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1038La Lettre d’Information Inside the Air Force ne se laisse pas trop décourager par les appréciation méprisantes de l’excellent Loren B. Thompson («a newsletter called Inside the Air Force»). Elle continue sur sa lancée et, le 29 octobre, donne un long article sur la situation du programme JSF, qu’on peut désormais qualifier de “critique”. Les principales observations déjà publiées sur les résultats de l’enquête JET-II (deuxième évaluation du programme par l’équipe JET) sont confirmées, détaillées et, en un sens, amplifiées.
• L’article, du journaliste Jason Sherman, également indirectement mis en cause par Loren B. Thompson, rapporte que le sentiment général au Pentagone est que le programme JSF a de fortes chances (!), à la lumière du rapport JET-II, de tomber sous le coup de la loi Nunn-McCurdy sanctionnant les programmes dépassant de 25% leurs estimations de coût, et ordonnant soit l’abandon soit la restructuration des programmes fautifs.
• Il y a eu des observations du porte-parole du Pentagone sur cette situation… «The new cost estimate – first reported Oct. 22 by InsideDefense.com – is “pessimistic,” Pentagon spokesman Geoff Morrell told reporters today, adding that Ashton Carter, the Defense Department's acquisition executive, has been briefed on the JET assessment. He also said the assessment “clearly raises concerns about the course the program is on.”» L'article cite également un “officiel” du Pentagone: «The Joint Strike Fighter program may not be as neat and on time, on schedule and on performance as perhaps the secretary of defense was led to believe six months ago when he made [fiscal year 2010] budget decisions in April.» Cet “officiel” rapporte, selon l'article, qu'une réunion a eu lieu avec le n°2 du Pentagone William Lynn sur les résultats du rapport JET-II: «The information last week was: If you're associated with the program, you probably are concerned.»
• L’article donne aussi de nombreuses précisions sur la composition de l’équipe JET (Joint Estimates Team), la présentant comme particulièrement diversifiée, avec des spécialistes de l’USAF et de la Navy sur divers domaines de la gestion, de l’ingénierie, de l’évaluation budgétaire et d’autres domaines techniques. Des précisions également sur la méthodologie, présentée comme très moderne, très adaptée aux situations avancées de développement; sur la façon dont JET a procédé dans son enquête d’évaluation, etc. – tout cela, manifestement donné pour répondre aux critiques de Lockheed Martin selon lesquelles JET travaille selon des données et des méthodes dépassées. On trouve ainsi dans le corps de l’article la confirmation que les évaluations de JET vont constituer la base de l’évaluation générale que le Pentagone va certainement faire de l’état du programme JSF. Il est très probable que novembre et décembre vont être des mois cruciaux où le programme JSF va être examiné de très près, avec de possibles décisions importantes.
• D’une façon générale, diverses faiblesses sont déterminées dans le programme, à tous les niveaux du développement et des essais en vol, donnant une impression générale d’un programme dans une situation extrêmement tendue et vulnérable. La logique induite par ces remarques est qu'une telle situation nécessiterait effectivement une restructuration radicale pour tenter de contenir les risques.
• Il y a dans certaines phrases, notamment celles de l' “officiel” du Pentagone qui est cité («The Joint Strike Fighter program may not be as neat and on time, on schedule and on performance as perhaps the secretary of defense was led to believe six months ago when he made [fiscal year 2010] budget decisions in April»), des insinuations montrant que les différentes autorités en place commencent à verrouiller leurs positions si vient un moment où l’on en viendrait à demander des comptes aux uns et aux autres. (Il y a déjà eu des cas de cette sorte où la direction du Pentagone s’est trouvée en conflit avec un constructeur à propos d’un programme tournant à la catastrophe, comme lors de l’affaire du A-X/A-12 de General Dynamics – sans doute le cas le plus dramatique à cet égard – brutalement annulé en janvier 1991 par le secrétaire à la défense Dick Cheney, ce qui mena à un procès entre General Dynamics et le Pentagone.)
• Bien entendu, toute cette affaire est rendue extrêmement dramatique, voire vitale pour la sécurité nationale US, dans la mesure de l’importance budgétaire du JSF, et, surtout, dans la mesure où il s’agit du seul avion de combat moderne en développement pour les trois armes (USAF, Navy et Marine Corps).
Mis en ligne le 31 octobre 2009 à 14H43