Le rapport CSBA: la danse du scalp autour du JSF continue

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C’est bien un signe de l’urgence de la situation lorsqu’une agence de presse générale comme Reuters, présentant un rapport du Center for Strategic and Budgetary Assessments (CSBA) sur la réforme nécessaire du Pentagone en général, avec les ajustements budgétaires qui vont avec, pour accompagner la revue stratégique dite QDR (Quadrennial Defense Review) FY2010 en cours de développement au sein de ce même Pentagone, choisit de centrer son analyse sur le programme F-35/JSF; nous voulons dire, “un signe de l’urgence de la situation” pour le JSF, certes.

Le rapport du CSBA disponible le 12 août 2009 sur le site de ce think tank, analyse en effet la situation du Pentagone en général. Il la juge très difficile, de plus en plus difficile dans le cadre général de la crise financière et économique.

«Options for dealing with the tightening budget situation are limited. In the coming years, pressure will likely continue to grow for DoD to scale back its plans, including both major modernization efforts and force structure plans. This [FY2010] budget begins the process of cutting some modernization efforts that have been deemed unnecessary or unaffordable. Further cuts may prove challenging as the need to recapitalize equipment continues to grow. It will likely be difficult or impossible to make reductions in some programs and activities—especially in the Army and Marine Corps force structure—so long as a large US military presence is required in Iraq and Afghanistan or it is deemed necessary to maintain the capability to conduct such large-scale stability operations in the future. The ongoing Quadrennial Defense Review (QDR) will attempt to address many of these strategic questions. Whatever path is selected, effectively addressing the growing cost of DoD’s plans and the growing size of the federal deficit will require making some hard decisions. And the sooner those decisions are made the less painful they will be to carry out.»

L’analyse de Reuters, publiée le 12 août 2009 également, développe le thème, mais en prenant le F-35 comme exemple de la situation au Pentagone…

« The Pentagon may want to consider scaling back Lockheed Martin Corp's multinational F-35 fighter program, the costliest-ever U.S. arms-purchase plan, as part of stepped-up budget belt-tightening, an analysis by an influential research group said.

»The private Center for Strategic and Budgetary Assessments, several of whose one-time experts are now serving in senior Obama administration jobs, cited the F-35 as just one example of programs ripe for review by the Department of Defense during its once-every-four-year, top-to-bottom re-assessment now under way.

»“Rather than buying both new long-range bombers and thousands of short-range F-35 fighters, DoD might consider whether the new bombers ... could represent a cost-effective substitute for some number of these new fighters,” said the CSBA analysis, of President Barack Obama's fiscal 2010 budget request. […] Moreover, the use of unmanned systems "could enable a radically different force structure that achieves the same level of effectiveness at a much lower cost," added the report by the center's Todd Harrison.»

Un autre aspect important, d’ailleurs effleuré dans la citation ci-dessus, se trouve dans les précisions apportées sur les liens entre le CSBA et l’administration Obama. Reuters consacre un passage, qui n’est pas innocent dans ce contexte, à cet aspect de la chose.

«The private Center for Strategic and Budgetary Assessments, several of whose one-time experts are now serving in senior Obama administration jobs… […] [The report’s author Todd Harrison] was tapped this year to replace the CSBA's long-time defense budget analyst, Steven Kosiak, who now oversees defense spending at the White House Office of Management and Budget. Kosiak, along with the center's Barry Watts, voiced similar concerns in a 2007 CSBA report, concluding a decision on the F-35's future should be reached “sooner rather than later.”»

Le site hollandais JSF Nieuws (ici en traduction anglaise) insiste également beaucoup, ce 13 août 2009, sur les liens de l’administration Obama, via Kosiak, avec le CSBA. Il se réfère également à cette étude de 2007, du même Kosiak, qui recommandait de réduire la commande USAF de JSF d’au moins 50%, et de combler ces vides par un achat de F-16 dernière version (F-16C Block 60)

A cette lumière, la parution du rapport du CSBA n’est pas fortuite. Elle apparaît comme un accompagnement, une mise en condition du monde politique, industriel et médiatique, dans une orientation générale qui semble bien être celle d’une remise en cause des situations générales régnant au Pentagone. Aujourd’hui, la crise du Pentagone est une réalité acceptée, actée par l’administration Obama et par le Congrès, et, dans cette crise, la crise du JSF est à la fois l’archétype et, dans le domaine de l’acquisition, la partie la plus pressante et la plus lourde. Le climat est en train d’évoluer, éventuellement avec une possibilité de basculement, entre l’attitude maximaliste tenue ces derniers mois (“faire le JSF à tout prix et le plus vite possible”) et le constat de la crise (“impossible de poursuivre comme cela, il faut restructurer le programme JSF”). Si, effectivement, l’analyse entre dans la résolution de la restructuration du programme, des bouleversements sont possibles, sinon probables, selon la philosophie, interprétée dans le bon sens, de la boîte de Pandorre; une fois ce programme exposé à une évaluation serrée, avec la réelle mesure de sa situation, la restructuration qui s’annoncerait aurait toutes les chances de déclencher un enchaînement de conséquences révisionnistes. (On notera également pour confirmer cette fragilité crucial du JSF, la nouvelle, avec l’interprétation du site ELP Defens(c)e, ce 13 août 2009, de nouveaux signes de diffciultés internes du programme; il s'agit de l’annonce du upgrading d’un certain nombre d’avions de production-prototypes, eux-mêmes en cours de démonstration en vol du programme.)

Il semble qu’on puisse de plus en plus considérer l’hypothèse que l’intervention du JET, avec le soutien officiel pour en faire une sorte de “juge de paix” du programme JSF, est un tournant politique important. Cela marque peut-être la marche vers la reconquête du pouvoir d’un programme complètement annexé par l’équipe JPO-LM (JSF Program Office du Pentagone, avec Lockheed Martin) ces dernières années.


Mis en ligne le 13 août 2009 à 13H44