Le lien guerre-crise économique entre subrepticement dans le débat politique

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L’Irak est plus que jamais le thème central de la vie politique aux USA mais il commence désormais à le devenir par le point fondamental du lien entre la guerre et la crise économique. L'idée de ce lien est un apport fondamental des économistes Joseph Stiglitz et Linda Bilmes, comme on l’a noté à plusieurs reprises.

L’idée appliquée d'une façon concrète à la situation intérieure a été développée par un Représentant démocrate, John Yarmuth, lors d’une émission radiodiffusée le 12 avril, selon AP.

»The growing cost to the United States of fighting the war in Iraq "is not only linked to our economic skid, but is a leading cause of it," a Democratic congressman said Saturday.

»Rep. John Yarmuth of Kentucky linked the costly, unpopular war with the growing economic troubles — some say recession — in this country.

»Yarmuth said in the Democrats' weekly radio address that the testimony this week of Gen. David Petraeus and Ambassador Ryan Crocker about the Iraq war served as reminder of the billions of dollars being poured into Iraq as the U.S. economy struggles.

»“General Petraeus and Ambassador Crocker failed to offer a plan to change direction in Iraq and redeploy our troops,” Yarmuth said. “Instead, they offered more of the same, with U.S. troops and taxpayers paying the price.”

»The U.S. government has spent “more than half-a-trillion dollars” in support of the war effort, while that money could be spent on pressing needs in this country, he said.»

Comme on le constate, cette logique Stiglitz-Blimes semble rencontrer un écho très favorable. Sous peu, le lien direct entre le coût de la guerre et la crise économique sera, si l’on ose dire, un lien commun.

Cette logique est pour l’instant évidente mais sans effet politique important. Elle est pourtant sur la voie de développements révolutionnaires, comme on l’a déjà vu avec une précédente intervention d’un industriel devenu commentateur, Robert Vague. Mais l’approche de Vague restait encore très générale. La critique du Représentant Yarmuth se précise, notamment parce qu’il s’agit d’un parlementaire incliné à parler en termes budgétaires concrets. Son attaque, notamment lorsqu’il remarque que l’argent de la guerre en Irak pourrait être plus utilement dépensé pour des dépenses civiles d’infrastructure et sociales aux USA, revient à une attaque implicite contre l’ampleur du budget de la défense puisque désormais les dépenses de la guerre sont incluses dans ce budget. Cela revient à l’esquisse d’une attaque contre un des tabous de la politique intérieure US depuis 9/11: on ne touche pas au budget de la défense sinon pour l’augmenter; il est hors de question de mettre en cause son volume, et notamment de mettre en concurrence son utilité, qui surpasse par principe toutes les autres, avec celle des dépenses civiles.

Il s’agit de l’esquisse d’une démarche révolutionnaire par les temps qui courent. Il n’est d’ailleurs pas assuré que l’auteur s’en soit pleinement aperçu…

Mis en ligne le 15 avril 2008 à 13H49