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558622 juin 2020 – Le titre de cette page du Journal-dde.crisis est aussi le titre d'un livre publié en 1999, ‘Le monde malade de l’Amérique’ effectivement, dont l’auteur est PhG. (*) Je trouve ce titre, rétrospectivement, à la fois excellent, comme je l’avais jugé alors, et en plus visionnaire ; je peux d’autant plus me permettre de telles considérations que c’est l’éditeur qui l’avait proposé après une recherche commune, comme résumant parfaitement ce qu’il avait ressenti à sa lecture.
Il va sans dire mais aussi bien en l’écrivant, et pour faire la transition, que c’est le texte d’Alastair Crooke qui a rappelé « Le monde malade de l’Amérique » à mon souvenir ; et précisément cette phrase qui contient, pour moi, pour ma perception, en quelques mots tout l’esprit que je découvre dans ce texte, et cela même si l’auteur n’a pas consciemment voulu l’y mettre. (N’oubliez pas que c’est un logocrate qui vous parle.)
« [C]e qui est indéniable, c'est que ce mouvement du “réveil” se répand dans certaines parties de l'Europe et de l'Amérique plus vite que l’infection par le Coronavirus. »
Après cela, vous ne pouvez pas dire que le monde n’est pas “malade de l’Amérique”, n’est-il pas ? Mais l’Amérique encore plus, certes, malade d’elle-même, absolument.
Je me suis mis à la relecture de ce « Le monde malade de l’Amérique » ; il ne dépare pas le tableau que je m’évertue à peindre aujourd’hui de la situation du monde, à partir de sa matrice, ce que d’autres auteurs (Dandieu et [Robert] Aron) nommèrent le Cancer américain ; son propos de fondation sur l’Amérique reste complètement pertinent, simplement des dimensions nouvelles sont apparues, des poutres-maîtresses qui haussent décisivement l’architecture extraordinaire et surhumaine du débat en le faisant complètement métaphysique. Mais la chose, le bouquin me rappelle bien que l’idée d’une “crise de l’Amérique” a été une de ces fondamentales et constantes perceptions depuis la fin de la Guerre Froide, lorsque William Pfaff nous parlait de la “crise d’identité” de l’Amérique, et cela en 1992 (d’où je date, avec les émeutes de Los Angeles d’avril-mai 1992, les prémisses de cette crise finale) :
« ...un sentiment de désarroi comme il [Pfaff]n’en avait jamais connu dans ce pays, y compris dans les souvenirs d’enfant qu’il avait de la Grande Dépression, un sentiment de désarroi qui semblait impensable pour l’Amérique ».
« ... Alors, où allons-nous maintenant, nous les Américains ? Qui sommes-nous maintenant ? Je n’ai pas de réponse. Je sais simplement que je trouve l'idée d’une nation multiculturelle ou “arc-en-ciel” peu convaincante. D’une certaine manière, c’est une idée séduisante. Elle corrige les injustices. Elle invite à un nouvel ordre social de coopération et de bonne volonté. Mais je crains que les résultats dans la réalité en soient exactement le contraire. Je ne prétends pas le savoir. Je soutiens simplement que la désorientation et l’anxiété ressenties par les Américains dans cet après-guerre, cette sorte de gueule de bois où nous plonge la fin de la guerre froide, sont liés à la perte d'une identité, – et nullement à la perte d'un ennemi. » (Dans un des trois articles de Pfaff de 1992.)
(La perte de l’identité, justement et au contraire de “la perte d’un ennemi”, c’est une pathologie, l’une des plus terribles que puisse connaître la psychologie humaine, et peut-être avons-nous inventé, sur les instances du Diable déguisé en Enfant du Bon Dieu, la pandémie de la plus épouvantable pathologie de la psychologie. Pfaff a été pour moi un de ces “passeurs” qui vous font suivre le savoir de l’intuition pour alimenter votre propre quête, dans cette chaîne spontanée de la Résistance.)
A la lumière de ces souvenirs qui restent en moi pour chercher à m’éclairer quand cela importe, quand la voie est obscure, je peux développer le sentiment, peut-être l’intuition, que cette idée de “l’esprit du texte” d’Alastair Crooke a fait naître en moi, d’autant plus que Crooke place résolument la question qu’il aborde hors des sentiers courants, battus et rebattus, de la politique et de la géopolitique. Il our l’installe fermement et sans barguigner dans la psychologie, qu’il décrit à l’occasion d’une façon qui, bien entendu, nous conduit à conclure qu’il s’agit d’une très grave pathologie de la psychologie de l’américanisme ; et de là à conclure qu’en fait, c’est l’américanisme lui-même qui est une pandémie, il n’y a qu’un tout petit pas qui est celui de l’évidence éclatante.
Bien entendu, c’est le « plus vite que l’infection par le Coronavirus » de Crooke qui m’a précipité dans l’idée de la “pandémie de l’américanisme”, et au-delà rappelé à mon souvenir le titre du “Monde malade...”. Une fois bien ancré dans cette idée, votre esprit, éclairé par l’intuition dont vous constatez qu’elle a établi une constance révélatrice (depuis 1999 et l’idée d’un éditeur), n’en démord plus : cette interprétation évidemment symbolique et nullement rationnelle d’une pandémie est la bonne, pour décrire et donner leur véritable dimension, leur vérité-de-situation, au grand événement-USA depuis le 25 mai (la Grande-Emeute2020).
En fait, l’événement s’enchaîne parfaitement sur la crise-Covid19, une vraie pandémie celle-là, – ou bien une pandémie-faussaire, comme nous l’affirment certains, au bord de la crise de nerfs ; et voilà qui est parfait, ces nuances sinon ces contradictions d’appréciation (vraie catastrophe sanitaire d’un côté, véritable complot infra-politique et hyper-manipulateur pour d’autres), qui donnent au symbole de “la pandémie” une ampleur extrême des domaines concernés, et donc peut parfaitement y inclure la crise de la Grande-Emeute2020, aux USA et, à partir de là, globalisée vers le monde stupéfait de la galopade effrénée de cette pathologie. Les deux pandémies ont donc la même ampleur, la même ambition de globalisation, marquant dans quelle mesure assurée nous parlons bien et chaleureusement, et avec enthousiasme certes, de la même chose, – c’est-à-dire de la sublime stupidité, de l’aveuglement transcendantal, de la zombification multiethnique et antiraciste, – tout cela caractérisant la “pensée” courante, c’est-à-dire “en cours” et courant à grandes enjambées, dans les bornes culbutées de leurs socles statuaires et les frontières ouvertes du ‘Nouveau Monde’, – leur sacrément New-Brave-World, – vers l'effondrement cosmique et final.
Il n’y a donc rien à comprendre selon les références habituelles, celles de la pesante raison humaine, laquelle est si lourde de son arrogance, de ses certitudes et de sa suffisance absolument extraordinaires, de l’unicité quasi-sidérée de son discours réduit au plus petit dénominateur commun (PPDC) du balbutiement hagard nous servant en général d’expression et de communication devant l’empilement d’événements extraordinaires, – avec ce clin d’œil qui semble nous dire, le malin, “Chchttt, faisons mine de tout comprendre puisque nous n’y comprenons rien”, en ajoutant “Ce que je ne peux étouffer, je l’embrasse”. Tout cela nous fait barboter et glapir dans une philosophie déstructurante à l’envi.
Ainsi les réactions courantes du sapiens-sapienset de sa raison-raisonnante et triomphante laissent-elles le champ libre, malgré toutes les censures du monde, à l’architecture symbolique que l’intuition nous invite à construire pour mieux apprécier la grandeur et la force des événements en cours. Il est vrai que l’on peut censurer la communication et mettre la raison en procès au nom d’une autre raison, mais l’intuition évolue dans une nature du monde hors de notre triste-monde, et les symboles qu’elle génère se jouent des obstacles du censeur.
Il se déduit de tout cela que l’ère où nous nous trouvons, qui finalement commença effectivement en 1999-2001 (guerre du Kosovo et 11-septembre), est bien celle de la pandémie, de l’infection par contamination. L’année 2020 couronne cette vérité-de-situation en liant une véritable pandémie, devenue ainsi elle-même symbolique d’elle-même, aux autres événements gigantesques qui secouent ce monde fabriqué par le Système et mis en place par son exécutant fidèle et zélé qu’est le système de l’américanisme. Le malade s’effondrera donc à l’heure dite, toujours fidèle au rendez-vous.
(*) Il ne me reste que deux exemplaires de ce livre, que je garde bien entendu, – “précieusement”, je ne sais pas. ‘Le monde malade de l’Amérique’ a été, comme c’est la coutume avec moi, un remarquable worst-seller, le nombre d’exemplaires vendus se comptant en petites centaines discrètes et effacées. Je ne sais pas s’il en reste, ce qu’ils sont devenus, où l’on peut en trouver, etc., sauf l’omniprésent et détestable Amazon, bien entendu, où il est présenté à la vente avec sept exemplaires d’occasion. Si le cœur vous en dit... (Précision : j’ignore pourquoi, le livre est présenté chez ces Yankees avec la date du 23 octobre 2003, ce qui pourrait faire croire qu’il s’agit de date [il manque l’heure !] de publication. Il n’en est rien : le livre a été publié à la fin du printemps 1999.)