la radio RTL. Le ministre a précisé que la décision serait prise par la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG). “Je sais aussi qu'il faut rester aux côtés des Géorgiens” a indiqué le chef de la diplomatie française, en ajoutant que “les deux lignes doivent être tenues à la fois”.»

• Renseignons-nous un peu plus précisément, en consultant RTL, qui donne, ce même 30 novembre 2009, le compte-rendu de l'émission, avec la question: «Une dernière question qui me tient à cœur: faut il vendre le bateau “Mistral” aux Russes, comme les Géorgiens s'en inquiét[ent]?» D’où la réponse complète du ministre en question, faite d’une gamme infinie de nuances rappelant nos plus belles traditions picturales, du clair-obscur au cubisme, en passant par le pointillisme.

«Je pense qu'il faut le vendre avec des précautions. Mais ce n'est pas à moi de décider. Il y a un comité interministériel, ça s'appelle le CIJ, et qui va trancher. Je sais aussi, qu'il faut rester aux côtés des Géorgiens, je sais qu'il faut aussi essayer de régler ce problème. Ca n'est pas simple. L'Europe s'y est attelée. Nous sommes très bien représentés en Europe, avec Michel Barnier en particulier, mais c'est le même sujet. Et donc, je crois que les deux lignes doivent êtres tenues à la fois. Nous avons d'ailleurs reçu le ministre des Affaires étrangères géorgien, il y a deux jours.»

Notre commentaire

@PAYANT Tout de même, on appréciera la différence de ton et de fond entre la réponse de Kouchner et celle de Fillon sur le même sujet, que nous donnons dans notre F&C du 30 novembre 2009. Manifestement, Kouchner répondait sous la surveillance éclairé de son «ami de toujours», Glucksmann, Premier secrétaire du parti de salonards. Cela nous vaut une déclaration à multiples facettes miroitantes du ministre. Ainsi nous informa-t-il à propos de la vente du Mistral et de la question géorgienne que le sémillant Barnier venait d'obtenir le poste européen que l'on sait, qui est celui des finances, tout en précisant, pour les inattentifs, que “c'est le même sujet”, que “l'Europe s'y attelle”, que les “deux lignes” peuvent être tenues à la fois – et qu'il est possible qu'un jour l'on arrive à déterminer l'âge du capitaine. Grand progrès en perspective.

La philosophie de Kouchner dans cette affaire est: il faut faire plaisir à tout le monde, aux Russes et aux Géorgiens, vendre aux Russes un vrai bateau armé de “précautions diverses”, certaines à guidage actif, d’autre pas, qui aient surtout la caractéristique de tirer des obus à blanc dès que l’objectif est géorgien. La conclusion, placée en tête de la déclaration, étant la preuve de l’immense courage intellectuel du personnage: «Mais ce n'est pas à moi de décider» – ce qui nous laisse prévoir la tactique du ministre, qui sera de se laver les mains propres de la décision qui sera prise et d’annoncer qu’il n’y a aucune responsabilité. Cela lui évitera de démissionner tout en remettant à jour la fameuse formule de Chévènement – le “un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne” en “un ministre ça s’en lave les mains ou ça démissionne”. Manifestement, Kouchner a choisi la première formule, ce qui nous change de l’habitude d’un Kouchner qui ne cesse de clamer l’importance de sa fonction et la part importante qu’il prend à l’élaboration de la politique extérieure française.

Laissons là les palinodies de Kouchner qui n’ont pour but que de continuer à être invité dans les dîners en ville. L’imprécision, la gêne du propos, et la précaution de retirer sa responsabilité de toute décision de vente qui serait prise, semblent bien indiquer que la tendance française est bien d’aller vers la vente. D’ailleurs, on a suffisamment exposé par ailleurs les raisons qui nous font penser que les Français sont plutôt favorables à un accord, parce que l’enjeu est en train de devenir trop important. La gêne de Kouchner tendrait à confirmer cette orientation. Il est imparablement démontré que ce ministre n’est pas tout à fait inutile.


Mis en ligne le 30 novembre 2009 à 12H04