Le Rafale, de la Suisse au Brésil, en passant par l’Inde

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La même Christina Mackenzie, du site Ares, d’Aviation Week & Space Technology, relaie des nouvelles intéressantes du Rafale (et de ses concurrents), de la Suisse, qui a (avait ?) choisi le Gripen et du Brésil. Tout cela se dit et s’écrit naturellement à la lumière du choix indien en faveur du même Rafale.

• D’abord, le 12 février 2012, Mackenzie fait un rapport détaillé des fuites qui sont parvenues à l’hebdomadaire suisse Le Matin Dimanche sur l’évaluation des concurrents pour le nouvel avion de combat suisse (Rafale, Gripen, Eurofighter Typhoon, réduit au Rafale et au Gripen). On sait que le choix du Gripen a soulevé une tempête de protestation en Suisse, qui se concrétise par une commission parlementaire d’enquête qui devrait aboutir au mieux au recommencement de la compétition, avec un handicap quasiment insurmontable pour le Gripen. Le document, qui est le rapport d’évaluation des militaires suisses des avions en concurrence, met en évidence les faiblesses exceptionnelles du Gripen, celles, assez remarquables du Typhoon, et la prépondérance opérationnelle et technique incontestée du Rafale. La force aérienne suisse confirmer ainsi toutes les évaluations déjà faites à cet égard, par d’autres forces aériennes. (A commencer par la Hollande, comme signalé dans notre texte du 30 janvier 2002.) Bien entendu, on en conclut qu’avec le probable recommencement de la compétition en Suisse, le Rafale se trouvera en position exceptionnellement favorable.

«What particularly troubles the Swiss is that the mission the Gripen scored the worst on is the only one that the Swiss air force is certain it will have to undertake: protecting the sovereignty of its airspace. The Swedish aircraft only scored 5.33 out of 10 on this mission, well beneath the minimum 6 required by the air force. Gripen's low score overall on this mission was the result of three counter-performances: slow “quick reaction alert” on which it scored 4.7, insufficient flight performance (5.5) and nowhere near enough endurance (3.8). Six was the minimum requirement for all three tests. Eurofighter Typhoon scored 6.48 overall and the Rafale 6.98 on this air policing requirement.

»Le Matin Dimanche reports that moral is low at the Swiss procurement agency Armasuisse and in the air force's evaluation teams who claim that Gripen got its score of 6 only on financial criteria. My conjecture is that not much arm-twisting was required by the newspaper to obtain these confidential air force reports.

»In the first report the evaluation team writes that “among the three... candidates, the Rafale was the aircraft which demonstrated the best effectiveness and suitability in the accomplishment of all types of Air-to-Air missions, Recce and Strike missions. In addition, the Rafale made the best impression to the pilots.”

»“The Eurofighter was able to fulfill all Mission Essential Tasks required by Air-to-Air missions. Hence in the Air-to-Air domain, there were several deficiencies that prevented a good execution of some mission essential tasks. The a/c performances (super cruise at Mach 1.4) were among the strong point of the Eurofighter. The sensors data fusion and the EW suite performances can be mentioned among the weak points...the capabilities of the Eurofighter to fulfill Recce and Strike missions were rated as unsatisfactory.”

»“Based on test flight results, the Rafale is the candidate which fulfill all Swiss Air Force requirements and ended with the best score recommended as new fighter for the Swiss Air Force. The Eurofighter is the best alternative to the Rafale.”»

• Dans le texte référencé ci-dessus, Mackenzie note que son attention a d’abord été attirée, pour ce qui concerne l’affaire suisse, par des rapports à ce propos dans la presse brésilienne. («And also interestingly I was alerted to this by Brazilian media reports which, with a decision to be made soon in their own nation's combat aircraft tender, are closely watching the goings-on in Switzerland and are carefully reading Indian documents tracing the path they took to choosing the Rafale.») Cela lui permet donc, à Mackenzie, d’enchaîner un jour après (le 13 février 2012), sur la question du Rafale au Brésil, puisqu’une compétition est toujours en cours dans ce pays. Mackenzie écrit, sans prendre aucune précaution de langage et en s’appuyant sur une dépêche Reuters, que la présidente brésilienne Rousseff, inspirée par la décision indienne, a fait son choix et qu’il s’agit du Rafale.

«Brazil's last doubts over the Rafale combat aircraft have been lifted by India's choice of the French-designed plane but President Dilma Rousseff says she will not make any official announcements until after the French presidential election (held in two-rounds, the first on April 22, the final run-off on May 6) so that no political mileage can be got out of the deal.

»Brazilian government sources told Reuters, on condition of anonymity, that Rousseff and her main advisors are now convinced that the offer made by Dassault Aviation to meet Brazil's tender for 36 aircraft is better than Boeing's with its F-18 or Saab's with the Gripen. “The India deal changed everything,” one of the sources said. “With India's decision, it's now very likely the Rafale will be the winner here,” the sources added.»

…Cela ressemble à un “effet domino”. Il s’agit d’un “effet” qui est en train de pulvériser la légende de la supériorité des avions anglo-saxons ou assimilés (le Gripen, en partie soutenu par BAE qui a des participations dans SAAB, comprend plus de 40% de ses composants d’origine américaniste) ; un “effet” qui est en train d'établir le Rafale dans sa vraie position, – c’est-à-dire celle de meilleur avion de combat au monde dans sa génération, – en attendant la génération suivante (la cinquième) qui verra sans doute le jour avec le T-50 russe et dans laquelle le même Rafale figurera avec des versions novelles, mais qui connaîtra la plus grande catastrophe industrielle et technologique de l’histoire de l’aéronautique avec le JSF.

L’“effet domino” a également une dimension politique potentielle considérable. Inde et Brésil font partie du groupe BRICS, la Suisse se tient en dehors des aventures du bloc BAO ; si ces diverses ouvertures faites au Rafale français se confirment, il y a là une dynamique politique en formation qui aura nécessairement un effet sur la politique extérieure française (encore plus si l’on y ajoute les porte-hélicoptères classe Mistral pour la Russie, autre membre du BRICS.)

On y verra plus clair après l’élection présidentielle française, que Rousseff prend soin de mentionner comme date exclusive avant l’annonce de sa probable décision. L’affaire est à suivre, notamment et particulièrement parce qu’elle implique des dimensions débordant très largement le cadre des questions d’armement.


Mis en ligne le 13 février 2012 à 12H18