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794Après le redressement du “oui” suivant la mobilisation générale des jeunes de 7 à 77 ans (Chirac, VGE, Veil, Jospin, Delors), qui suivait elle-même l’épuisante litanie des sondages donnant le “non” vainqueur, la campagne de France de la Constitution européenne a pris l’aspect d’une énorme meringue à la chantilly. Bien sucrée, bien croquante, soufflée et pleine de vide au cœur (mais le coeur gros comme ça). Un coup d’œil.
Le texte de The Independent aujourd’hui fera bien l’affaire. D’ailleurs, tout le monde a eu des échos de ce grand show européo-culturel, à Paris, ces deux derniers jours. Sans doute ne s’y est-il pas dit que des sottises malgré la concurrence, car ni le “oui” ni les 800 (ai-je bien compté?) artistes rassemblés en troupeau ne sont pas dispensateurs uniquement de sottise. Il y a de l’intelligence dans le “oui” et dans quelques-uns des 800 artistes du troupeau.
Il n’empêche : la présentation, c’est-à-dire l’effet obtenu par les spécialistes de la communication, constitue une bonne illustration de la vulgarité étendue aux confins de la globalisation de la pensée courante, sous l’inflexible dictature du conformisme. Il est dommage que le “oui” soit obligé, semble-t-il, de s’y soumettre. Il le fait avec bonne grâce et, parfois, semble-t-il, comme avec une disposition naturelle.
Ici, quelques échos du troupeau, des avis autorisés, et uniquement en “anglais international” dans la ville qui est la mère des Arts et des Lettres de la civilisation européenne, parce que l’événement mérite effectivement ce moyen de communication (cette langue de l’“anglais international”, sans rapport avec Shakespeare).
« I am voting ‘yes’. It is as if you were walking by a stream and you came to a river. What do you do? Stay on the river bank? No. You get on a boat and see where it takes you. » (Jeanne Moreau) « Don't bore yourselves reading all 800 pages of the treaty. Just vote ‘yes’. It's so important. » (Vivienne Westwood, artiste, styliste de Londres) « We must vote yes. We, the French, cannot remain outside Europe. That would be taking a step backwards. It would not be a good thing. » (Johnny Halliday)
Il y a une certaine franchise dans les avis de ces Artistes en service commandé. Les arguments résument parfaitement les grands axes de la communication. Ils vont de la solitude terrifiante de la France à l’invitation à voter “oui”, it’s so important, sans avoir besoin d’y rien comprendre, parce que c’est sympa de voter “oui”, — ou bien, plus simplement, parce que ce serait ne pas faire comme tout le monde. C’est la victoire en s’alignant.
Mis en ligne le 4 mai 2005 à 9H45