Le prochain secrétaire général de l’OTAN, la Pologne et le BMDE

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A la récente réunion des ministres de la défense de l’OTAN, à Cracovie, en Pologne, on a abordé la question du nouveau secrétaire général, le successeur de Jaap de Hoop Scheffer qui quitte son poste le 31 juillet. La candidature du ministre polonais des affaires étrangères Radoslaw Sikorski a été présentée par les Polonais. Une dépêche AFP, relayée par Defense News du 20 février fait rapport des circonstances.

«Poland has lobbied its NATO allies for Foreign Minister Radoslaw Sikorski to become the military alliance's next head, a senior Polish official said Feb. 20. “I did raise this topic,” Polish Defense Minister Bogdan Klich told reporters after talks with his NATO counterparts in Krakow.

»“Sikorski's experience in unblocking dialogue between Warsaw and Moscow would be an asset to the alliance in building new channels of communication with Russia,” Klich said.»

On attendait l’arrivée de l’administration Obama pour prendre une décision pour un nouveau secrétaire général de l’OTAN. La chose devrait être tranchée et annoncée pour le grand sommet de Strasbourg, du soixantième anniversaire de l’Alliance. La candidature de Sikorski (qui s'ajoute à d'autres, bien sûr) a l’avantage, du point de vue des équilibres et susceptibilités diplomatiques à l’intérieur de l’Alliance, d’être celle d’une personnalité d’un des nouveaux pays d’Europe de l’Est.

Il est également possible qu’il faille placer cette question de la candidature de Sikorski dans un cadre plus politique. (Sikorski avait d’abord repoussé cette suggestion, il y a quelques mois, mais a modifié sa position depuis, l’appréciant comme “flatteuse” pour lui-même le 18 février.) La rencontre de Cracovie a montré que l’affaire du réseau anti-missiles en Europe BMDE évolue dans le sens d’un gel et d’un abandon possible du projet.

Les Polonais, qui ont signé un accord avec les USA le 14 août 2008 pour l’installation de la base BMDE principale dans leur pays, sont évidemment intéressés au premier chef par l’évolution du dossier. On a vu à Cracovie qu’ils se battaient moins pour le maintien du projet que pour obtenir, en cas de gel ou d’abandon, les avantages qui leur étaient donnés dans cet accord, – notamment les missiles Patriot de défense sol-air qui leur ont été promis. C’est aussi dans ce cadre qu’on pourrait considérer la candidature Sikorski pour le poste de secrétaire général de l’OTAN, avec évidemment le rôle important, sinon prépondérant des USA dans cette désignation. Une nomination de Sikorski pourrait être présentée par les Polonais comme une “compensation” à un éventuel abandon du BMDE, ou, dans l’autre sens, offerte aux Polonais dans cet esprit de marchandage bien otanien par les USA. Il faut remarquer que l’“esprit” de la proposition polonaise de la candidature Sikorski telle qu'elle est présentée par Klich va dans le sens de l’apaisement avec la Russie qu’implique notamment, et évidemment, le gel ou l’abandon (le gel et l’abandon) du programme BMDE (l’expérience de Sikorski pour “débloquer” le dialogue entre la Pologne et la Russie présentée comme un atout pour l’alliance, pour établir “de nouveaux canaux de communication avec la Russie”).

En d’autres mots et dans le cas où Sikorski serait effectivement désigné comme le nouveau secrétaire général de l’OTAN, on aurait de bonnes raisons de considérer la nouvelle comme un signe de plus qu’il y a de fortes chances pour que le destin du réseau anti-missiles BMDE soit d’ores et déjà scellé.


Mis en ligne le 24 février 2009 à 07H38