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28 avril 2004 — Dans le numéro du 4 mai 2005 de Jane’s Defence Weekly (JDW), un rapport, mis en ligne le 26 avril, présente les extraordinaires déclarations de Tony Edwards, ancien chef de la Defence Export Services Organisation du Royaume-Uni.
Voici ce qu’en dit JDW :
« The UK needs to decide quickly whether to sign up with a common European defence industrial base or continue an over-reliance on the US, according to a former head of the UK Defence Export Services Organisation.
» Addressing the Jane's/Economist Third Annual Defence Industry Conference in London on 26 April, defence industry executive Tony Edwards said the UK “held the key to unlocking a credible European defence policy” but to do so it had to abandon its special relationship with the US.
» Speaking on the theme of ‘Defence at the Crossroads’, Edwards said that for the EU to pursue an effective foreign policy, it needed to develop an effective defence policy with far closer collaboration between European defence industries.
» “At the moment there is a plethora of expensive long-term projects. For example, in Europe we have the Gripen fighter, Rafale and Eurofighter with many signing up for the US Joint Strike Fighter. Now it is obvious the taxpayer is being served badly,” Edwards said.
» With the creation of the European Defence Agency (EDA), which aims to foster greater defence collaboration to meet requirements identified in the 2003 European Security Strategy, there needed to be debate in the UK about closer involvement with Europe, Edwards said.
(...)
» Edwards said because of the UK's over-reliance on the US, France had stolen a march on it and was now the leader of the European defence industrial base.
» “The French government can be counted on for other countries of Europe but the UK will have to let go of its relationship with the US. They are going to have to accept that they will have to co-operate with French companies who will have links to the French government.” »
L’intervention d’Edwards est marquée par une franchise extraordinaire, surtout pour qui connaît la discrétion britannique, proverbiale dans les cas de grande crise. Il faut que la crise ait dépassé ce stade d’être “grande”, qu’elle soit immense et proche de son point de fusion pour que de telles phrases soient prononcées, pour que de telles options (“abandonner les relations spéciales avec les USA”) soient dites et répétées.
Il faut être attentif à l’évolution britannique peut-être déjà en cours, dans tous les cas ces prochains mois, surtout durant la présidence britannique de l’UE (1er juillet-31 décembre). Il faut être aussi attentif à la concrétisation éventuelle de la proposition centrale de Edwards : « there needed to be debate in the UK about closer involvement with Europe », — qui est une chose bien différente des débats divers sur l’Europe auxquels on assiste aujourd’hui. Un tel débat au Royaume-Uni, évidemment lié à la condition qu’évoque Edwards « to abandon its special relationship with the US » (noter la force du terme “to abandon”, souligné par nous-mêmes), représente la perspective de la plus formidable révolution stratégique et politique au Royaume-Uni depuis 1940-41.
On comprend que cette perspective n’est pas évoquée gratuitement (!). C’est, aujourd’hui, la pression des événements, essentiellement venus d’Outre-Atlantique, qui conduit des responsables britanniques à poser crûment le problème central de la stratégie et de la politique du Royaume-Uni. Si l'évolution envisagée se concrétise, il s'agira d'un événement potentiel qui bouleversera l’Occident et la structure de l’Europe. Le débat engagé en France à l’occasion du référendum ne peut plus désormais être poursuivi sans cette référence à cette évolution potentielle des Britanniques. Quoi qu'il en soit, le fait de poser cette question signale une circonstance historique.