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622La question importante au sein de la question vitale de la réduction du déficit fédéral qui agite le nouveau (112ème Congrès US), c’est la place du budget de la défense dans les projets des uns et des autres. Eric Cantor, le nouveau chef de la majorité républicaine à la Chambre, a évoqué le problème. Le budget de la défense ne sera pas épargné dit-il, et il explique dans quelles conditions… Dans tous les cas, selon lui., et selon des précisions qui méritent des commentaires. (AFP, via Spacewar.com, le 4 janvier 2011.)
«The US military will face budget cuts as lawmakers hunt for savings to rein in the country's deficit and national debt, senior US Republican Representative Eric Cantor said Tuesday. “Everything is going to be on the table,” Cantor, set to become House Majority Leader on Wednesday, told reporters. “Everybody is going to have to do more with less.”
»Republicans, who retook the House and sliced deep into the Democratic Senate majority in November 2 elections, have vowed to cut non-defense, discretionary spending to 2008 levels in a bid to save about 100 billion dollars.
»Cantor indicated that the US military, embroiled in wars in Afghanistan and Iraq, would not be cut as deeply, stressing “this is going to be a majority about national security” and brushing off a question about whether the Pentagon would also be restricted to 2008 levels.
»Senior Republicans have also vowed a region-by-region, country-by-country, program-by-program review of US diplomatic and aid programs with an eye on making spending cuts.»
@PAYANT Il y a beaucoup de choses dans ces déclarations d’Eric Cantor, qui est normalement un “faucon”, très ami d’Israël, sinon l’un des plus grands amis d’Israël parmi les parlementaires républicains. Il y a beaucoup de choses, beaucoup de non-dits, beaucoup de dissimulations, etc. Essayons de résumer notre commentaire à quelques points.
• Donc, le budget de la défense n’est pas “off limits”, vis-à-vis des réductions. C’est déjà une précieuse indication. Cela signifie que la pression pour réduire les dépenses de défense est forte, très forte. Cantor, qui est normalement favorable à un Pentagone puissant, comme tout bon ami d’Israël, a dû céder du lest pour ne pas être débordé. Cela s’appelle lâcher un peu pour ne pas perdre trop. Il nous semble assuré que Cantor manœuvre à cet égard en coopération avec le Pentagone, ou avec certaines tendances du Pentagone, et bien entendu avec les connexions néo-conservatrices et israéliennes..
• En effet, ce qu’il envisage comme réduction du budget du Pentagone reste tout de même limité par le fait que des guerres sont en cours, ce qui fait surgir l’inévitable argument sacré de la sécurité nationale. Donc, le Pentagone ne serait pas astreint à redescendre au niveau de 2008, au contraire des autres postes budgétaires. Mais, d’autre part, ces précisions ne nous précisent pas grand’chose, parce que le budget du Pentagone reste une énigme enrobée de mystère, que nul ne sait exactement comptabiliser. Parler du “niveau 2008” du budget US de la défense reste un exercice assez élastique dans la mesure où il y a de considérables dépenses hors budget qui sont votées en cours d’exercice, par le Congrès, pour les conflits en cours justement. Du coup, l'évaluation du montant des dépenses militaires pour 2008 pourrait devenir un objet de polémique, ce qui serait intéressant.
• Une mesure originale et inhabituelle, annoncée par Cantor et la direction républicaine, c’est une revue des dépenses extérieures en investissements et en aides, pays par pays et programme par programme. Cela implique une étude minutieuse des investissements et des engagements militaires indirects à l’étranger des USA, y compris des programmes spécifiques. Eventuellement, on pourra en sortir des indications et des précisions intéressantes, notamment sur la tendance politique générale de ce Congrès (isolationniste ou pas ?), selon l’attitude que prendront les parlementaires chargé de cette revue des effectifs. Dans tous les cas, il s’agit d’une tendance qui pousse à la réduction de l’influence des USA à l’extérieur, cette influence étant en général fonction des sommes disponibles à cet égard. (Il est possible que quelque député farceur et plus ou moins enivré au sortir d’une Tea Party pose la question de savoir s’il faut continuer à dépenser de l’argent de diverses façons pour l’Europe et pour l’OTAN alors que l’Europe ne veut décidément pas risquer beaucoup de ses propres soldats dans l’aventure otanienne en Afghanistan, dont les USA ont la charge principale. Il est possible également que l'une ou l'autre surprise nous soit réservée si l'on examinait certains engagements étrangers et certaines promesses faites à des pays étrangers dans le cadre du programme JSF.)
Ces indications diverses montrent que le Pentagone sera effectivement contraint de faire un effort de réduction, mais que cet effort ne sera pas considérable, et les exigences des dirigeants républicains assez contenus. Mais il s’agit des “dirigeants républicains”, et nullement de députés de la nouvelle mouvance Tea Party et associés. Ces nouveaux députés, qui sont des acharnés de la réduction du déficit fédéral comme du trop grand rôle centralisateur du gouvernement également fédéral, pourraient très bien ne pas intervenir dans le contrôle du budget de la défense en réduction modérée, tout comme ils pourraient au contraire intervenir d’une manière intempestive si les circonstances les y poussent. De ce point de vue, on parlerait plutôt d’une inconnue ou d'une potentialité de désordre, ce qui est un point plutôt préoccupant pour la direction républicaine qui voudrait bien garantir la politique belliciste suivie par le Système.
D’autre part, il y a tout de même des démocrates, et certains d’entre eux, regroupés parmi les plus radicaux, pourraient jouer les trouble fêtes en venant en renfort des plus radicaux des républicains. Il sera intéressant de voir comment va évoluer, dans cet environnement, la paire Ron Paul-Barney Frank constituée il y a huit mois pour lancer une attaque sévère contre le budget de la défense.
Dans tous les cas, il se confirme que le budget de la défense pourrait (le conditionnel est de rigueur) devenir un objet de débat important, puisque la direction du parti républicain tente de faire en sorte qu'il ne le soit pas en faisant quelques concessions. Effectivement, si, par accident ou circonstance incontrôlé, elle devenait effectivement un objet de débat, la question du budget de la défense serait effectivement l’objet d’un débat important parce que ce débat conduirait inévitablement à poser la question beaucoup plus large de la politique belliciste, qui soutient les guerres en cours, lesquelles sont la cause de dépenses supplémentaires réputées intouchables.
Mis en ligne le 5 janvier 2011 à 16H51
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