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405La question de l’utilisation de l’arme nucléaire, éventuellement en mode préemptif, pèse lourdement sur la réputation des USA et contribue à dégrader constamment leur statut international. Le même texte cité dans notre précédent Bloc-Notes renvoie lui-même à un texte du Washington Post du 1er novembre rapportant les avatars des USA à une conférence des Nations Unies chargée de contrôler si les différents pays signataires du traité de non-prolifération remplissent leurs obligations. Les USA y ont été mis en accusation avec l’affirmation qu’ils ne réduisent pas leur posture d’alerte pour leurs armes nucléaires: «They also come on the eve of a U.N. General Assembly vote on a resolution calling on the world's nuclear powers to take their nuclear weapons off “high alert.” The nonbinding resolution calls on states to “decrease the operational readiness” of their nuclear weapons. “The maintenance of nuclear weapons systems at a high level of readiness increases the risk of the use of such weapons, including the unintentional or accidental use,” the resolution warns.»
Le débat (qui s’est passé le 9 octobre) a été particulièrement houleux et les USA ont dû se défendre contre leurs accusateurs, essentiellement des pays du Tiers-Monde. Selon le traité de non-prolifération, il est demandé à ces pays de ne pas développer d’armements nucléaires, en échange de quoi les pays “officiellement” nucléaires acceptent de réduire le degré d’alerte de leurs forces nucléaires, de réduire leurs forces, etc., tout cela vers le but hypothétique de suppression des armes nucléaires. La position US a amené à des contestations aux USA mêmes.
«Speaking at an Oct. 9 U.N. conference, Christina Rocca, the U.S. representative to the United Nations Conference on Disarmament, dismissed concerns that American nuclear missiles are ready to launch on a moment's notice. “U.S. nuclear forces are not and have never been on hair-trigger alert,” she told U.N. delegates.
»Her comments sparked rapid criticism. “It's plain wrong,” said Hans Kristensen, director of nuclear information at the Federation of American Scientists. “There are forces on alert, and whether they are on 'hair-trigger alert' or ‘launch on warning,’ they are capable of launching in minutes.”
(…)
»A senior U.S. official said the claim that thousands of U.S. nuclear weapons can be launched within minutes is incorrect, but added that the information on launch time is classified. “The idea we are on Cuban-missile-crisis posture, sitting on the silo ready to push the button, is false,” said the official, who was unauthorized to speak publicly. “The essence of deterrence strategy is having some element of ambiguity.”
»Bruce Blair, a nuclear weapons expert and president of the World Security Institute, said the United States and Russia keep about one-third of their strategic arsenals on launch-ready alert and that “hundreds of missiles armed with thousands of nuclear warheads can be launched within a very few minutes.”
»“There has been long history of denying U.S. forces are on ‘hair-trigger alert’ …” Blair said. “Some of that is based on lack of knowledge, and some of it is an evasion, and some of it is just an outright lie.”»
Objectivement, on doit observer que les accusations lancées contre les USA valent largement pour les autres pays officiellement nucléaires, dans cette question délicate du statut de leurs forces nucléaires (effectivement, comme le dit l’officiel cité, l’incertitude joue un rôle fondamental dans la dissuasion). Ces pays se sont en général gardés de trop se manifester dans cette affaire, jugeant que la discrétion pour leur compte est la meilleure tactique. De ce point de vue, l’attaque contre les USA comporte une part d’injustice. Mais elle est aussi la conséquence d’un comportement, d’une réputation, et, d’une façon générale, d’une politique extérieure brutale des USA qui nourrit l'anti-américanisme. Si l’attaque contre les USA est stricto sensu assez ambiguë et contestable par rapport aux autres pays nucléairees, elle est justifiée dans l’esprit par leur réputation désormais et elle mesure les dégâts que leur politique actuelle occasionnent aux USA dans leurs relations avec les autres pays. D’autre part, ces accusations mettent les USA en mauvaise posture et les conduisent à répondre avec des affirmations qui sont évidemment mensongères par rapport à certaines fictions qu'entretient le traité de non-prolifération, aggravant encore leur position. De tels épisodes rendent beaucoup plus discutable et fragile l’argumentation US anti-iranienne dans la crise actuelle sur le nucléaire iranien.
Mis en ligne le 7 novembre 2007 à 10H33