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452Depuis le début de la campagne des primaires, Barack Obama a eu une position qu’on qualifierait de “naturelle“, même si cette position nourrit incontestablement des accusations de démagogie et d’inconsistance. L’essentiel pour lui est (était) qu’elle donne (donnait) à sa candidature un rythme (momentum) puissant voire irrésistible. En d’autres mots, Obama semblait porté par une vague populaire et se contentait de traduire cette poussée en s’exprimant, en son nom, par des propositions que ses adversaires ont dénoncées comme “vagues”, inconsistantes“, “démagogues“, etc. Tout cela était de bonne guerre et l’ensemble rendait compte finalement d’une réalité politique puissante à l’avantage d’Obama.
Il semble, selon notre estimation, que l’un des premiers faux-pas majeurs d’Obama soit intervenu peu avant les primaires de mardi, et qu’il a pesé sur les résultats dans l’atmosphère survoltée de ces élections où la principale caractéristique est une rapidité de communication extraordinaire par les nouvelles technologies et les réseaux disponibles (notamment, tout ce qui est lié à Internet). Dans The Independent d’hier, Dominic Lawson rend compte de la chose sous un titre dépité («There's nothing new about Barack Obama»), impliquant qu’avec ce candidat démocrate “révolutionnaire“, on retrouve en réalité tous les ingrédients habiturels de la bonne vieille “politique politicienne” US (et non-US, d'ailleurs).
Voici l’affaire exposée en cinq paragraphes, avec le paragraphe d’introduction sur l’image initiale d’Obama, et la réalité découverte par l’affaire du mémo d’Obama pour les Canadiens. (Obama en campagne dans l’Ohio où il dénonce l’accord de libre-échange NAFTA, affirmant qu’il faut renégocier l’accord avec le Mexique et le Canada, envoyant en sous-main aux Canadiens le message que tout cela est simple rhétorique électorale...)
«Barack Obama is the new, new thing. There's been nothing like him ever before in American politics, apparently. The old style of pork-barrel vote-buying has been cast aside by a man who will appease no special interest groups. In a battle for the presidency with the 71-year-old Republican John McCain, we all know who will represent the decisive break with the ‘old politics’. Or do we?
»Over the past fortnight Barack Obama has done whatever it takes to capture Ohio and Texas, and thereby seal the Democrat nomination. In Ohio, where traditional manufacturing jobs have been hit by foreign competition, Obama has savaged the North American Free Trade Agreement, (one of Bill Clinton's signal achievements). He has said that, as President of the United States, he will pull out of the agreement with Mexico and Canada unless those two countries agree to it being rewritten along what the Wall Street Journal describes as “Yankee terms”.
»Yet, according to a memo obtained by the Associated Press, one of Obama's advisors has hastened to reassure anxious Canadian consular officials that while “protectionist sentiment has emerged, particularly in the Midwest during the primary campaign, this messaging should be viewed as more about political positioning than a clear articulation of policy plans.”
»Or, in other words, don't worry, Barack Obama doesn't mean what he says – this is just old-fashioned electioneering. Obama has been relatively silent about Nafta in Texas, which has benefited dramatically from the increased trade with Mexico. On the other hand he has come out specifically against “open trucking” with Mexico, in which freight lorries would drive across the border instead of unloading onto American trucks. As the Financial Times managed to report with a straight face: “Obama's new stance coincided with the endorsement of the Teamsters union, which is opposed to competition in road freight.” Ah, politics as usual.»
Il y a sans doute deux aspects d’explication du comportement d’Obama.
• D’une part, une évolution normale. L’homme est emporté par un courant populaire plus qu’il ne le suscite. Il s’en avise et en arrive à tenter, parallèlement, de reprendre le contrôle des choses en montrant une certaine responsabilité politique. Il avertit donc les Canadiens qu’il ne faut pas trop prendre ses déclarations au pied de la lettre. Cela se sait et cela fait bien mauvais effet, – même s’il s’agit, objectivement considérée, d’une pratique assez courante et normale pour les hommes politiques en campagne.
• D’autre part, peut-êtrer, un pêché d’arrogance. Obama a agi comme s’il était assuré de sa nomination, donc sans peser le pour et le contre des effets possibles d’une telle démarche sur le processus en cours si elle venait à être connue. Pêché d’arrogance, parce qu’Obama n’est pas (encore?) assuré d’être désigné par le parti démocrate, moins que jamais encore bien sûr après les résultats d’hier dont une partie peut effectivement être considérée comme la conséquence de cette attitude.
Mis en ligne mle 5 mars 2008 à 13H08