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471On ne va pas s’attarder ici à l’attitude d’ignorance-censure que le New York Times (NYT) a pratiqué, comme ses congénères de la presse-Système, durant des mois vis-à-vis du non-candidat Ron Paul. On s’attardera plutôt à un nouvel article qui est indirectement favorable à ce même Ron Paul, – on dirait “objectivement”, comme sans y toucher, sans se compromettre mais en s’y mettant tout de même. C’est le deuxième article en une semaine (on signalait déjà, le 19 décembre 2011, l’article du NYT du 16 décembre 2011, assez favorable à Ron Paul sauf, paradoxalement par rapport à ce qui suit, ou bien significativement au contraire, pour ce qui est de sa politique extérieure anti-guerre)…
Il s’agit d’un article sur la popularité de Ron Paul chez les militaires US. On ne peut dire qu’il soit brûlant d’actualité, puisque la chose est déjà largement acquise depuis des mois (voir, par exemple, notre texte du 22 juillet 2011). Mais quoi, c’est Noël et le temps de la paix, n’est-ce pas, “paix sur la terre aux hommes de bonne volonté”, – et le NYT ne manque pas de célébrer l’occasion… Car c’est exactement de cette façon que commence l’article du 22 décembre 2011 du NYT, de Timothy Egan : «So this is Christmas, season of peace, time to reflect on the people coming home from a war that most Americans say was not worth it, and those still fighting in another war that raises new doubts by the day», – bla bla bla…
Après avoir rappelé des déclarations de Ron Paul et observé, d’une façon matoise et soi-disant habile, pour ménager le suspens pour “nos chers lecteurs”, qu’un tel candidat anti-guerre ne devrait pas plaire aux soldats,– eh bien non, nous dit l’auteur, voilà que ce langage plaît aux soldats ; et, après tout, comment ne pas le comprendre, et les comprendre eux-mêmes, nos braves boys ? Le propos est goûteux, quand l’on sait ce que le NYT a dépensé d’encre pour nous convaincre de nous lancer dans ces guerres diverses, de l’Irak à l’Afghanistan.
«What seems, at first blush, counterintuitive makes more sense upon further review. There’s a long tradition of military people being attracted to politicians with Paul’s strict interpretation of the Constitution.
»Not even a full 1 percent of Americans are active-duty military. The troops have become props for politicians who shower them with fulsome praise, while dreaming up schemes to send them into harm’s way. Yet, these soldiers, sailors, air men and women, and assorted boots on the ground know the cost — in trauma, in lives ruined, in friends lost, in good intentions gone bad — of going to war far more than the 99 percent not currently serving. Where they put their money in a campaign, paltry though it may be in comparison to the corporate lords who control a majority of our politicians, says a great deal.
»And if the overwhelming service support for Ron Paul is any indication, the grunts of American foreign policy are gun-shy about further engagement in “useless wars,” to use Dr. Paul’s term. “It’s not a good sign when the people doing the fighting are saying, ‘Why are we here?’” said Glen Massie, a Marine Corps veteran who lives in Des Moines, Iowa, and is supporting Paul for president. “They realize they’re being utilized for other purposes — nation building and being world’s policeman — and it’s not what they signed up for.”»
Après avoir détaillé quelques faiblesses de Paul, et affirmé comme il se doit, que Paul ne serait pas désigné par le parti républicain (mais sans dire qu’il ne sera pas président, – c’est-à-dire, sans évoquer l’hypothèse “nucléaire” qui terrorise tout le monde, les républicains en premier, d’une candidature indépendante de Paul), le NYT conclut, toujours fort accommodant pour Ron Paul, sinon apologétique après tout… Et voilà Ron Paul, l’homme qui, lui, au moins, a fait son service dans l’USAF selon sa qualification professionnelle, glorifié aux dépens d’un Newt Gingrich, le chickenhawk qui joue avec la guerre sans avoir porté une seule fois l’uniforme. (Le mot “chickenhawk”, expression intraduisible sinon par des phrases du type “la poule mouillée qui joue au guerrier” ou “le planqué qui joue au va-t’en-guerre”, fut employé souvent pour désigner les neocons et autres partisans de la guerre à outrance, type Dick Cheney, qui n’avaient jamais porté l’uniforme et évité les guerres de l’Empire de leur temps, comme le même Cheney qui se priva du service au Vietnam en arguant qu’il avait, à l’époque, “d’autres priorités”.) Etonnez-vous, après cela, si nos glorieux boys préfèrent envoyer leurs dollars au premier (Paul) qu’au second (Gingrich).
«But, strictly considered, as the iconoclast among the toy warriors seeking to be the next president, Paul has performed an admirable service. His jabbing at Gingrich, now trying to get traction with an unconstitutional plan to arrest judges whose rulings he disagrees with, has been particularly productive. In Gingrich, we have the perfect combination of a blowhard who wants to play with real weapons, a chicken hawk and a politician who wears a rental sign to cover the empty space where principles should be.
»Gingrich and other Republicans sound eager to rush into combat with Iran, should that theocratic nightmare of a country develop a nuclear weapon. Paul shrugs at the thought. And he’s consistently called the Iraq war an unnecessary disaster.
»Romney claimed, in November, that President Obama’s decision to bring home all American troops from Iraq was premature and represented “an astonishing failure.” True to his trademark elasticity, Romney has now changed his mind and is fine with bringing the troops home. Perhaps he’s been reading the polls that show that nearly two-thirds of all Americans think the Iraq war was not worth the loss of lives and treasury.
»The young people who actually fought in Iraq know better. They can tell a phony warrior from a real one. And in Ron Paul, the veteran who served as a flight surgeon for the Air Force, the man some call crazy, they hear a voice of sanity — at least in the realm of war and peace.»
…Ainsi le NYT n’est-il pas vraiment pour Ron Paul, mais pas vraiment contre non plus. L’évolution de notre grand “quotidien de référence” à tous est un indice intéressant de la situation intérieure aux USA, dont l’évolution en 2012 est si évidemment capitale pour nous tous tant ce pays joue un rôle moteur, vers le bas comme vers l’avant, vers l’autodestruction comme il le tint vers la surpuissance. Encore plus qu’une signification pour le cas lui-même de Ron Paul, nous verrions dans les sinuosités arrangeantes et d’une habileté de boutiquier vis-à-vis de Ron Paul du NYT, une indication de l’incertitude extraordinaire de cette situation intérieure telle que la perçoit le même NYT. Cette situation nous dit que même les vertueux et incomparables professionnels du canard glorieux ne savent plus où nous allons, vers quoi nous nous dirigeons… En attendant, quelques gages de bonne volonté vis-à-vis de l’impayable Ron Paul, ce n’est pas inutile.
L’hypocrisie pateline et pompeuse du NYT, illustrant parfaitement l’évolution des grands esprits “libéraux” de notre contre-civilisation, n’est certainement pas inutile. C’est un précieux baromètre de l’orientation des grands évènements des USA à partir desquels se répercutent ceux qui secouent toute notre contre-civilisation. La perspective est bien incertaine... 2012, Here we come.
Mis en ligne le 24 décembre 2011 à 12H18
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