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455La 101ème division aéroportée US (101st Airborne Division) est célèbre, avec son surnom de The Screaming Eagles, aussi bien pour sa participation à des batailles comme celle de Normandie ou celle des Ardennes en 1944, que pour les opérations qu'elle mena au Vietnam. Plus récemment, le commandement de la 101ème en Irak consacra la célébrité du général Petraeus, à partir de laquelle Petraeus prit le commandement de toutes les forces en Irak pour le fameux “surge” (2007-2008), puis le commandement de CENTCOM, qu’il détient actuellement.
Aujourd’hui, cette unité fameuse, qui est redéployée dans sa base continentale de Fort Campbell, connaît un étrange destin. La base de Fort Campbell vient d’être mis dans une quasi-situation de lock out pendant trois jours à partir du 27 mai, pour permettre aux autorités de tenter d’enrayer le rythme des suicides. Il y a eu 11 suicides confirmés comme tels depuis le début de l’année, et plusieurs autres décès pourraient s’avérer être également des suicides.
Le site Army Times.com présente un rapport sur cette situation, ce 27 mai 2009.
»Regular duties are suspended for three days at Fort Campbell, which leads the Army in suicides this year, so commanders can identify and help soldiers who are struggling with the stress of war and most at risk for killing themselves.
»The post began a stand-down Wednesday so soldiers can focus on suicide prevention training in the wake of 11 confirmed suicides by Campbell soldiers this year. More deaths are being investigated as possible suicides. “This is not a place where Fort Campbell and the 101st Airborne Division want to be,” said Brig. Gen. Stephen Townsend. “We don’t want to lead the Army in this statistic.”
F»rom January to March, the installation averaged one suicide per week, Townsend said. After an Army-wide suicide prevention campaign in started in March, there were no suicides for six weeks, he said. “But last week we had two. Two in a week,” Townsend said.»
La situation de la 101ème division aéroportée est particulièrement marquée par les déploiements opérationnels depuis 2001, et c’est la pression de ces divers épisodes qui est évidemment identifiée comme la cause de ce taux très élevé de suicides.
«Frequent deployments by the division since 2001 have contributed to the stress suffered by Campbell’s soldiers, said Col. Ken Brown, the head of chaplains on the installation. The three 101st Airborne combat brigades have gone through at least three tours in Iraq. The 3rd Brigade also served seven months in Afghanistan early in the war, and the 4th Brigade just returned from a 15-month tour in Afghanistan. “We’ve been at war at this installation for seven years,” Brown said. “I think that has a cumulative effect across the force.”»
D’une façon générale, les forces armées US sont confrontées à un grave problème de suicides et, sur une échelle beaucoup plus vaste naturellement, à un très grave problème de traumatisme psychologique qui affecte une partie importante des forces. Qui plus est, ce problème ne cesse de s’amplifier et de s’aggraver. («The Army has said that soldier suicides reached the highest rate on record in 2008. Officials said the deaths in 2008 would amount to a rate of 20.2 per 100,000 soldiers, which is higher than the civilian rate, when adjusted to reflect the Army’s younger and male-heavy demographics.»)
La question du suicide dans les forces armées US est une question essentiellement psychologique, dans une époque caractérisée effectivement par l’importance de la psychologie. C’est un facteur évident dans la mesure où les conditions de la guerre ont radicalement changé, avec l’avènement de ce qu’on nomme la guerre de 4ème génération (G4G). Les pertes directes, parmi les forces occidentales super-sophistiquées, sont beaucoup moins élevées, mais la pression de la guerre se fait sentir par des moyens inédits, dans des domaines également inédits, avec des dégâts psychologiques considérables. Le cas de la 101ème division aéroportée est effectivement caractéristique, dans une situation où, à cause de diverses pressions (y compris les pressions des exigences médiatiques et de relations publiques), la capacité au combat de cette unité pourrait être notablement affectée à cause de ce facteur.
Les conditions générales sont loin de s’améliorer. L’armée se bat contre les suicides et les effets des affections psychologiques depuis 4 ou 5 ans et le problème ne cesse de s’aggraver, comme le montrent les statistiques, avec l’année 2008 qui est la pire du point de vue des suicides. Ce dernier cas (2008) montre que ce ne sont pas les combats qui sont directement en cause, puisque cette année a été particulièrement calme en Irak alors que les combats en Afghanistan gardaient la même intensité. La pression psychologique existe également, et surtout à notre sens, au niveau du conditionnement psychologique général des forces occidentales, de l’exagération constante et effrayante des capacités et de la stature de l’ennemi pour justifier toutes les mobilisations, de la situation d’occupantes de territoires étrangers de ces forces, des équipements technologiques qui ont un effet isolant de l’environnement particulièrement dévastateur pour la psychologie, etc. Tout cela fait s’interroger sur la possibilité pour les armées modernes, particulièrement américanistes, de résoudre ce problème dans la mesure où le développement de ces armées, voire les remèdes proposés pour ces affections constituent souvent des causes cachées de ces affections. Par exemple, la recherche d’une plus grande sécurité pour les forces, qui est considérée comme un remède essentiel aux traumatismes, signifie un plus grand isolement dans l’environnement du théâtre d’opération, un facteur qui, lui, accentue la pression négative sur la psychologie.
Mis en ligne le 28 mai 2009 à 12H33
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