Le “pacte faustien”: les investisseurs étrangers et la crise financière US

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Dans la myriade de problèmes qui entourent et pressent la crise financière US, on trouve celui du rôle des considérables des avoirs étrangers aux USA. L’effondrement du dollar et la situation aux USA constituent un motif urgent pour eux de considérer leur position aux USA et le maintien ou non de cette position. Le problème est esssentiel à cause du mélange direct de sa dimension financière et de sa dimension politique, puisque ces investissements constituent indirectement une reconnaissance et un soutien de la puissance des USA (et du dollar, cela va de soi). Ces étrangers détiennent (chiffres de juin 2007) 66% de la dette fédérale US, soit $6.700 milliard. Les principaux débiteurs (en $milliards) sont les suivants: Japon (901), Chine (870), UK (475), Luxembourg (424), Iles Caimans (422), Belgique (369), Irlande (176), Allemagne (155), Suisse (140), Bermudes (133), Hollande (123), Corée (118), Russie (109), Taiwan (107), Canada (106), Brésil (103).

Certains évoquent ce problème du maintien ou pas de ces investissements étrangers aux USA. «Qui va quitter le navire le premier?» interroge Ambroise Evans-Pritchard le 17 mars dans The Daily Telegraph.

«As feared, foreign bond holders have begun to exercise a collective vote of no confidence in the devaluation policies of the US government. The Federal Reserve faces a potential veto of its rescue measures.»

Evans-Pritchard analyse les différentes appréciations du comportement de la Federal Reserve: calculs ou machination, ou mesures d’urgence sans arrières-pensées immédiates? La question est une de celles qui vont déterminer l’attitude des investisseurs étrangers. Tout en reconnaissant que certains d’entre eux sont soupçonneux et proches de la première option, Evans-Pritchard croit plutôt à la seconde.

«Rightly or wrongly, a view has taken hold that Washington is cynically debasing the coinage, hoping to export its day of reckoning through beggar-thy-neighbour policies.

»It is not my view. I believe the forces of debt deflation now engulfing America – and soon half the world – are so powerful that nobody will be worrying about inflation a year hence.

»Yes, the Fed caused this mess by setting the price of credit too low for too long, feeding the cancer of debt dependency. But we are in the eye of the storm now. This is not a time for priggery.

»The Fed's emergency actions are imperative. Last week's collapse of confidence in the creditworthiness of Fannie Mae and Freddie Mac was life-threatening. These agencies underpin 60pc of the $11,000bn market for US home loans.»

Notre appréciation tendrait à être proche de celle d’Evans-Pritchard. Le sentiment est trop à l’urgence immédiate et à la panique pour que l’on se risque à des plans complexes ou à un montage de telle ou telle manoeuvre. Quoi qu’il en soit, Evans-Pitchard estime bien entendu que, même dans l’hypothèse d’une action sans arrière-pensée ni dissimulation de la Federal Reserve, des risques très sérieux existent, y compris la possibilité d’un effondrement comme celui de la Grande Dépression. Un départ massif des investissements étrangers y concourrait décisivement, scellant la signification du “pacte faustien”, selon le mot d'Evans-Pritchard, que les USA ont passé sous la forme de leur endettement.

«But even if you think the Fed has no choice other than to take dramatic action, the critics are also right in warning that this comes at a serious cost and it may backfire.

»The imminent risk is that global flight from US Treasury and agency debt drives up long-term rates, the key funding instrument for mortgages and corporations. The effect could outweigh Fed easing.

»Overall credit conditions could tighten into a slump (like 1930). It's the stuff of bad dreams.

»Is this the moment when America finally discovers the meaning of the Faustian pact it signed so blithely with Asian creditors?»


Mis en ligne le 18 mars 2008 à 08H42