Le Pentagone n’a pas peur, mais bon...

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Le Pentagone n’a pas peur, mais bon...

• Le Pentagone sous le feu des questions de la presseSystème,  bienpensante et pleine d’esprit de paix et de justice : mais pourquoi ne faites-vous pas vos essais d’ICBM ? • Question annexe : Biden aurait-il peur de Poutine ? • Réponses centrales de notre part pour la presseSystème : le Pentagone n’a rien à voir avec Biden et le Pentagone craint par-dessus tout la puissance stratégique et nucléaire de la Russie. • A part ça, les USA [le bloc-BAO] sont un asile de puissance irrésistible pour assurer le bonheur et la vertu de nos démocraties. • Amen.

On commence à s’inquiéter dans la presseSystème-qui-sait/dit-tout de l’attitude du Pentagone ; lequel prend diverses mesures, dont deux reports depuis fin février du même tir d’essai d’un ICBM ‘Minuteman III’, pour éviter toute tension supplémentaire avec la Russie et tout risque de déclenchement d’affrontement, sinon de montée à l’extrême du risque de guerre nucléaire stratégique d’anéantissement réciproque.

Il revient aussi périodiquement, parmi les nouvelles de la même eau, la même information selon laquelle le secrétaire à la défense Austin et le président du comité des chefs d’état-major, le général Milley, tentent en vain de joindre par téléphone leur vis-à-vis russe, Choïgou et le général Gerasimov. (Selon les nouvelles les plus récentes : cette situation peut évidemment changer en un instant sans qu’on en soit avisé sur l’instant.) Leur idée est d’établir une liaison constante avec les chefs russes des armées, pour s’assurer d’un contrôle réciproque de s’interdire une montée aux extrêmes stratégiques accidentelle, ou par mésinformation indirecte, ou encore pour mettre à jour le mécanisme de “désescalade” mis au point entre les deux en Syrie ; mais les Russes suivent manifestement la consigne de Poutine de n’avoir plus aucun contact avec le bloc-BAO dans ce domaine, ce qui constitue une mesure supplémentaire de la détermination russe.

Il s’agit donc ici du test d’un missile ICBM, stratégique et intercontinental, équipé de plusieurs têtes nucléaires (MIRV) ; test évidemment innocent, sans charges nucléaires, pour s’assurer du fonctionnement d’un missile déjà vieux d’un demi-siècle. Cet essai avait été annulé une première fois à la fin février, et reporté d’un mois ; il l’a été à nouveau le 1er avril.

« Les responsables de la défense américaine ont annulé l’essai prévu d’un missile balistique intercontinental afin de réduire le risque d'une “mauvaise interprétation ou d’une mauvaise communication” catastrophique, à un moment où les forces nucléaires russes sont en état d’alerte élevé dans le cadre de l'offensive militaire de Moscou en Ukraine.

» La décision de ne pas tester le missile LGM-30G Minuteman III a été rapportée vendredi par Reuters, qui a cité les commentaires d'une porte-parole de l'US Air Force. Cette décision intervient un mois après que le même essai a été retardé parce que le président russe Vladimir Poutine avait ordonné que les forces de dissuasion nucléaire de son pays soient dans un état de préparation plus élevé, ou “régime spécial de service de combat”.

» Le test de l'ICBM a maintenant été complètement annulé pour les mêmes raisons, a déclaré Ann Stefanek, porte-parole de l’US Air Force.

» “L'US Air Force est confiante dans l’état de préparation des forces stratégiques des Etats-Unis”, a ajouté Mme Stefanek, précisant que le prochain essai de ce type est prévu plus tard dans l’année. »

C’est donc cette seconde annulation que des voix dans la presseSystème contestent, – scandale que les tirs d’ICBM soient eux aussi ‘cancelled’ pour plaire au monstre Poutine ! Mais le Pentagone, qui sait ce que nucléaire veut dire, et qui sait ce que la puissance nucléaire russe signifie, oublie dans ce cas les vertus de la ‘Cancel Cuture’ et de la russophobie hystérique.

Le Pentagone explique donc, avec toutes les précautions du monde, y compris une stature bienpensante sans pli pour ce qui concerne l’OTAN et l’Ukraine, pourquoi il a décidé sans aucune possibilité d’appel l’annulation des tests ; et pour ce faire, il prend la décision tout à fait inhabituelle de défendre sa position dans une interview à une chaîne TV (FoxNews), et cela par le porte-parole du Pentagone, ce qui est une autre chose inhabituelle signifiant que la décision elle-même ne peut être discutée

« “Nous essayons d’aider l'Ukraine à se défendre, nous allons faire en sorte que l'OTAN puisse se défendre”, a déclaré dimanche le porte-parole du Pentagone, John Kirby, dans une interview à Fox News. “Mais nous devons aussi être conscients que la Russie est une puissance nucléaire. Et donc, alors que nous prenons ces décisions, il serait irresponsable de notre part de ne pas penser à nous assurer que nous n’aggravons pas ce conflit plus qu'il ne l’est déjà.” [...]

» “Nous sommes confiants dans nos capacités en termes de missiles balistiques, – ils sont toujours prêts, ils sont toujours en bon état”, a déclaré M. Kirby. “Ce test n’est que l’un des nombreux tests qui seront effectués et qui ont été effectués ces dernières années. Nous sommes donc confiants dans cette capacité”.

» Lorsque le test a été reporté le mois dernier, Kirby a déclaré que cette décision était “un effort pour démontrer que nous n'avons pas l'intention de nous engager dans des actions qui pourraient être mal comprises ou mal interprétées”. Le Pentagone a également critiqué la décision de Poutine de mettre les forces russes en état d’alerte, la qualifiant de “dangereuse, irresponsable et inutile”. Poutine a déclaré que les “déclarations agressives” de l’OTAN et la campagne de sanctions de l'Occident contre la Russie rendaient nécessaire le renforcement de la préparation nucléaire. »

Nous nous sommes réservés de reprendre à part, pour le mieux mettre en exergue, le passage où Kirby évoque les critiques et allusions qui ont été faites dans la presse à propos de “la peur de Poutine” que manifesterait Biden, cela conduisant à l’annulation des tests.

« Kirby a rejeté les suggestions des critiques selon lesquelles le président Joe Biden pourrait avoir peur de Poutine. “Biden a été suffisamment direct avec le président Poutine [pour qu’on ne doute pas de sa détermination]”, a-t-il dit. “Il n’y a aucune crainte à avoir. Le président Biden voit le président Poutine pour ce qu’il est exactement, pour le type de dirigeant qu’il est et pour le type d’agression non provoquée qu'il mène en Ukraine”. »

• L’argument concernant Biden nous semble, selon notre perception, complètement inutile et accessoire, bien que cela ne puisse être dit en public. (...Et bien que Biden ait montré qu’il pouvait être fol-dingue dans la provocation débarrassée de toute “peur”.) Nous avons la conviction que Biden, président faible et malade, complètement incontrôlable mais lui-même ne contrôlant pas grand’chose dans l’appareil militaire, n’a rien à voir avec les décisions du Pentagone qui a sa propre politique. La question devrait donc être : “Le Pentagone a-t-il peur ?”, et la réponse serait positive, d’autant que cette peur concerne le risque de guerre nucléaire et non pas Poutine spécifiquement ; et alors, elle est loin d’être critiquable ou sujette à soupçon, mais elle serait plutôt la sagesse même.

• Ce point nous conduit par ailleurs à un autre point vu précédemment, lorsque Kirby nous soûle avec son baratin type « Nous sommes confiants dans nos capacités en termes de missiles balistiques, – ils sont toujours prêts, ils sont toujours en bon état »... Il “nous soûle” parce que c’est faux. Au contraire, les militaires du Strategic Command sont très inquiets de l’état des missiles terrestres (ICBM), qui ont un presque-demi-siècle d’âge, d’autant plus qu’ils ont en face une force nucléaire impressionnante, largement modernisée avec des engins classiques et d’autres du nouveau type dit-hypersonique avec de très grandes capacités d’évolution et de manœuvre dans des champs différents.

• Certes, le ‘Minuteman III’ est évidemment hypersonique mais selon une trajectoire aisément identifiable, et dans des conditions beaucoup plus frustres que les missiles russes qui interviennent dans des environnements très différents (en altitude basse, en trajectoires impossibles à prévoir, en mode sous-marin, selon des trajectoires longues complétement nouvelles à cause de leur rayon d’action considérable, etc.). Plus encore, l’ICBM classique a en face de lui des capacités antimissiles russes d’une efficacité et d’une puissance totalement inédites, avec les missiles anti-missiles balistiques S-400 et surtout les nouveaux S-500.

• ... Voilà pourquoi le Pentagone, s’il “n’a pas peur” c’est promis, n’est tout de même pas du tout à son aise, et à bon escient.

 

Mis en ligne le 4 avril 2022 à 11H30