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490621 août 2022 (16H20) – ... Mais deuil momentané, assuré de l’accueil fait à ses morts dans l’autre monde, tant ce courant de pensée allant de Platon à Plotin dépasse le temps et se moque des ‘temps-devenus-fous’. Car c’est bien ce que je retiens de plus haut de l’assassinat de Daria Douguine, c’est-à-dire ce qui faisait ce qu’elle fut, avec ce parallèle d’au-delà nos absurdités sanglantes :
« Toutes les deux [Daria et Hypatie d’Alexandrie]étaient néo-platoniciennes et toutes les deux ont été odieusement assassinées par les séides d'une pensée unique intolérante. »
Je ne suis pas assez noyé ni accablé de culture universitaire et de constructions politiques pour m’arrêter à des analyses et des prévisions suivant cet acte, ou bien, comme l’on fait dans ce monde où je vis plus que par procuration, le saluer par le silence à peine gêné, le sarcasme de fortune ou le slogan robotisé. Pour cette raison, je m’en remets à mon intuitions, pour dire que j’en trouve l’expression particulièrement dans ce commentaire, – je vous laisse le soin d’en retrouver la trace dans ce qui suit, – où il est dit qu’il faut y voir... :
« ...un choc émotionnel qui va radicaliser l'affrontement ontologique entre la Russie et l’Occident et par conséquent la dimension eschatologique de cette guerre russo-atlantiste commencée il y a 8 années sur le Maïdan et dans le Donbass et qui cette année a fini par exploser, tel un volcan sous pression. »
Au-delà de la peine et de l’horreur de ceux qui l’ont connue, je tends à croire comme l’on sait bien à la profonde signification d’événements dont nous n’avons ni le contrôle, ni la compréhension, et qui sont mus par des forces extrahumaines. Ces événements parlent aux âmes, sans avoir à passer par le New York ‘Times’ et les ‘fact-chekers’ de l’Im-Monde. Ce qui s’est passé dans la tragédie de samedi soir à Moscou dépend, pour ses conséquences, de cette sorte d’événements, et il me semble assez raisonnable (!) d’envisager qu’il annonce et peut-être suscite des effets d’ores et déjà en marche vers l’accélération de la GrandeCrise.
Il y a tout, en lui, pour constituer l’une de ces tragédies métahistoriques qui ne peuvent, dans ses véritables dimensions, qu’être indifférentes et ignorées des mécanismes du système de la communication tels qu’ils sont utilisés par tout ce qui se réfère au Système, – et particulièrement, cela, pour la presseSystème qui est devenue une simple caisse de résonnance de la narrative du Système. Par conséquent, les réactions et commentateurs qu’on y peut lire ont, dans mon chef, l’intérêt qui va avec ce jugement.
Je pense qu’il est pour l’instant honorable de donner ici quelques extraits de réactions qui m’ont paru significatives, sans qu’il soit nécessaire pour l’instant, sous le coup de circonstances où l’émotion a une grande part, de m’attacher à mes propres sentiments. Ils sont pourtant bien ceux que l’on imagine qu’ils sont, si l’on me connaît bien. Le choix que j’opère dans ces réactions est nécessairement biaisé, ce que j’assume entièrement et même m’en félicite, n’ayant plus le moindre goût, – conséquence du Covid j’imagine, – de suivre les “lignes droites”, les “lignes rouges” et “les clous” que cette époque infâme sème comme autant de contraintes suscitées par sa conception de la liberté d’expression.
Disons qu’une sorte de réaction extrêmement classique et conforme, bien que venu d’une source qui se veut indépendante, et telle qu’elle est reprise par ‘ZeroHedge.com’ comme un de ses lecteur sous le pseudo de ‘BlueApple’, va assez vaguement, s’attachant à l’interprétation générale selon laquelle l’attentat visait en fait Alexandre Douguine :
« Toute tentative d'attentat contre Douguine pourrait servir de provocation à l'escalade de la guerre bien au-delà de la simple Ukraine. Au fil de la guerre, les responsables russes ont commencé à déclarer que les attaques de l'Ukraine équivalaient à une action militaire des États-Unis et de leurs autres alliés fortement investis dans le conflit. Compte tenu des récentes attaques du régime de Zelenski contre la Crimée, qui ont été sanctionnées par l'axe OTAN dirigé par les États-Unis, les inquiétudes croissantes concernant les ramifications d'un théâtre de guerre émergeant sur le territoire russe pourraient s'être finalement manifestées dans la réalité, marquant un moment décisif dans le conflit qui prévoit un avenir funeste loin de toute résolution. »
Le même ‘ZeroHedge.com’ reprend pour son compte la même interprétation, mais avec la précision, rarement admise dans la narrative-Système, pour qui Douguine est “le Raspoutine de Poutine”, – car on ne résiste pas, autant à la CIA qu’au MI6, à une rime de cette force, – ce qui est contraire à la réalité :
« L'Ukraine se prépare à une probable escalade des attaques russes après l'assassinat, la nuit dernière, de la fille d'Alexander Dugin - Darya Dugina, – par ce qui semble être une voiture piégée alors qu'elle rentrait en voiture d’une conférence. Sur la base des détails qui ont émergé, beaucoup pensent qu'il s’agissait d’une tentative d’assassinat sur l’éminent mais profondément controversé commentateur politique et philosophe russe lui-même.
» Contrairement aux gros titres occidentaux exagérés qui le présentent comme “le cerveau de Poutine”, rien ne prouve que Douguine et Poutine se soient jamais rencontrés (et encore moins une photo des deux ensemble ou dans la même pièce, ce que nous n'avons pas encore trouvé), bien que l’influence de la pensée de Douguine sur certains cercles politiques russes soit évidente. Il a longtemps joué un rôle central dans le développement de l'idéologie dite du “monde russe”, mais son influence sur les cercles politiques du Kremlin a été, au mieux, marginale, surtout depuis 2014, étant donné qu’il s’est montré beaucoup plus belliciste et maximaliste en ce qui concerne la crise ukrainienne, parfois de manière inconfortable pour les dirigeants politiques russes. »
Ainsi, des observations d’une politologue russe de tendance plutôt libérale, ou dans tous les cas centriste, met en évidence les conséquences des interprétations primaires, dans le bloc-BAO, sur cet attentat, jusqu’aux sordides réactions de satisfaction qui n’ont pas manqué. Maria Dubovikovaa donc longuement tweetésur la mort de Daria Douguine, la fille d’Alexandre Douguine, et l’on s’en tiendra au dernier de la série qui résume son propos :
« La tentative de meurtre de Douguine, le philosophe russe, qui a entraîné la mort de sa fille et qui est acclamée dans les segments ukrainiens et occidentaux des médias sociaux ne fait que deux choses :
» • elle élève le niveau de haine à l'extrême parmi les Russes et
» • elle ne laisse aucune illusion.
» ...Et si auparavant peu de Russes étaient au courant de l'existence de Douguine et de ses idées, soyez sûrs que désormais tout le monde le connaîtra et que beaucoup le suivront. »
Une réaction beaucoup plus longue et plus élaboréed’Andrei Martyanov, sur son site ‘Reminiscence of the Future’, tout en saluant bien sûr la mémoire de la victime, s’attache essentiellement à dénoncer l’idée selon laquelle Douguine est un inspirateur de Poutine. Son jugement sur Douguine est extrêmement radical, sinon même violent, mettant en évidence des antagonismes profonds dans le clamp russe, y compris, comme c’est le cas ici, chez ceux qui sont également partisans de la politique de Poutine et de l’“Opération Militaire Spéciale” en Ukraine. Il s’agit d’un aspect rarement mis en évidence et qui est pourtant d’une réelle importance, souvent à partir de sentiments personnels qui peuvent aussi bien naître de jalousies et d’inimitiés qui n’ont rien de fondamental politiquement.
Ici, à lire Martianov, on est assez proche du jugement selon lequel Daria Douguine a été l’innocente victime d’une fausse réputation faite à son père, lequel se serait lui-même employé à l’entretenir. De même, on en retire l’idée assez attristante que la valeur d’un intellectuel (Douguine en l’occurrence) ne serait mesurable qu’en fonction de l’influence qu’il exercerait (ou n’exercerait pas) sur le président de la Russie.
« Dougine n'a JAMAIS été “le cerveau de Poutine”, ni n'a jamais été “influent”, tous ces sobriquets étant une pure fantaisie concoctée dans la poubelle des médias occidentaux et, malheureusement, promue par Dugin lui-même. Voici ce que dit aujourd'hui le célèbre observateur politique russe Bondarenko :
» “En attendant, Alexandre Douguine n'est ni un nazi ni un raciste, et encore moins ‘le cerveau de Poutine’. Douguine était plus populaire et plus demandé en Occident qu'en Russie. C'est un polyglotte qui parle couramment 20 langues, ce qui signifie qu'à son arrivée dans n'importe quel pays, il pouvait très bien donner des interviews aux médias locaux dans leur langue. Sa popularité est devenue l'une des raisons pour lesquelles Douguine a été considéré et positionné en Europe comme un conseiller du Kremlin, bien qu'en fait Alexandre Douguine ne soit plus associé au Kremlin depuis très longtemps. Dans le même temps, le philosophe lui-même a soutenu cette réputation, car elle l'a rendu encore plus demandé à l'Ouest”, explique au journal VZGLYAD Oleg Bondarenko, un célèbre politologue russe.
» J’affirme depuis des années que Douguine n'est rien de plus qu'un démagogue et un homme grossièrement inculte, à l'exception de ses connaissances linguistiques, dont les opinions sur la géopolitique sont celles d'un amateur. Malheureusement, il est toujours apparu comme une sorte de “faucon” de la Russie, et cette qualité, combinée à sa réputation grossièrement exagérée dans les médias occidentaux, pourrait être l'une des raisons de cet événement tragique, dont Daria est devenue une victime. Je suis de tout cœur avec Daria et ses parents. RIP, Daria. Seulement 30 ans. »
Je ferais une place particulière pour un texte de Pépé Escobar qui vient d’être publiésur ‘Strategic-Culture.org’. Escobar mentionne d’abord, avec chaleur et tristesse, ses liens d’amitié avec Daria Douguine (“Darya Dugina”) :
« Darya Dugina est partie voler comme un aigle dans les cieux d’un autre monde. Darya Dugina, 30 ans, fille d’Alexandre Dugin, une jeune femme intelligente, forte, pleine d’entrain et entreprenante, que j’ai rencontrée à Moscou et que j’ai eu l’honneur de chérir en tant qu'amie... »
Pépé Escobar met en évidence combien cet assassinat intervient symboliquement et affreusement pour marquer la nécessité pour la direction russe d’envisager un nouvel échelon dans le conflit ukrainien, alors que l’implication de l’OTAN et des USA est toujours aussi importante. Il se demande si l’assassinat n’est pas l’événement qui doit conduire à ce prolongement capital, s’il n’est pas l’événement sur lequel Poutine s’appuierait, ou plutôt devrait s’appuyer pour modifier la dimension structurelle du conflit.
En ce sens, même si Douguine n’a aucune influence sur Poutine et sur la direction russe, Escobar développe l’hypothèse qu’il pourrait, qu’il devrait en avoir une ; qu’elle soit indirecte plutôt que directe, qu’importe, comme importent peu les susceptibilités et les argumentations des uns et des autres concernant Douguine... Dans un temps où les facteurs indirects, – tout ce qui est symbolique et tout ce qui est communication, – pèsent d’un poids bien plus grand qu’une réalité dont plus personne ne parvient à rendre compte, le poids indirect d’un tel événement aussi tragique lié ô combien à Alexandre Douguine montre que Douguine exerce une influence, quoi qu’il en coûte et quoi qu’on en veuille...
« ...La vraie question – brûlante – est de savoir dans quelle mesure le Kremlin et les services de renseignement russes réagiront lorsqu'il sera pleinement établi que le SBU et l'OTAN ont concocté le complot de Douguine. C’est le terrorisme de Kiev aux portes de Moscou. Cela signifie “ligne rouge” en rouge sang, et une réponse liée à la promesse réitérée, par Poutine lui-même, de frapper les “centres de décision”.
» Ce sera une décision fatidique. Moscou n’est pas en guerre contre les marionnettes de Kiev, essentiellement – mais contre l'OTAN. Et vice-versa. Tous les paris sont ouverts sur la façon dont la tragédie de Darya Dougine pourrait finalement accélérer le calendrier russe, en termes de révision radicale de leur stratégie à long terme jusqu'à présent.
» Moscou peut décapiter la bande de Kiev avec quelques missiles hypersoniques. Mais c'est trop facile ; après, avec qui négocier l'avenir de l'Ukraine croupion ?
» En revanche, ne rien faire, c'est accepter une invasion terroriste imminente et de facto de la Fédération de Russie : la tragédie de Darya Dougine aux stéroïdes.
» Dans son avant-dernier message sur Telegram, Dougine a une fois de plus défini les enjeux. Voici les points essentiels à retenir.
» Il appelle les dirigeants russes à des transformations “structurelles, idéologiques, personnelles, institutionnelles et stratégiques”.
» S'appuyant sur les preuves – de la multiplication des attaques contre la Crimée aux tentatives de provoquer une catastrophe nucléaire à Zaporozhye – il conclut à juste titre que la sphère de l'OTAN a “décidé de tenir en face jusqu'au bout. On peut les comprendre : La Russie a réellement (et ce n'est pas de la propagande) défié l'Occident en tant que civilisation”.
» La conclusion est sans appel : “Nous devons donc aller jusqu'au bout”. Cela rejoint ce que Poutine lui-même a affirmé : “Nous n'avons pas encore vraiment commencé quelque chose”. Dougine : “Maintenant, nous devons commencer”.
» Dougine propose que le statu quo actuel autour de l'opération Z ne puisse pas durer plus de six mois. Il ne fait aucun doute que “les plaques tectoniques ont bougé”. Darya Dougine est partie voler comme un aigle dans les cieux d’un autre monde. La question est de savoir si sa tragédie deviendra le catalyseur qui propulsera l'ambiguïté stratégique de Poutine à un tout autre niveau. »
A partir de là, on abandonne, peut-être non sans un certain soulagement pour mon compte, les spéculations politiques dans tous les sens pour en venir finalement à ce qui n’est pas sans intérêt ni émotion spirituelle, qui est la personnalité de la victime. Je ne la connais pas et j’en juge donc indirectement, par témoignages interposés, mais aussi par la qualité de ces témoignages par rapport à la position et la personnalité de leurs auteurs et des “avantages” politiques ou autres qu’ils pourraient en retirer, – ou, comme c’est beaucoup plus assurés, qu’ils n'en retirent absolument pas, laissant le champ libre à l’hypothèse du jugement loyal et du sentiment pur.
Il ne sera donc pas question dans ces trois extraits de spéculations politiques, ni même philosophiques dans le sens technique d’ailleurs, mais bien d’humanité pure, de spéculations élevées, de mort et d’éternité. Je vous avoue que je m’y sens plus à l’aise, loin des geignements et des cris de fureur venus de l’arène d’un monde devenu fou. Il s’agit de quelques moments de recueillement et d’une gravité qui n’est pas désespérée mais qui donne la mesure réelle de l’événement. Je pense que c’est la meilleure réponse que l’on puisse apporter aux tueurs robotisés, fanatisés, aveuglés, débarrassés de tout sentiment non négociable sinon en leur poids d’or vil et de corruption vénale...
D’abord, il y a cet extrait d’un long texteparu sur le site de la revue ‘éléments’, dont les Douguine étaient des habitués. Il faut lire le texte, très long car nombre de gens de la revue avaient rencontré et estimé Daria Douguine.
« La seule présence de Darya embellissait la vie. Dès qu’on avait besoin d’elle, elle répondait présente, qu’il s’agisse d’organiser une conférence ou un entretien avec son père ou de préparer des entretiens avec d’autres écrivains russes comme Zakhar Prilepine. Ce n’était pas l’ombre portée de son père, mais une image rayonnante. “La femme russe donne tout quand elle aime, et l’instant et la destinée, et le présent, et l’avenir : elles ne savent pas faire d’économies, elles ne font pas de réserves et leur beauté s’en va, au profit de celui qu’elles aiment”, disait Dostoïevski. Voilà qui était Darya Douguine. À ceci près que sa beauté ne s’en allait pas, elle se régénérait d’elle-même. Tout comme sa force et sa combativité. Solide comme un roc, Darya pratiquait également l’humour à froid : “Je suis fière d’être née chez les Douguine, je suis dans le même bateau que lui, comme vous dites en France, mais moi je ne suis interdit de séjour qu’au Royaume-Uni, tandis que lui l’est dans tout l’Occident. En tout cas, c’est la preuve que nous sommes sur le chemin de la vérité contre le globalisme”.
» Comme une ultime élégance, elle n’est jamais parvenue à placer la France dans le camp des ennemis de la Russie.
» Chère Darya, les héroïnes ne meurent jamais. Sit tibi terra levis, Puisse la terre te paraître légère. »
Ensuite, ce sera le témoignage d’un vieil homme, comme lui-même se caractérise, – Maurizio Murelli, éditeur italien d'Alexandre Douguine. On le sent éditeur comme on rêve les éditeurs : par amour du livre, par fascination du texte, par affection pour l’auteur. Sa colère est à la fois homérique et sublime, justifiée par ce simple constat : “Ils ont attaqué la Grâce et la Beauté”. Le vieil éditeur leur fera sentir sa colère digne de la « colère divine » du divin Achille.
« Quant à l'attentat lui-même, je pense que personne parmi les êtres humains n'est plus abject, plus répugnant et ne mérite aucune pitié que ceux qui attaquent la vie des poètes et des philosophes. Et je dis que si le démon de l'abandon prenait le dessus en moi, me poussant à m'isoler, à me retirer, à me mettre au repos, ce soir ce démon a été transpercé par l'arme la plus tranchante en ma possession. Mon sac à dos est rempli d'instruments recueillis en cours de route. Il y a tant de croix sur le bord de mon chemin que j'ai dû affronter, mais celle qui se dresse aujourd'hui sur le corps de Daria est la plus ardente. Ils ont attaqué la Grâce, la Beauté, et j'ai le devoir de l'honorer en assumant une part de son héritage. Je suis vieux, mais je suis toujours en armes... et le serai d'autant plus pour Daria que le destin m'a fait connaître. »
Il y a enfin l’hommage de Erwin Castel, curieux personnage et haut en couleur, fort en gueule et porteur d’héroïsme. Dans son « Qui suis-je ? », Castel se dit « breton, polythéiste et européen », ancien officier para français, indépendantiste breton, guide pour la forêt amazonienne, enfin combattant dans les forces depuis 2014-2015 dans les forces de l’armée de la République Populaire de Donetsk, dans le Donbass. Castel, commentateur aussi bien technique et stratège que lyrique, s’il est évidemment contre les antirusses, se garde aussi des balivernes de certains pro-russes trop pressés d’avoir raison, qu’il accable souvent de ses sarcasmes. Il a une vision symbolique et eschatologique de l’assassinat.
« Je pense que l'ignoble assassinat de Daria Douguine est un choc émotionnel qui va radicaliser l'affrontement ontologique entre la Russie et l'Occident et par conséquent la dimension eschatologique de cette guerre russo-atlantiste commencée il y a 8 années sur le Maïdan et dans le Donbass et qui cette année a fini par exploser, tel un volcan sous pression.
» L'émotion digne des peuples de Russie s’inclinant unanimement devant le martyr de Daria Douguine, et qui n'a d'égal en intensité que la haine irrationnelle des occidentaux envers son père Alexandre terrassé par le chagrin jusqu'à être hospitalisé, montre bien que c'est l'âme de la Russie qui a été touché par cet acte terroriste abject.
» Daria était la princesse de son père mais aussi l’héritière de sa pensée philosophique qu’elle élevait par l’excellence de son raisonnement et l'élégance de sa personnalité. Assassiner un penseur, une femme et une enfant est un acte qui sort définitivement leurs auteurs et la cause qu'ils prétendent défendre de toute forme d'humanité.
» En devenant martyre, Daria incarne cette sagesse éternelle que même le temps ne saura éteindre la lumière, et elle rejoint au panthéon de la mémoire et de l'espérance ces autres philosophes assassinés par les dictatures idéologiques de l’Histoire: Socrate, Pierre de la Ramée, Moritz Schlick, Ahmad Kasravi, Sayd Bahodine Majrouh...
» Mais le martyr de Daria “Platonova”, me fait surtout penser à celui d'Hypatie d’Alexandrie, car tant de points communs les unissent jusque dans leurs morts tragiques : femmes brillantes de sagesse, de générosité et de beauté, gardiennes à la fois de la Tradition et de la Science et philosophes humanistes...
» Toutes les deux étaient néo-platoniciennes et toutes les deux ont été odieusement assassinées par les séides d'une pensée unique intolérante. »
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