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84910 juillet 2002 — Qu'y a-t-il de plus platement significatif que ces deux phrases, terminant un article du Washington Post d'aujourd'hui sur le discours où GW annonce qu'il met en place des mesures pour restaurer la confiance dans le système, et qui dit, ceci expliquant cela, — le discours expliquant la chute du Dow Jones : « Bush aides had hoped for a stock market rally after his 27-minute speech at the Regent Wall Street hotel. The Dow Jones industrial average, however, fell sharply and finished the day off 178.81 points. »
GW veut restaurer la confiance dans le coporate system mais c'est le problème d'une immense confiance qui n'existe plus depuis l'affaire Enron qu'il n'aborde pas, et pour cause, — confiance dans le président, dans la loi qu'il représente, dans la politique au sens large qu'il doit appliquer pour le bien public. Nous sommes dans une époque mangée par les vices les plus infâmants du caractère individuel confronté au phénomène social: l'individualisme, l'indifférence, l'égoïsme, la vanité et le mépris, l'aveuglement, la cupidité imbécile, l'ivresse de l'argent et ainsi de suite. Les paroles d'un président annonçant des mesures soi-disant fortes pour restaurer cette confiance dans le corporate system, alors que lui-même s'enfonce dans un scandale qui concerne le mal contre lequel il prétend précisément lutter; alors que toute son administration présente les mêmes symptômes et que l'association Financial Watch vient de porter plainte contre son vice-président Cheney pour escroquerie, toujours dans le domaine de ces mêmes pratiques, — comment pouvait-on espérer que le résultat fut autre que ce qu'il fut? GW a parlé par conséquent, Wall Street a chuté.
Face à la crise du système, GW n'a à sa disposition qu'un sous-système. Il est un sous-fifre dans une architecture minée de toutes parts. Le gouvernement des États-Unis n'a cessé de voir réduire son influence et sa dignité, par conséquent son autorité, du fait même de ces hommes qui s'installent tous les 4 ou 8 ans dans ses rouages et qui s'en servent au lieu de le servir. Mais ce n'est qu'une pièce du puzzle dont le tableau général reconstitué pourrait s'appeler ''déclin et décadence'', et qui concerne la grande Amérique acclamée jusqu'à l'ivresse et le système qu'elle a imposé. Ce à quoi nous assistons avec la chute accéléré du système de capitalisme-escroc et avec, morne cerise sur le gâteau, le scandale qui monte sur la personne même de ce président, c'est effectivement à l'accélération du processus de déclin multiplié par la décadence des moeurs et des actes, de ce qu'on nomme l'empire américain.
Le mal est immense car les écuries d'Augias occupent un volume considérable. Selon la commentatrice Arianna Hunffington, une connaisseuse de la vie politique américaine qui publie ses appréciations sur son site Arianna Online, voici quelle est la situation :
« The rapacious shareholder swindles perpetrated by WorldCom and Xerox are merely the latest outbreaks of an epidemic of fraud. Restatement of earnings has become the Ebola virus of corporate America, with close to 1,000 U.S. corporations restating their earnings since 1997. (Which means, I suppose, that Xerox could argue that it was merely copying others.) And Wall Street expects a flood of restatements in the next few weeks as CEOs scramble to come clean before a new rule takes effect in mid-August forcing them to swear under oath that their company’s books are accurate. »
L'important pour ce jour, dans un système qui fonctionne selon les lois de l'apparence et du sensationnalisme, dans un monde fonctionnant selon les lois du virtualisme, c'est de trouver ce qu'ils nomment ''une figure emblématique''. C'est-à-dire un personnage résumant tous les problèmes et concentrant sur lui la vindicte d'un autre sous-système, le médiatique avec ses propres lois du profit et de la moralisation. GW ferait bien l'affaire finalement, puisqu'il s'avère qu'il pourrait bien avoir été pris sur le fait, avec une casserole conforme à la crise présente. Il semble que la presse américaine soit sortie, sans gloire excessive, de son morne alignement sur les consignes officielles, effectif depuis le 11 septembre, et n'hésite plus désormais à retrouver le style-Watergate pour harceler le président. Quant à GW, il n'est plus question de sa philosophie en noir et blanc dont on disait il y a trois mois qu'elle détrône la pensée nietzschéenne, celle du ''qui n'est pas avec nous (le Bien) est contre nous (le Mal)''.
« President Bush heatedly defended his decade-old dealings as an oil company director Monday amid rising concern about the nation's business scandals. ''Sometimes things aren't exactly black and white when it comes to accounting procedures,'' he said of transactions at his old firm.
» Bush rejected comparisons between the transactions that masked losses at Harken Energy Corp. and those of executives and accountants at such companies as Enron and WorldCom that have resulted in billions of dollars in red ink. His own case, Bush said, ''was an honest disagreement about accounting procedures.''
» One day before he was to propose stiff punishments for corporate wrongdoing, the president faced a barrage of questions at a news conference about his own failure in 1990 to disclose stock sales as promptly as required by law. Pressed to explain, Bush said: ''I still haven't figured it out completely.'' Previously, he had said he thought regulators lost the documents. Last week, the White House called it a mix-up by lawyers. » (D'après une dépêche AP du 9 juillet 2002.)
Constatons ces événements sans réel plaisir, car tout cela n'est que l'indication d'un immense gâchis, du type franchement globalisé. Gore Vidal affirme que GW quittera la présidence avec le plus bas indice d'approbation des sondages qu'ait eu à subir aucun président, y compris Nixon. Aujourd'hui, on mesure combien cela est possible. Et rien ne sera résolu pour autant.