Le pessimisme des Américains pire en 2011 qu’en 2008

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La perception de la psychologie des citoyens US des événements de juillet-août 2011, réunis dans une interprétation qu’il s’agit d’une crise spécifique, apparaît plus pessimiste que la perception, également selon l’interprétation d’une crise spécifique, des événements de septembre-octobre 2008. C’est une intéressante constatation exposée par Robert Shiller, Professeur d’économie à l’université de Yale, exposée dans un texte du 26 septembre 2011, sur Aljazeera.net. Shiller s’appuie sur les enquêtes Gallup, extrêmement élaborées, mises au point depuis 1938 (vers la fin de la Grande Dépression) pour apprécier l’évolution psychologique de l’opinion publique vis-à-vis des événements économiques US.

«It might not seem that Europe’s sovereign-debt crisis and growing concern about the United States’ debt position should shake basic economic confidence. But it apparently has. And loss of confidence, by discouraging consumption and investment, can be a self-fulfilling prophecy, causing the economic weakness that is feared. Significant drops in consumer-confidence indices in Europe and North America already reflect this perverse dynamic. […] The Gallup Index dropped sharply between the first week of July and the first week of August… […]

»Apparently, the spectre of government deadlock causing a humiliating default suddenly made the US resemble the European countries that really are teetering on the brink. Europe’s story became America’s story. Changes in public confidence are built upon such narratives, because the human mind is very receptive to them, particularly human-interest stories. The story of a possible US default is resonant in precisely this way, implicating as it does America’s sense of pride, fragile world dominance, and political upheavals.

»Indeed, this is arguably a more captivating story than was the most intense moment of the financial crisis, in 2008, when Lehman Brothers collapsed. The drop in the Gallup Economic Confidence Index was sharper in July 2011 than it was in 2008, although the index has not yet fallen to a lower level than it reached then.»

Les questions posées avec la méthode Gallup déterminent une vision assez précise de l’état d’esprit des personnes interrogées, et donc donnent une indication intéressante de l’état de la psychologie. L’effet de la “crise” de juillet-août 2011 a été absolument dévastateur puisqu’il conduit cette psychologie dans un état de dépression (dépression psychologique indicatrice de la dépression économique) d’une façon plus brutale que pour la “crise”, pourtant absolument dramatique dans sa présentation de communication, de septembre-octobre 2008.

«Those answers plunged into depression territory between July and August, and the index of optimism based on answers to this question is at its lowest level since the oil-crisis-induced “great recession” of the early 1980s. It stood at 135, its highest-ever level, in 2000, at the very peak of the millennium stock market bubble. By May 2011, it had fallen to 88. By September, just four months later, it was down to 48. This is a much bigger downswing than was recorded in the overall consumer-confidence indices. The decline occurred over the better part of a decade, as we began to see the end of debt-driven overexpansion, and accelerated with the latest debt crisis.

»The timing and substance of these consumer-survey results suggest that our fundamental outlook about the economy, at the level of the average person, is closely bound up with stories of excessive borrowing, loss of governmental and personal responsibility, and a sense that matters are beyond control. That kind of loss of confidence may well last for years…»

Conformément à la narrative dispensée par les organes de communication de Système et par la presse-Système, le public US a perçu la “crise” de l’automne 2008 comme une crise en soi, “se terminant” (toujours la narrative) au printemps 2009. L’épisode de juillet-août 2011 (la dette du gouvernement US et l’accord-bidon du 2 août) est donc également perçu comme une autre “crise en soi”, spécifique et différente. On sait que cette appréciation va complètement contre la nôtre, qui est de ne voir qu’une seule crise qui se poursuit avec les paroxysmes successifs (un nouveau type de crise, ou “Même les crises sont en crise“) ; et encore plus, de ne voir dans cette crise financière et économique étendue et intégrée dans ses épisodes paroxystiques successifs, qu’un épisode ou une fraction de la crise générale du Système touchant tous les domaines, ce que nous avons proposé de désigner comme “la Grande Crise de la Contre-Civilisation” (GCCC ou GC3).

Conformément à la logique dynamique de cette méthodologie qui nous est propre, nous avons nécessairement la perception d’une aggravation de la crise générale (GC3) au travers des épisodes successifs de paroxysme des diverses crises sectorielles ou “sous-crises”, intégrées dans cette crise centrale. Le cas intéressant des remarques du professeur Shiller et des enquêtes Gallup est que la perception du public rencontre par contre notre perception (aggravation entre septembre-octobre 2008 et juillet-août 2011), avec un sentiment important en 2011 (rejoignant notre perception) d’une perte totale de contrôle des autorités. Cela implique qu’il existe objectivement une réelle continuité dans ces “crises”, comme si elles étaient effectivement intégrées entre elles et constituaient un seul phénomène selon notre appréciation, parce que la perception de l’aggravation de la situation (selon la formule “de crise en crise”) par le public signifie principalement l’accumulation des effets dans le sens de l’aggravation, donc une intégration de facto démontré dans cette intégration des effets. On peut effectivement considérer alors cet ensemble de phénomènes étant interprétés comme une continuité, puis comme une intégration, comme une situation “objective”, – selon notre conception de l’objectivité, qui n’est pas celle d’une vertu morale de l’observation des situations par la raison humaine, mais celle de la vérité de la situation opposée par les événements à l’interprétation faussaire (narrative) que tente d’en donner la raison humaine subvertie par le Système. On observera également que le fait que le public soit beaucoup plus touché par les menaces pesant sur le gouvernement, en théorie (surtout aux USA) représentant du bien public, que par les menaces pesant sur l’“industrie financière” (Wall Street et sa clique), va également dans le sens de la prise de conscience d’une intégration de la crise dans tous les domaines, puisqu’on est avec le statut du gouvernement dans le domaine de la politique et de principes tels que la légitimité.

De cette façon, la psychologie collective aux USA rejoint effectivement l’interprétation d’une aggravation de la situation vers la crise-Système générale. Certes, il s’agit toujours d’une perception “de crise en crise”, mais cette perception est rapidement destinée à notre sens, par la pression des événements et la logique de la chronologie, à déboucher sur l’acceptation du schéma d’une crise générale intégrant toutes les crises sectorielles, et d’une crise financière et économique elle-même générale, intégrant 2008 et 2011 dans une même continuité en aggravation jusqu’au caractère systémique. C’est un fait important parce que cette évolution contribue largement, cela va de soi, à la perception d’une crise générale (GC3) du Système dans la psychologie collective.

C’est un fait important en soi, on le comprend, mais aussi un fait important pour son interaction dans la chronologie politique. Cette évolution probable interviendrait à un moment capital de l’évolution politique, au début puis dans le cours d’une campagne présidentielle déjà marquée par des conditions chaotique. Elle devrait alors fortement contribuer à la possibilité de faire de cet événement de la campagne 2012 aux USA un catalyseur de toutes les tensions de crise en cours, donc conduisant effectivement à la perception d’une intégration des crises sectorielles, y compris celle du fractionnement de ces crises sectorielles elles-mêmes, en une crise générale du Système (GC3). Une telle évolution, si elle a lieu, ferait des présidentielles de 2012 le paroxysme peut-être décisif de la situation de crise générale enfin réalisée comme telle, avec toutes les conséquences imaginables (et inimaginables) qui vont avec. Nous voulons dire, pour donner un exemple des seules conséquences imaginables, que, dans ce sens et dans de telles conditions, la candidature d’un marginal au programme révolutionnaire (pour le Système) comme Ron Paul pourrait déboucher sur la possibilité d’une victoire, ce qui entraînerait évidemment des conséquences, elles, inimaginables. Nous serions alors au cœur du problème…


Mis en ligne le 29 septembre 2011 à 07H12