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3976Le populisme, nous apprend le dictionnaire, était, bien avant d’être une mouvance politique, un courant littéraire qui cherchait à dépeindre la vie des gens du peuple. Et, qu’est-ce que le peuple ? Il s’agit d’un regroupement d’humains, d’une communauté qui vit en société tout en partageant des coutumes et une histoire. Le peuple est ce qui forme la nation en définitive. Le populisme semble faire écho à l’indifférence des élites face à la misère du peuple.
Les médias se gargarisent à propos d’un nouveau populisme qui menacerait nos sociétés démocratiques. De quoi parle-t-on ?
Beaucoup de Français issus de la « France profonde » ont décidé de prendre d’assaut l’espace public une journée par semaine. Le mouvement des Gilets jaunesdéborde sur les places publiques et les ronds-points tous les samedis. Pourquoi donc ? Ce mouvement de révolte n’a rien à voir avec une grève qui se déroulerait durant les jours de travail ou une série de manifestations orchestrées par les grandes organisations syndicales. Non.
Il s’agit plutôt d’un mouvement de rébellion spontané – qui couvait depuis la révolte des Bonnets rouges, démarrée en Bretagne autour de 2013 – qui s’est répandu aux quatre coins d’une France populaire qui se sent flouée par ses élites parisiennes. La France qui se lève tôt le matin pour aller travailler, qui est étranglée par un fardeau fiscal écrasant et qui assiste à la destruction de tout ce qui fondait une qualité de vie qui était enviée par tous.
Le quotidien Le Devoir nous a pondu, samedi dernier, une série d’articles où l’on tente de définir le populisme dans un contexte où le commun des mortels ne ferait plus confiance à ses élites. Le journaliste Fabien Deglise reprend les mots de Catherine Côté, professeure à l’Université de Sherbrooke, pour qui « les mouvements d’indignation ont fait revenir ce citoyen [le populiste] vers la politique. Jusqu’à quel point ce retour va être démocratique, ça, c’est une autre histoire. Quand on ne se sent pas représenté, il y a une tentation forte de remettre en question la validité et la légitimité du système démocratique qui était censé le faire ».
Or donc, le tiers des électeurs potentiels, au Québec comme en France, qui ne se déplacent même plus pour aller voter pourrait bien constituer une frange importante de cette nouvelle cohorte de « populistes ». Les éternels cocus d’un système qui est une forme de spectacle qui ne représente pas les couches populaires. La majorité silencieuse en quelque sorte.
Les journalistes du Devoir se réjouissent, en s’appuyant sur les arguments d’une brochette d’intellectuels, du fait que ce regain de populisme peut ramener le citoyen vers la politique, alors que beaucoup de laissés-pour-compte ne veulent plus rien entendre de la joute électorale.
Toutefois, les principaux intéressés prennent la peine de nous prévenir que le populisme de droite serait dangereux en raison de son aspect « réactionnaire », de sa volonté de faire table rase d’une démocratie représentative qui pourrait bien être un leurre en définitive. Néanmoins, Fabien Deglise estime que « le poison peut parfois être le remède ».
Ainsi, la gauche aurait intérêt à se saisir de cette colère populaire afin de « contribuer à refonder, voire à réhabiliter ce système de représentation politique que l’on dit aujourd’hui défaillant », précise le journaliste. Curieusement, la « gauche-caviar », qui monopolise une part importante des médias et des institutions publiques, réalise que la majorité silencieuse n’achète plus ses salades.
On tente donc, à l’instar du président Macron qui vient de lancer un pseudo débat national en vase clos, de récupérer le mouvement en désamorçant la charge populiste qui risque d’exploser tôt ou tard. Les principaux intéressés, s’ils prennent acte du manque de justice sociale ou de l’absence d’équité fiscale qui frappent le commun des mortels, craignent un populisme de droite qui s’appuierait sur des sentiments xénophobes, quand ce n’est pas sur le rejet de ce grand projet mondialiste qui les habite.
Voilà où le bât blesse : nos observateurs patentés ne comprennent toujours pas que ce nouveau populisme ne fait pas partie des catégories de concepts mises de l’avant par la gauche ou par la droite. Ce populisme correspond à la volonté manifeste des laissés-pour-compte de la mondialisation de protéger le peu de dignité qui leur reste. À savoir d’être capable de subvenir à leurs besoins vitaux, tout en partageant des valeurs communes, et de pouvoir transmettre un héritage culturel aux générations futures.