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328C’est désormais un lieu commun d’observer que la pression de la crise économique se renforce chaque jour aux USA; il n’empêche, cette pression est si forte qu’Obama intervient désormais directement, c’est-à-dire encore plus directement, encore plus comme s’il était effectivement président à cet égard, pour lancer des cris d’alarme. Celui qu’il a lancé hier, comme cri d’alarme, est remarquablement strident. The Independent développe le thème dans un article de ce 9 janvier 2009: «Obama: US faces economic ruin if you don’t back me.» Il est vrai que l’affaire est, disons, convaincante, avec les chiffres, indices et prévisions qui s’accumulent; il est vrai que le President-elect éprouve une inquiétude de plus en plus grande, d’autant qu’il se heurte à l’obstacle fondamental dans cette monstrueuse démocratie bureaucratique que sont les USA, avec la bureaucratie, les intérêts particuliers et partisans, les procédures, etc., – l'obstacle gigantesque qui est la difficulté de parvenir à une direction efficace. (On mesure, dans ces heures difficiles, le délabrement du système et la sclérose d’un pouvoir si puissant, qui se retrouve si impuissant dans les heures les plus graves qu’on puisse imaginer.)
«Barack Obama delivered a stark warning yesterday of the grave dangers of an economic catastrophe if a rescue plan he intends to propose is not swiftly implemented. He made his appeal despite a constant refrain from his aides that the US can only have one president at a time. It is rare for a President-elect to intervene so directly before inauguration day and Mr Obama still refuses to involve himself in any meaningful way in the deepening Gaza crisis.
»But so alarmed is he about the speed at which the US economy is going into reverse that he decided to go public after consulting with George Bush at the White House the previous day. The president in waiting warned that “this recession could linger for years” if a massive job creation and tax-cutting programme he intends to propose is not quickly adopted by Congress. “I don't believe it's too late to change course, but it will be if we don't take dramatic action as soon as possible,” Mr Obama declared. “If nothing is done... the unemployment rate could reach double digits.” Mr Obama said the economic meltdown had followed “after a period of profound irresponsibility” by Wall Street, ordinary Americans and their political leaders.»
Cette extraordinaire vitesse des événements fait que le nœud des séquences successives à l'intérieur des crises, aujourd’hui, se nouent dans une mesure de quelques jours. Même d’ici son inauguration, dans onze jours, la situation d’Obama va encore devenir plus dramatique, plus intense. L’enjeu devient de plus en plus, pour le President-elect, de voir s’il arrivera à prendre le contrôle des événements avant son inauguration, ou directement après, et cela aussi bien des événements économiques et sociaux eux-mêmes, que des événements bureaucratiques et washingtoniens, face au Congrès, aux divers groupes de pression, etc. La situation générale est sans aucun doute sans précédent, puisqu’on sait bien qu’Obama est lui-même dans une situation politique complètement différente de celle de FDR en mars 1933. Il est déjà dans l’arène politique, comme un des acteurs du jeu, ressenti comme tel par la population, certes immensément populaire (plus de 80% de soutien) mais ne disposant plus de l’arme du “choc” psychologique comme fut, pour FDR, lors de son inauguration, la soudaine irruption sur la scène politique d’un President-elect qui s’en était jusqu’alors tenu complètement écarté.
Ce qui menace Obama, c’est l’enlisement et le ralentissement dans les procédures, les objections du Congrès (des républicains, dont le soutien est paradoxalement nécessaire), les amendements, etc., alors que la situation demande vitesse et détermination. L’on comprend bien que cette vitesse et cette détermination sont moins nécessaires pour des résultats économiques immédiats que pour l’effet psychologique de mobilisation. On en revient donc au “fondamental” de l’économie, qui est la psychologie. L’activité aux USA tend vers la paralysie, la consommation aussi, réduite au strict minimum. La situation nourrit et aggrave la crise, dans un schéma typique du rappel de la psychologie de la Grande Dépression. Il faut un coup de tonnerre pour renverser tout cela. Mais, on l’a vu, le “coup de tonnerre” a déjà eu lieu, – ce fut l’élection d’Obama. Le President-elect se bat, – désespérément ou pas? – pour retrouver assez de poudre et faire éclater un deuxième “coup de tonnerre”. L’inauguration est une possibilité, si Obama choisit le mode tragique, s’il arrive vraiment à être Lincoln (à défaut d’être FDR pour ce cas). La partie est serrée et Obama doit montrer qu’il est un grand Président avant de l’être vraiment, président.
Mis en ligne le 9 janvier 2009 à 12H59
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