Le Pentagone gémit mais qui l’écoute encore…

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Le Pentagone gémit mais qui l’écoute encore…

Par la voix de son secrétaire à la défense Leon Panetta, le Pentagone vient de pousser un long gémissement de détresse, avec la mise en accusation du “dysfonctionnement” du pouvoir washingtonien. Venant de cet expert incontestable en matière de “dysfonctionnement” dans l’action politique et de gestion de la puissance qu’est Moby Dick, selon le surnom que donnait au Pentagone l’ancien secrétaire à la défense Cohen, l’accusation doit être prise au sérieux.

Une autre chose doit être mise en évidence. C’est à partir d’une synthèse de Antiwar.com du 7 avril 2012, de John Glaser, que nous développons ce commentaire. John Glaser fait sa synthèse principalement à partir d’un article de Walter Pincus, du Washington Post, le 30 mars 2012, rendant compte du discours de Panetta de ce même jour, au CSPC (Center for the Study of the Presidency & Congress). A part ces deux compte-rendus, déjà extrêmement éloignés (et nous-mêmes, péniblement derrière…), rien d’essentiel sur cette importante intervention n’est sorti dans la presse. On trouve notamment un très grand silence à cet égard sur la plupart des sites intéressés aux questions de défense, que nous consultons régulièrement.

John Glaser : «Secretary of Defense Leon Panetta said in a speech Thursday that political impasse in Washington threatens U.S. national security and prevents functioning democracy. “Dysfunction in Washington … threatens our security and raises questions about the capacity of our democracy to respond to crisis,” Panetta said. Referring to the budget crisis facing Congress right now, he called the deadlock “a political crutch” and “not a part of the American spirit.”

«Panetta’s lecture against political partisans refusing to compromise is pretty rich coming from the guy who stubbornly refused making any meaningful cuts to defense budgets, which make up an inordinate percentage of overall spending. He said cutting the defense budget back to 2007 levels would be “catastrophic,” and instead would only agree to slight reductions in the rate of growth in military spending. “One thing that I’ve learned over my career is that governing requires people coming together to get things done, not to pound their fists on the table and stand in the way,” he told an audience at a dinner sponsored by Center for the Study of the Presidency and Congress. Present for the speech were present and former government officials, members of Congress, defense industry representatives and dozens of college students.»

Les gémissements de Panetta concernent évidemment le blocage au Congrès sur la question de la dette et des $1.200 milliards de réduction automatique (“séquestration”), dont la moitié pour le DoD. Si aucun accord n’est trouvé entre démocrates et républicains d’ici la fin de l’année, une réduction automatique de $50 à $70 milliards par an sur dix ans sera actée dans le budget du Pentagone, qui perd déjà près de $100 milliards cette année au nom d’une réduction volontaire des dépenses publiques. (Il reste tout de même un budget du Pentagone pharaonique avec près de $650 milliards officiels, et de $1.100 à $1.200 milliards officieux si l’on prend en compte diverses sources annexes, mais on sait bien que pour Moby Dock il s'agit d'une situation de famine.)

On voit ainsi se confirmer inexorablement une situation dont on connaît bien les perspectives, tant chronologiques que budgétaires. L’avertissement du secrétaire à la défense est dramatique, tant pour son département lui-même que pour le fonctionnement, ou plutôt le dysfonctionnement du Congrès, puisque c’est le terme choisi. Pourtant, comme on l’a vu plus haut, il n’éveille guère d’écho, et l’on doit attendre plusieurs jours pour que la nouvelle fasse son chemin.

On a la sensation de retrouver la même attitude que pour le JSF, telle que nous la signalions le 24 mars 2012, – et ceci s’accordant d’ailleurs avec cela, puisque d’un domaine similaire, sinon d’une même situation puisque le programme JSF est le facteur central entrainant l’actuelle paralysie du Pentagone marquant la chute de sa puissance. Cette phrase extraite du texte référencée, qui concerne la résignation devant la catastrophe qu’est devenu le programme JSF, pourrait aussi bien servir pour la catastrophe qu’est devenu le DoD, aussi bien que le gouvernement du Système, l’un reflétant l’autre et les deux se mélangeant : «Lisant cette phrase, appuyant sur le mot “résignation”, on a l’impression d’hommes politiques chez qui l’absence de la suggestion d’abandon (“cancellation”) du programme signifie qu’on abdique la dernière décision raisonnable qu’on puisse prendre… On est résigné, on décide de ne rien décider...»

Là aussi, au Congrès toujours, à propos du DoD encore, “on décide de ne rien décider”, même si c’est dans les conditions différentes du “dysfonctionnement” du système politique pour cause de querelles intestines. Le “dysfonctionnement” n’est, dans ce cas, qu’une autre situation d’une même paralysie engendrée par la chute de la puissance dans l’autodestruction du système du technologisme, et alimentant cette chute de la puissance, et cette situation elle-même partie intégrante du phénomène de la chute de la puissance du Système en général. Les responsabilités, dans le cas exposé par Panetta, sont différentes de celles du cas du JSF, les effets spécifiques aussi quoique sur la même pente ; mais l’essentiel qu’on trouve dans le processus, la psychologie avec le découragement et le désordre, sont strictement similaires.


Mis en ligne le 9 avril 2012 à 08H46

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