Le “oui MAIS” de l’OTAN à la Géorgie, et l’attaque (de l’OTAN) contre l’UE

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L’OTAN a fait son show grandiloquent à Tbilissi, avec une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord dans la capitale géorgienne. L’OTAN prend donc la posture offensive qui sied à une alliance responsable, mais dans le champ médiatique. C’est moins imprudent que les chars avec leurs chenilles qui cliquètent.

Le secrétaire général de l’OTAN a marqué l’intention (théorique) de l’Alliance de poursuivre, de concert avec la Géorgie, dans la voie menant vers une adhésion de la Géorgie mais il a observé également que la route est longue, d’autant qu’on découvre certains obstacles inattendus. C’est ainsi qu’un fort grand cas est fait désormais de la posture nettement pas assez démocratique de la Géorgie, bien que ce même pays ait été si souvent applaudi comme un modèle à cet égard, notamment par Bush le 1er avril de cette année. Du coup, comme on le comprend, si l’adhésion reste complètement souhaitable, elle l’est à terme, mais un terme qui pourrait s’avérer long tant il est difficile de devenir une démocratie parfaite à l'image des exemplaires pays occidentaux.

Selon Reuters du 15 septembre:

«[ NATO Secretary-General Jaap de Hoop Scheffer] was in Tbilisi to underscore NATO support for Georgia after a five-day war in which Russia drew Western condemnation by sending in troops to crush a Georgian attempt to retake the rebel South Ossetia region. But he made no mention of whether Georgia will be given a Membership Action Plan – a roadmap for accession – when NATO meets for a summit in December. Alliance members are split over the wisdom of admitting Georgia in the near future.

»“Russia's use of force was disproportionate and Russia must now comply with all elements of the six-point plan brokered by French President Sarkozy,” de Hoop Scheffer said, referring to a ceasefire agreement France brokered on behalf of the EU. “At the same time, despite the difficult situation, we expect Georgia to firmly stay the course of democracy and reform,” the NATO chief told a meeting of ambassadors of the 26 NATO countries in a Tbilisi hotel. “Dedication to these fundamental values remains essential for Georgia on its path to Euro-Atlantic integration.”»

Parallèlement, dans une interview au Financial Times, le Secrétaire général de l’OTAN a attaqué vigoureusement l’accord passé entre l’UE et la Russie lors de la visite de Sarkozy le 8 septembre. Il est un peu revenu sur cette attaque par le biais d’un porte-parole mais la chose reste dite, plus encore elle reste imprimée.

«In an interview with the Financial Times newspaper, the NATO chief appeared to criticise the EU by saying it was "unacceptable" Russian troops were staying inside South Ossetia and Abkhazia under the EU-brokered ceasefire deal.

»A NATO spokesman later said de Hoop Scheffer was taking issue with Russia's implementation of the agreement, not the ceasefire deal itself.»

L’addition de ces diverses interventions, ajoutée à l’attiédissement manifeste du soutien occidental à Saakachvili, signale peut-être qu’on passe à une nouvelle phase de l’évolution politique occidentale, – et de l'OTAN par conséquent. Nous essayons de détailler cette hypothèse que nous faisons en quelques points.

• L’attiédissement du soutien à Saakachvili signale que le grand axe occidental politique, du point de vue de l’OTAN, pourrait être en train de passer de l’affrontement dialectique abrupt avec la Russie à la recherche d’un certain accommodement.

• Sur ce terrain, l’OTAN constate que l’UE a pris plusieurs longueurs d’avance. Du coup, revient au premier plan la concurrence entre l’OTAN et l’UE, d’autant plus sensible à l’OTAN que cette Organisation, enfermée dans son extrémisme intransigeant, est notablement affaiblie dans le rapport des forces au sein du camp occidental.

• Le premier objectif de l’OTAN devient alors de tenter de discréditer l’action de l’UE pour tenter de reprendre du terrain. Pour cela, on passe à la critique de l’accord UE-Russie du 8 septembre, jugé trop laxiste. Même dans une phase de recherche d’un accommodement, l’OTAN n’a comme tactique possible, pour tenter de s’affirmer contre l’UE, qu’un position ferme dans cette recherche. Elle espère que cela lui conservera une vertu intacte de défenseur des valeurs occidentales, à défaut de clairvoyance politique. On fait avec ce qu’on a et comme on peut.


Mis en ligne le 16 septembre 2008 à 11H02