Le sommet de Téhéran…

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Le Moyen-Orient est en pleine évolution, en plein “reshaping”, — comme le voulaient les néo-conservateurs, mais certainement pas dans le sens où ils le voulaient. On y apprend que les Iraniens ont convoqué pour dimanche prochain un sommet avec les Syriens et les Irakiens, — oui, c’est bien cela : les Irakiens du gouvernement installé sous protectorat américaniste. Résumons : on n’a jamais vu jusqu’ici un signe plus tangible de la catastrophe pathétique qu’est devenue la politique extérieure US, notamment dans cette région vitale.

De Washington, Rupert Cornwell écrit aujourd’hui dans The Independent :

«President Mahmoud Ahmedinejad has invited the leaders of Iraq and Syria to a summit in Tehran this weekend to discuss ways of ending the sectarian violence in Iraq, upstaging the US and underlining the growing influence of Iran.

»Washington is still casting around with increasing desperation for an honourable exit strategy from Iraq, a strategy some say should include bringing Iran and Syria into the negotiating process.

»Apparently, Jalal Talabani, the Iraqi President, has already agreed to the meeting, and Syrian leader Bashar Assad is expected to follow suit. News of the summit came after surprise talks in Baghdad between the Iraqi Prime Minister, Nouri al-Maliki and Walid Moallem, the Syrian Foreign Minister and the highest ranking official from Damascus to visit Iraq since the fall of Saddam Hussein.

»The two neighbours have the most influence on events in Iraq, Iran through its close ties with leading Shia militias that control swaths of the country, especially in the south; and Syria because of its role as conduit and safe haven, for terrorists and the Sunni insurgents.

»The summit has clearly been deliberately timed to coincide with the reshaped political debate here after the Democratic mid-term election triumph, and the announcement of policy reviews by the Pentagon and the White House.»

Outre son intérêt politique concret, le sommet de Téhéran se présente comme un acte symbolique qui met en évidence deux points :

• L’échec fracassant et désespérant de la politique US dans la région. Le chaos irakien, par ses effets en chaîne, se transforme en une défaite stratégique fondamentale qui marque un degré de plus dans l’effondrement de la politique extérieure US. Les Etats-Unis ne sont plus capables d’aucune initiative diplomatique quelconque, une fois mise en évidence l’impuissance complète de leur appareil militaire. L’initiative est donc laissée aux acteurs régionaux.

• L’irrésistible montée en puissance de l’Iran dans la région. L’Iran qui s’est trouvé installé en trois ans comme acteur central et maître du jeu des influences dans la région. Jamais ce pays n’aurait pu espérer une telle aubaine par ses seuls moyens. Le repoussoir américaniste joue son rôle à 100%. Si l’initiative iranienne donne quelques fruits au niveau irakien, c’est toute la région qui va bientôt reconnaître la prépondérance iranienne. Il faut bien noter que ce sommet n’a rien à voir avec la prescription de l’Iraq Study Group. La commission Baker prévoyait que les USA pourraient parler avec les Iraniens et les syriens ; ici, ce sont les Irakiens qui le font, Washington étant paralysé par l’entêtement aveuglé de sa politique (refus de parler avec les Iraniens).

Il ne resterait plus à la machine virtualiste américaniste, pour tenter de sauver les meubles, qu’à affirmer que Washington soutient le sommet, voire qu’il en a soutenu l’organisation…


Mis en ligne le 21 novembre 2006 à 11H34