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25 mars 2004 — Différentes indications venues de sources européennes qui nous sont proches suggèrent une estimation radicale du phénomène électoral espagnol, entre le 11 (attentats) et le 14 mars (vote). Cette estimation confirme que les moyens de communication modernes (Internet, courriel, téléphone portable) utilisés d’une manière improvisée ont joué un rôle essentiel dans le renversement de tendance et la décision contre le Parti Populaire. Ce phénomène n’est plus nouveau mais, à chaque expérience, il acquiert des caractéristiques nouvelles et remarquables. Dans le cas espagnol, la nouveauté révolutionnaire tient d’une part dans la rapidité du processus, d’autre part dans son interférence directe dans le mécanisme essentiel du système démocratique qu’est le vote populaire.
Nous proposons cette introduction pour placer dans une perspective plus concrète la suggestion qui commence à se répandre d’un “vote mondial” aux élections présidentielles américaines, telle que la répercute ce matin un journaliste japonais, Yoichi Funabasji, à partir d’un processus d’ores et déjà mis en place par le site “The World Votes”, du Néerlandais Wiebe de Jager, de l’Institute for Multiparty Democracy de La Haye. (Effectivement, initiative typiquement néerlandaise, à plusieurs points de vue.)
« The idea is to hold a mock election via the Internet at individual discretion, giving everyone around the world with access to the Internet the chance to cast a vote. Voters would be able to choose the candidate they think is best for the world, giving reasons for their choice. The results should then be published before the real election on Nov. 2, allowing U.S. citizens to take world opinion into account when making their own decision.
« The Internet can provide input from people who otherwise wouldn't be heard. There are currently an estimated 700 million Internet users worldwide. Taking out the 200 million Americans who are now regular Web surfers, that leaves half a billion people outside the United States, including 200 million in Europe and 230 million across Asia, who could express their opinions on American policy.
« Web users obviously don't represent the views of all of their fellow citizens. However, the type of person connecting to the Web matters. In the developing world, particularly, Internet users often include the educated economic and social elites who are traditionally responsible for shaping and evaluating their countries' foreign policy. What these people think should matter to the United States. Regardless of the administration in the White House, these are people whom Washington and Wall Street have to work with in pursuing American interests overseas. They are in a unique position to both shape and reflect public opinion in their countries. »
Cette intervention dans les affaires intérieures des États-Unis est aisément justifiée par Funabasji, dans la mesure de la prépondérance considérable que les États-Unis exercent dans les affaires du monde, dans les institutions internationales, dans les communications, le commerce, etc, dans une mesure et d’une façon qui constituent sans le moindre doute une ingérence constante dans nos affaires intérieures. On pourrait ajouter que la justification suprême se trouve dans les interférences systématiques que le gouvernement washingtonien exerce aujourd’hui, grâce aux moyens militaires, aux dépens de la souveraineté d’innombrables États, dans les pressions exercées de façon quotidienne, dans les relais d’influence dont disposent les USA dans le reste du monde et ainsi de suite. Enfin, Yoichi Funabasji cite également les propos du candidat démocrate John Kerry, que nous avons commentés, sur l’intérêt de dirigeants non-US pour sa candidature.
Certains commentateurs américains donnent indirectement une autre sorte d’arguments pour cette sorte d’“interventionnisme”, à partir du constat de la situation intérieure des USA. Dans ce cas, effectivement, une intervention extérieure devrait être appréciée comme une façon de contrebalancer une situation intérieure très détériorée du point de vue du droit et de la liberté d’expression.
« Charles Kupchan, a professor at Georgetown University and author of ''The End of the American Era,'' believes that since Sept. 11, 2001, the system of checks and balances has broken down in the United States. Internally, opposition parties have almost disappeared, and those expressing a dissenting view are few. Bush critics are condemned as unpatriotic, and only in the past four to five months have opponents of Bush's foreign policy begun to creep out from behind the rocks. »
In illo tempore, une telle initiative serait jugée farfelue. Aujourd’hui, on se permettra d’hésiter avant de se prononcer, tant les exemples existent de l’efficacité de ces méthodes (ce pourquoi nous avons cité le cas espagnol).
Il est intéressant de noter également que cette initiative pose d’une façon plus générale le problème de la souveraineté à notre époque, voire exprime ce que certains pourraient apprécier (ou craindre) comme le schéma d’une forme de contrôle mondial des gouvernements nationaux. Nous serions tentés de pondérer un tel jugement. Il nous paraît que de telles initiatives sont plus le fruit d’une réaction exacerbée à une situation d’agression jugée de plus en plus insupportable, qu’une tentative d’institutionnaliser un procédé. C’est en revenir à l’argument ci-dessous sur la réciprocité de l’interventionnisme.
L’argument du précédent (sorte de jurisprudence) nous apparaît comme très théorique, un peu comme la crainte que la doctrine de frappe préemptive américaine conduise d’autres pays à agir de même. Dans le cas des jurisprudences d’actes exceptionnels, — stupides, héroïques, fous, avisés, etc,
En attendant, allez sur “The World Votes” et votez utile...