Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
546La guerre est devenue une affaire de compromis entre diverses réalités. Tout cela se passe à des milliers de kilomètres du théâtre de la guerre, où devrait se trouver la réalité, — en principe. Mais ce n’est plus si sûr, et qu’importe d’ailleurs.
Par contre, ce qui est sûr c’est que le général David Petraeus, l’homme de la victoire en Irak, le “Grant de GW Bush” comme le nomme William Kristoll, est doué dans la matière des négociations politiciennes et washingtoniennes. Quelques jours avant sa déposition (le 11 septembre, c’est tout dire) au Congrès où il annoncera la victoire prochaine à la suite du “surge”, il a besoin de la coopération de la majorité démocrate du Congrès pour que tout le monde ait l’air de croire à la véracité de son rapport opérationnel rédigé à la Maison-Blanche. Par conséquent, il annonce sur la pointe des pieds mais de façon suffisamment audible que l’on commencera à évacuer les troupes d’Irak en 2008, — ce que les démocrates exigent pour leur campagne électorale.
Voici ce que nous explique notre Guardian du jour:
«America's leading military commander in Iraq, General David Petraeus, last night signalled that the Bush administration may be ready to reverse its troop surge in Iraq and begin pulling soldiers out as early as next March.
»Only days before he is to deliver his progress report to Congress on the ‘surge’, Gen Petraeus told ABC television he did not forsee maintaining present troop levels in Iraq because of the strain on the military. “The surge will run its course. There are limits to what our military can provide, so my recommendations have to be informed by, not driven by, but they have to be informed by the strain we have put on our military services,” he told ABC during an interview in Baghdad.
»The general refused to be more specific. But asked whether the US would begin pulling out the 30,000 extra forces deployed during the 'surge' by next March, he replied: “Your calculations are about right.”
»Another official told ABC the reduction could begin as early as December with further withdrawals every 45 days.
»Yesterday's interview came a day after George Bush made a surprise visit to a US air base in Anbar province. Mr Bush also raised the possibility of withdrawing some forces from Iraq, but warned Congress he would not bow to public opinion in setting his war strategy.»
Résumons-nous : Petraeus présente un rapport qu’il n’a pas écrit comme s’il venait de l’écrire, rapport qui annonce la victoire prochaine comme si elle était déjà remportée. Il est demandé au Congrès de faire comme s’il croyait à ce rapport et à la victoire prochaine. En échange, Petraeus annonce le commencement du retrait des troupes comme si la victoire annoncée était effectivement réalisée, en 2008. Tout cela contredit à peu près tout ce qui a été dit, tant sur la réalité de la situation opérationnelle que sur le retrait des troupes. Mais comme de toutes les façons tout et le contraire de tout ont été dits dans l’ordre et dans le désorde, quelle importance en réalité ? D’ailleurs, dans l’expression “quelle importance en réalité”, quelle importance a la réalité? En réalité?
Mis en ligne le 5 septembre 2007 à 09H52