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121824 mars 2012 – La machine a gagné… (Le Système a gagné contre ses serviteurs serviles : qui en pouvait douter ?) Nous reviendrons sur cette phrase plus loin, pour en faire le support d’une réflexion générale, mais il faut d’ores et déjà la citer en envisageant toute son ambiguïté, toute l’ampleur de la défaite du sapiens triomphant asservi par le Système qu’il croyait avoir créé, le petit homme et “dernier homme” nietzschéen, Système qu’il croyait pouvoir réformer dans ses faiblesses et qui s’avère créature en propre imposant les conditions catastrophiques de son autodestruction.. Ce qui nous conduit au propos suscitant ce jugement : rapportant, d’une part, une bordée générale de nouvelles catastrophiques de plus concernant le programme JSF, d’autre part le peu d’intérêt des parlementaires lors d’une audition à la Chambre des Représentants sur le programme et ses catastrophes as usual, – mais le as usual explique tout, n’est-ce pas, – Philip Ewing, de DoDBuzz, notait, ce 21 mars 2012 (le souligné en gras est de nous) :
«Of the little discussion there was, no one broached cancellation. In fact, their outward lack of interest in the F-35 could be a sign of resignation — an ultimate acceptance that a program this big, this important, can endure almost anything.»… D’accord pour “résignation”, qui est la piètre “bonne figure” de l’homme postmoderniste face à la défaite de ses illusions ; quant à croire que le programme “peut supporter à peu près n’importe quoi”, c’est se faire accroire que la catastrophe, l’effondrement et la chute, qui sont désormais la nature même du monde autant que celle de ce programme, pourraient produire un bien pour celui qui la subit sinon de disparaître et que, coûte que coûte, “tout serait bien dans le plus catastrophique des mondes”, sans que le monde ait changé de fond en comble…
Bien… Les nouvelles elles-mêmes viennent de la Cassandre de service aux USA, malheureusement toujours vérifiée dans ses prédictions catastrophiques, – le GAO, ou Governement Accounting Office, sans doute le dernier organisme d'utilité publique et encore honnête dans le système de l’américanisme, et qui vient de nous livrer son rapport de printemps sur le JSF. Ewin nous donne un extrait plantureux du rapport, où nous trouverons de quoi faire nos choux maigres.
«“Developmental flight testing gained momentum and is about one-fifth complete with the most challenging tasks still ahead. The program can expect more changes to aircraft design and manufacturing processes. Performance of the short takeoff and vertical landing variant improved this year and its “probation” period to fix deficiencies was ended early, even though several fixes are temporary and untested. Management and development of the more than 24 million lines of software code continue to be of concern and late software releases have delayed testing and training. Development of the critical mission systems that give the JSF its core combat capabilities remains behind schedule and risky. To date, only 4 percent of the mission system requirements for full capability has been verified. Testing of a fully integrated JSF aircraft is now expected in 2015 at the earliest. Deficiencies with the helmet mounted display, integral to mission systems functionality and concepts of operation, are most problematic. DOD is funding a less-capable alternate helmet as a back-up. The autonomic logistics information system, a key ground system for improving aircraft availability and lowering support costs, is not yet fully developed.
»”Cost overruns on the first four annual procurement contracts total more than $1 billion and aircraft deliveries are on average more than one year late. Officials said the government’s share of the cost growth is $672 million; this adds about $11 million on average to the price of each of the 63 aircraft under those contracts. In addition to the overruns, the government also incurred an estimated $373 million in retrofit costs on produced aircraft to correct deficiencies discovered in testing. The manufacturing process is still absorbing a higher than expected number of engineering changes resulting from flight testing, which makes it difficult to achieve efficient production rates. Until engineering changes are reduced, there are risks of additional cost overruns and retrofit costs. The program now estimates that the number of changes will persist at elevated levels through 2019. Even with the substantial reductions in near-term procurement quantities, DOD is still investing billions of dollars on hundreds of aircraft while flight testing has years to go.”»
• Donc, un dépassement de budget de $1 milliard pour 2011, plus diverses nouvelles que Michael Sullivan, l’un des auteurs du rapport, a détaillées lors de son audition à la Chambre mardi dernier… Le programme coûtera au moins $19 milliards/an au Pentagone, au moins jusqu’en 2035 (appréciez l’incertitude de ce “au moins”, qui laisse du champ à l’imagination comptable, et l’on sait dans quel sens)… Le cauchemar de l’intégration des systèmes (l’on y reviendra plus loin) : «[T]he F-35’s 24 million lines of code are “as complicated as anything on earth,” and it’ll take all of them working as intended before the F-35 can perform as advertised.»… Le coût unitaire du F-35 (voir plus bas) n’est pas prêt de baisser, et l’on peut même adopter la formule amère et ironique de Ewin, selon lequel le niveau actuel continuera “plus ou moins à perpétuité”, comme s’il s’agissait d’une condamnation sans appel, par un juge par ailleurs équitable : «[T]he large sustained yearly costs for the F-35 not only will continue more or less in perpetuity, but in the case of the Air Force, they’ll come due even as the service must also buy full-rate production KC-46A tankers and new bombers.»… Le Pentagone est incapable de donner une date pour la “capacité opérationnelle initiale”, tout simplement parce que les problèmes sont trop nombreux, trop sérieux, trop incertains et trop imprévisibles pour cela. L’année 2019 ? (Soit onze ans de retard par rapport aux prévisions initiales.) Sans doute plus tard, peut-être beaucoup plus tard… Les rares “succès” du JSF sont des succès à caution, n’étant qu’un reste de représentation virtualiste : les essais d’appontage du F-35C, décrits comme un succès, sont accompagnés de l’une ou l’autre grave déficience, comme celle de devoir redessiner complètement l’emplacement de la crosse d’appontage ; la fin avancée de la période de probation du F-35B à décollage vertical est une décision théorique qui a été prise pour des raisons de relations publiques, à partir de solutions temporaires aux problèmes mis en évidence, ce qui laisse cette version devant les mêmes incertitudes qui existaient avant cette période de “probation”, – probation écourtée parce que “réussie”, qui prouve au moins la corruption complète du processus.
• L’intéressante question du prix réel du JSF a fait l’objet de longs et minutieux calculs comptables du spécialiste Giovanni de Brigandi, qui édite le site Defense-aerospace.com, avec édition des résultats le 13 mars 2012. Laissant, non sans sagesse, de côté les annonces du Pentagone ou de Lockheed Martin, et prenant en compte tous les contrats réellement payés par le Pentagone pour l’acquisition des avions de production, c’est-à-dire simplement la réalité comptable, Brigandi arrive à un prix moyen de $203,4 millions par avion, toutes versions confondues. Le détail des coûts donne des prix différents pour les trois versions : $172 millions pour le F-35A de l’USAF, $291,7 millions pour le F-35B du Marine Corpos, $235,8 millions pour le F-35C de l’U.S. Navy.
Faut-il encore s’occuper de ces détails pour ce qui concerne le JSF ? La course de sa chute est aujourd’hui si nettement tracée… Tout de même, il nous faut signaler quelque avis de milieux industriels européens, dont on reconnaîtra aisément la provenance. C’est en effet la première fois dans cette longue, très longue saga du JSF (pour rappel, programme lancé en 1993) que nous entendons ce jugement que «le JSF ne se fera jamais». Cet avis n’est pas d’une considération générale ni d’humeur, mais certes bien fondé sur un point très précis, qui est le vrai talon d’Achille de ce programme qui semble n’être fait que d’une infinité de tendons de cette sorte en grandes difficultés : l’intégration des systèmes.
Cette source observe que dans l’architecture complexe dite de “système de systèmes” qui caractérise les actuels avions de combat en développement ou des plus récents, le problème de l’intégration des systèmes se heurte à la question du fonctionnement de chaque système, mais aussi à la question du fonctionnement collectif opérationnel de tous les systèmes, non seulement du point de vue normal des interfaces électroniques, mais aussi du point de vue plus nouveau et redoutable des buzz créés par des effets d’interférences électro-magnétiques entre les systèmes mis en proximité et en connexion. Le Rafale, notamment, a été confronté à ce problème, – et si nous citons le Rafale, c’est parce que l’obstacle a réussi a être éliminé, grâce à la création de systèmes nouveaux appréhendant ces interférences imprévues.
(Le Rafale est, du point de vue des systèmes et de la charge des processus d’encodage et d’automatisation, beaucoup moins “chargé” que le JSF, et cela d’ailleurs correspondant à une volonté arrêtée devant ce qui est un territoire inconnu et dangereux où se trouve désormais le JSF. Bien au-delà du Rafale, le JSF est l’extension, en pire parce que plus complexe, du F-22 emprisonné lui-même dans une opérationnalité inopérante et paralysée. Ce qui rend le JSF unique, ce qui fait de lui une “prison emprisonnée”, c’est le facteur quantitatif qui, par choix délibéré, interdit toute alternative dans la structure où il évolue, puisqu’au départ ce concept de modernisation des forces aériennes est unique et exclut par définition tout autre que lui. Lui-même prison qui emprisonne tout l’avenir du domaine, il est emprisonné lui-même par la définition extrémiste de son rôle et de sa position uniques.)
Il semble bien que les Français soient les seuls à avoir mis au point la réponse adéquate à ce nouvel embarras du système du technologisme, et que le système du technologisme spécifiquement US en soit dépourvu. C’est-à-dire qu’aux innombrables problèmes inhérents aux systèmes eux-mêmes dans l’environnement si massif du JSF (24 millions de lignes-code), viendront s’ajouter les problèmes d’interférences électro-magnétiques signalés plus haut lors de la mise en action opérationnelle de l’ensemble, et contre lesquels les USA n’ont pas de parade. L’ensemble d’obstacles non encore franchi couronné par un obstacle inattendu et sortant des normes, justement pour un programme de cette complexité et de cette instabilité, dans un environnement budgétaire et politique totalement déstabilisé, constituera, selon la source citée, l’arrêt de mort du JSF.
…Ce qui nous ramène à la question implicitement posée en tête de cet article : mais le JSF peut-il mourir, – s’entend, selon une décision humaine statuant que, enfin, il faut se résoudre à abandonner cette chose monstrueuse qui est en train de prendre en otage l’ensemble de la puissance aérienne US, de l’industrie elle-même d’une certaine façon, et même du Pentagone si l’on pousse les effets et conséquences à leur terme logique ? Oui, c’est cela, – peut-on décider de tuer le JSF pour ne pas mourir soi-même, entraîné par lui, comme on décide de s’amputer d’un bras pour éviter que la gangrène vous emporte ? Dans la phrase citée plus haut, qui est une appréciation psychologique certes, mais qui n’en est pas moins significative à notre estime, et qui l’est même plus parce que psychologique justement, il y a ce problème qui est posé, – et qui semble déjà résolu…
«Of the little discussion there was, no one broached cancellation. In fact, their outward lack of interest in the F-35 could be a sign of résignation — an ultimate acceptance that a program this big, this important, can endure almost anything.» Lisant cette phrase, appuyant sur le mot “résignation”, on a l’impression d’hommes politiques chez qui l’absence de la suggestion d’abandon (“cancellation”) du programme signifie qu’on abdique la dernière décision raisonnable qu’on puisse prendre… On est résigné, on décide de ne rien décider, c’est-à-dire de ne pas amputer ; on termine par l’incantation de rigueur, qui apparaît complètement irréelle et incantatoire d’une magie de bazar, type-Walt Disney (“…qu’il s’agit d’un programme, si gros, si important, qu’il peut supporter à peu près n’importe quoi”) ; comme si vous disiez : “après tout, la gangrène finira bien par découvrir qu’il s’agit du JSF, et qu’il s’agit de l’Amérique, et alors, ramenée à la raison et à la consigne divine, elle n’insistera pas et s’éteindra d’elle-même…”
Cet état d’esprit qui commence à poindre ouvre effectivement de vastes horizons. Le plus effrayant d’entre eux, et qui pourrait n’être pas le plus improbable, est bien qu’on n’abandonne pas le JSF devenu un énorme virus mortel, et que la poursuite du programme puisse effectivement ébranler, peut-être mortellement ébranler, toute la base budgétaire, bureaucratique et technologique de la puissance militaire des USA.
Nous avons examiné par ailleurs (voir le 19 mars 2012) le cas de l’avion de combat français Rafale d’un point de vue inhabituel, audacieusement dit “métaphysique”. Dans ce cadre, le JSF occupe une position spécifique de représentant loyal du Système, comme un artefact fondamental du système du technologisme. Nous écrivions à ce propos :
«Nous examinons comment la situation des avions de combat, telle que nous les avons identifiés, et notamment l’antagonisme implicite JSF-Rafale, évolua selon l’antagonisme Système (modernité dans sa phase postmoderne)-Principe (souveraineté). Entrés dans l’après-Guerre froide, nous vîmes s’établir en quelque sorte une “glaciation” du marché des avions de combat… “Les paramètres prospectifs complètement spéculatifs et virtualistes (6.000 exemplaires vendus, dont 3.000 à l’exportation, vie opérationnelle au moins jusqu’en 2075, etc.) établissaient une captation et un hermétisme total du marché des avions de combat pour le XXIème siècle. Littéralement, il devenait impossible de penser le XXIème siècle en matière d’avions de combat hors du JSF. Cet automatisme de pensée s’élabora à la fin de la décennie des années 1990 et régna sur les esprits exactement jusqu’à l’été 2008…”
»On se rappelle effectivement que c’est à cette période (été 2008) que le JSF commença à être attaqué, mis en cause, contesté, mis à nu dans sa catastrophique réalité ; on se rappelle, notamment, les attaques de Bill Sweetman à cet égard (voir le 6 août 2008 ou/et le 23 septembre 2008). Ce n’est pas un hasard si, entre ces deux dates référencées (8 août et 23 septembre 2008) s’ouvre la crise financière de Wall Street (le 15 septembre 2008). Tout change et il s’agit précisément du même phénomène ; le Système entre officiellement dans sa phase transformatrice, de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction.
«“…Tous ces évènements parcellaires sont liés par un destin commun, qui dit le même verdict sur le sort du Système. La problématique des avions de combat reflétait, à son niveau opérationnel, le destin de la crise terminale de notre contre-civilisation.”»
C’est à cette lumière qu’il importe d’apprécier l’évolution du cas JSF, notamment dans cette phase que nous signalons, et à partir des remarques concernant le passage signalé. Si l’on reprend la référence de l’évolution maniaco-dépressive des psychologies des directions politiques sous la pression diversifiée du Système, avec les phases éventuellement réactives (dépressives), mais comme l’est une phase de désintoxication (après l’épisode maniaque de 1998-2008 qui serait la phase de l’empire de la drogue, ou “paradis artificiel” traduisant l’épisode du virtualisme), une réaction aurait dû se faire jour à partir de 2008-2009. Nous n’avons eu que des faux-semblants, une sorte de relance maniaque par d’autres voies, avec l’annonce renouvelée régulièrement du sauvetage et de la “renaissance” du programme. Ni le secrétaire à la défense Gates, de 2006 (précisément à partir de 2009) à 2011, ni les cadres dirigeants de l’administration Obama à partir de 2009, n’ont été capables d’opérer le retournement psychologique nécessaire pour mettre fondamentalement en question le programme. L’épisode en forme de farce de la “probation” du F-35B a été l’illustration de cette impuissance et de ce désarroi qui marquent le comportement de dirigeants qui ne savent plus comment diriger. Cette version, traversant de graves dysfonctionnements, a été mise en 2011 en “probation” pour deux ans par le secrétaire Gates, pour évaluer si l’on devait poursuivre ou l’abandonner. La “probation” a été levée plus tôt que prévu, peu après le départ de Gates, pour ne pas lui infliger de démenti, selon des résultats dont tout le monde reconnaît qu’ils sont complètement artificiels et faussés.
Tout cela a montré que l’état dépressif de réaction qui aurait du accompagner la fin (en 2008-2009) de la narrative maniaque du JSF n’a pas eu lieu, ratant ainsi l’occasion d’une confrontation avec la réalité (dépression) conduisant à des décisions décisives. (Ce que nous disions de la dépression comme moyen de riposte après avoir subi l’empire d’une épisode maniaque, dans notre texte du 19 janvier 2012 ; on observera que cette remarque, qui est faite dans ce texte à propos de la crise financière de 2008-2009, correspond parfaitement à la chronologie du destin du JSF : «La dépression envisagé collectivement est au contraire un retour au réel, avec ce “quitte ou double” qui caractérise effectivement la “vraie” vie lorsqu’on se trouve dans une passe dangereuse : on parvient à s’en sortir ou l’on succombe. Dans le premier cas, l’épisode dépressif devient une base de riposte, et il manifeste évidemment et effectivement des caractères dépressifs, y compris dans sa riposte, mais alors utilisés avec une intelligence tactique remarquable. Pour nous et pour notre période présente, cette riposte tactique utilisant la dépression a commencé à s’élaborer collectivement à partir de 2008-2009.»)
Au contraire, les autorités sont entrées dans un état d’atonie, où l’on n’observe aucun des signes actifs et positifs des effets d’une dépression. Il y a encore eu, comme il y a encore, des débris de l’épisode maniaque, lorsque l’on apprend que le JSF vole tout de même ou lorsqu’on lance une des innombrables réformes du programme en affirmant que cette fois “c’est la bonne”… Mais rien d’autre, car, on commence à le deviner intuitivement, tous ces gens se trouve au-delà de la seule décision raisonnable, sinon rationnelle, qui est l’abandon (l’amputation du membre gangrené). Ils se trouvent tous sous l’empire du Système, privés de la dynamique salvatrice d’une vision critique de la réalité. Les seuls qui échappent à cette situation sont des fausses exceptions confirmant la vraie règle, comme un McCain, – un McCain attaquant le JSF, évoquant son abandon, pour se conformer à son rôle de “maverick” qui fait partie de son image publique, qui peut être utile dans certains cas, accidentellement, mais qui ne répond en rien à une réaction constructive pouvant créer un courant collectif fécond. Tout cela continue à se dérouler au cœur du Système.
Le JSF constitue une part essentielle du système du technologisme. De ce fait, il apparaît invincible dans la conformation actuelle du système washingtonien, et il tient prisonniers tous ceux qui sont impliqués dans le processus qui l’affecte, et, plus encore, il tient prisonnier tout l’establishment de sécurité nationale. Nous avons largement dépassé, d’une part, le stade de savoir s’il faudrait ou non l’abandonner, – la réponse est positive, naturellement ; nous avons largement dépassé, d’autre part, la question des intérêts et des profits des divers centres de pouvoir, de l’industrie, des forces, du Congrès, etc. Il s’agit d’une situation radicale d’emprisonnement de l’establishment par la force supérieure que représente le programme JSF et, au-delà, le Système lui-même, fonctionnant sans le moindre doute comme une force autonome. Et le programme JSF, conformément à la transformation de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction du Système, est sur une trajectoire de chute où il tend évidemment à entraîner tous ces pouvoirs et ces forces qu’il a emprisonnés.
Il s’agit d’autant plus “d’une situation radicale d’emprisonnement de l’establishment par la force supérieure que représente et relaie le programme JSF”, que le JSF lui-même est un prisonnier de cette “force supérieure” du fait qu’il est ce “système de systèmes” dont tout commence à montrer (voir plus haut) qu’il est devenu incontrôlable. Autant il y a un “système de systèmes”, avec des systèmes en cascade, autant il y a, en parfaite correspondance, un “emprisonnement des emprisonnements”, avec des emprisonnements en cascade. Il semble ainsi que l’on parvienne aux confins du processus du “déchaînement de la Matière” dans sa production autodestructrice extrême, au travers du système du technologisme ayant largement dépassé le pic de sa surpuissance extrême pour la chute de son autodestruction. Il semble qu’il n’y ait plus aucun moyen, de “raisonner” le Système, pour ne pas parler d’un contrôle, bien entendu définitivement perdu (s’il fut jamais effectif, hors de nos illusions à ce propos). Dans cette situation, le JSF emprisonne ceux qu’il soumet dans la destruction de toutes les structures et de tous les principes qui déterminent ces structures. De ce point de vue, le JSF est bien le double négatif du Rafale, selon l’approche que nous avions choisie (le 19 mars 2012) Le programme JSF est au-delà de la “catastrophe industrielle”, il devient un des pans majeurs de l’effondrement d’une civilisation devenue contre-civilisation et du Système du “déchaînement de la Matière” parvenu à son point d’autodestruction.
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