Le naufrage sans fin de l’American Dream

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La fameuse notion d’American Dream n’est pas seulement un mythe au pouvoir de fascination important, mais au contenu assez vague comme le sont en général les mythes. C’est aussi une notion que le monde sociologique et universitaire US a voulu apprécier d’une manière “scientifique”, comme un état social spécifique. D’une façon générale pour ce point de vue, l’American Dream implique le développement et le triomphe d’une classe moyenne américaniste, signifiant que le système a apporté à des citoyens très démunis au départ, en général les immigrants ou les pauvres du système capitaliste, un standard de vie significatif.

L’American Dream, de ce point de vue, se mesure par une installation dans la vie sociale marquée par la disposition d’une maison particulière, du confort ménager, d’une ou deux voitures, etc., et, d’une façon générale, par des revenus en augmentation régulière. L’American Dream, c’est le bonheur “à portée de tous” mesuré en termes économiques. Cette notion de “bonheur” renvoie effectivement aux termes mêmes de la Déclaration d'Indépendance de Thomas Jefferson (le “droit au bonheur''), – idée et expression qui ont toujours été appréciées comme révolutionnaires.

On comprend alors combien les statistiques et enquêtes qui s’accumulent contribuent à accroître le pessimisme, tant des citoyens US eux-mêmes que des membres de l’establishment. L’idée est partout présente: «American Dream seems to be shrinking», selon UPI.com, le 9 juin. L’agence de presse rapporte les derniers statistiques sur le long terme, si inquiétantes, telles qu’elles sont publiées par USA Today.

«The U.S. median family income fell behind in each year from 2001 to 2007 even as the economy grew, economists said Monday. The median income – where half the family incomes stand above and half below – fell from $59,398 in 2000 to $58,407 in 2007, USA Today reported.

»“This is the first business cycle on record where the median family income failed to recover its previous peak,” Jared Bernstein of the Economic Policy Institute told the newspaper. The slide is likely to provoke downsizing in cars, homes and gadgets, the report said.

»From 1975 to 2007, the median family home size grew by 50 percent. But shrinking credit and ballooning heating prices are likely to lead to smaller house building projects.»

L’état d’esprit est, bien entendu, à mesure, crépusculaire et mélancolique. Le pessimisme actuel des Américains, suivant une dégradation continue, constitue un autre phénomène important dans la mesure où il interdit d’envisager un redressement à force de réaction psychologique de la situation actuelle, et de ses tendances.

«A new USA Today poll finds that 54 percent of those surveyed say “their standard of living is no better today than five years ago,” while a recent CNN/Opinion Research poll showed that 78 percent of respondents believe the current state of the nation's economy is poor or very poor. Nineteen percent think the economy is somewhat good, a mere 3 percent say it is very good, and only 46 percent of respondents expect conditions to be somewhat good at this time next year.»

Ces lignes sont extraites du Progress Report de AmericanProgressAction.org, du 10 juin, avec comme titre «American Dream Unraveling»... Le rapport fait une bonne synthèse des diverses informations et sources documentant la situation économique et psychologique de l’Amérique. Après une accalmie (dans les nouvelles uniquement), la dégradation continue de l’économie US, et le pessimisme des citoyens, sont redevenus un sujet central aux USA.


Mis en ligne le 10 juin 2008 à 09H32