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495116 octobre 2018 – En pleine activité studieuse ces deux derniers jours, un fait m’a soudain frappé dont je me suis dit qu’il méritait quelque réflexion hardie. Je veux parler de l’apparition de cette expression, disons pour résumer : “ce qui se passe aujourd’hui [dans tel domaine] est le pire depuis l’attaque du 11 septembre 2001”. Je cite les deux passages contenant l’expression, venue de commentateurs extérieurs et nullement de ma seule réflexion : c’est leur réflexe à eux (plutôt que “réflexion”), et plutôt une référence inconsciente qu’un jugement, qui m’arrête ici et me fait m’interroger, et instituer le sujet de cette courte “réflexion” (cette fois, le mot est le bon) ...
• Le 14 octobre, du texte « Trump vaut bien 9/11... », cet extrait de l’article de Politico.com sur l’état psychologique des citoyens américains sous l’empire de Trump : « Mais de nombreux praticiens observent désormais que Trump et son effet convulsif sur la conversation nationale américaine donnent une place prépondérante à la politique sur le divan du psychanalyste, d'une façon qui n’avait pas été vue depuis les mois qui ont suivi le 11 septembre– un autre moment où les événements ont été effrayants et ont eu des conséquences émotionnelles très puissantes... »
• Le 15 octobre, des « Notes sur une danse des sables », cette citation de l’ancien ambassadeur US à Ryad Robert Jordan : « ...les relations entre les USA et l’Arabie sont brusquement (?) entrées [...] dans “leur pire période depuis l’attaque du 11 septembre 2001” »
On remarquera également que les deux cas touchent des domaines essentiels pour les USA, singulièrement depuis 9/11, et deux domaines qui sont parmi les plus sujets à ce caractère de simulacre où l’on trouve, comme il est écrit à propos de la corruption caractérisant les liens entre USA et Arabie, « ce paradoxe bien de notre époque de surpuissance-autodestruction d’être à la fois d’une force inouïe et d’une fragilité à ne pas croire ». Effectivement, les deux domaines de la psychologie des citoyens américains et de la relations entre les USA et l’Arabie, ont été profondément affectés par l’attaque 9/11 ; le premier, avec la psychologie américaniste torturée et martyrisée par une narrative absurde et colossale accouchée par 9/11 (la “guerre contre la Terreur” & Cie, imposée au citoyen US béat et totalement fasciné par la grotesquerie-simulacre de la chose, – qu’il n’identifie évidemment pas) ; le second, avec le rôle central et très-crépusculaire, qu’on n’arrive plus à dissimuler désormais, des Saoudiens dans l’attaque 9/11 elle-même, rôle aussitôt transmuté et emporté dans une corruption démente, paroxystique par rapport à ce qui avait précédé, de l’élite-Système de l’américanisme, productrice par ailleurs de la narrative-“guerre contre la Terreur”.
(Et je crois avec force que ces deux événements, tels qu’ils nous sont signalés, sont appelés à durer et à servir d’énorme dynamique de transmutation qui nous fera sortir de l’avatar spatio-temporel monstrueux qu’a constitué l’époque 9/11, cette sorte d’“Avant la Chute” hollywoodien. Pour la psychologie des citoyens US, rendus fous d’angoisse et d’anxiété par cette thérapie furieuse et bombastique nommée Trump, cela me paraît d’une lumineuse évidence ; d’autre part, avec la conviction étayée par bien des signes que l’affaire saoudienne/MbS/liens-US n’est pas prête de s’étouffer ni d’être étouffée, qu’elle ira plutôt au fond de l’infection, curetage complet de la pourriture ainsi mise à jour, – dont on n’ose encore mesurer ni humer la profondeur et la puanteur...)
Ainsi les deux affaires, si différentes, sans liens directs apparents entre elles, me semblent-elles liées au plus fort qu’il se peut par le cataclysme psychologique qui a frappé la psyché américaniste du citoyen américain avec 9/11, – même si des éléments US y ont mis la main avec les Saoudiens, et c’est même cela qui est singulièrement fascinant, de contribuer au montage-simulacre d’un événement qui vous influencera vous-même si fortement, comme s’il était vrai en vérité (*)... Et ces deux affaires présentes, signifiant une réapparition aujourd’hui des facteurs de crise fondamentaux de 9/11, et cela par des voies si différentes ; mais également liées entre elles par le même lien psychologique qui les liait lors de 9/11, qui serait en train d’envisager, également par des voies tortueuses, une manœuvre inverse de ce qui s’est passé avec 9/11.
L’espèce de folie des Américains “à cause de la folie de Trump”, met en évidence le malaise psychologique terrible auquel cette population est soumise, depuis l’interprétation-simulacre de 9/11 ; tandis que la mise à jour de la vérité-de-situation des liens entre les USA et l’Arabie, par le biais de l’affaire Khashoggi mais qu’importe le biais, nous fait et surtout leur fait ressentir tout le poids de l’immonde corruption qui est le principal caractère de la politiqueSystème d’entropisation des USA. C’est pour cette raison que je ressens une signification symbolique et métahistorique très forte dans l’apparition de cette idée du “pire depuis 9/11”, dans son utilisation inconsciente pour des cas si essentiels, tout cela comme si nous étions à une sorte de “point-Omega”, celui de la fin de la période ouverte avec 9/11 et nous-mêmes bientôt placés devant la béance de l’effondrement du Système.
(*) J’avais écrit, dans Chronique de l’ébranlement, en 2003 :« “Vous autres, Européens, vous n’imaginez pas l’ampleur de l’effet qu’a produit sur nous l’attaque du 11 septembre”: ce mot du vice-président Cheney à un ambassadeur d'un pays européen venu lui faire ses adieux, en novembre 2002, résume bien l’effet le plus profond de l'événement, exactement contraire à ce que nous en crûmes, de façon presque unanime, quand il se produisit. » (Information exclusive, donnée puisqu’il y a prescription : l'ambassadeur cité était celui de la France.) Je crois à la franchise de Cheney, et je crois qu’il a effectivement été transformé comme il le dit ; et je le crois, même s’il y a eu “complot” ou complicité de certains services US, et lui-même (Cheney) au courant sinon la main à la pâte, c’est-à-dire lui-même psychologiquement transmuté par un événement qu’il aurait contribué à fabriquer en simulacre, – cela explicable par l’extraordinaire appauvrissement psychologique qu’implique l’américanisme.
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