Le “surge”, côté sombre

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Il y a eu l’audition du général Petraeus, sans grand tralalas publicitaire et spectaculaire. La performance, répétée de six mois en six mois, commence à lasser, d’autant que le catéchisme est une succession de lieux communs et d’affirmations vides. La philosophie de la chose est que le “surge” marche, que la situation en Irak s’améliore, mais qu’il faut être patient, qu’il faut garder toujours autant de soldats là-bas, tout cela sur fond d’explosions et de recrudescence des troubles divers en Irak.

Une éditorialiste du groupe North Star Writers a eu l’idée de baser sa chronique du 10 avril sur le témoignage que le lieutenant général William E. Odom, un général de l’U.S. Army à la retraite, ancien directeur de la NSA et aujourd’hui l’un des critiques les plus incisifs de la guerre en Irak, a fait devant les mêmes sénateurs qui se préparaient à écouter Petraeus. Candace Talmadge a donc décidé de nous faire entendre le témoignage d’un autre général.

«“The surge is prolonging instability, not creating the conditions for unity as the president claims,” his testimony began.

»“The decline in violence reflects a dispersion of power to dozens of local strong men who distrust the government and occasionally fight among themselves,” Odom explained. “Thus the basic military situation is far worse because of the proliferation of armed groups under local military chiefs who follow a proliferating number of political bosses.

» “This can hardly be called greater military stability, much less progress toward political consolidation, and to call it fragility that needs more time to become success is to ignore its implications.”

»Persuading the Sunnis not to shoot at U.S. troops comes at a high financial toll. “ . . . Our new Sunni friends insist on being paid for their loyalty,” Odom pointed out. “I have heard, for example, a rough estimate that the cost of in one area of about 100 square kilometers is $250,000 per day. And periodically they threaten to defect unless their fees are increased.”

(...)

»Odom also made hash of claims that Al Qaeda will have a staging area in Iraq for further attacks against the United States if we withdraw our entire military presence.

» “The Sunnis will soon destroy Al Qaeda if we leave Iraq,” Odom said. “The Kurds do not allow them in their region, and the Shiites, like the Iranians, detest Al Qaeda. To understand why, one need only take note of the Al Qaeda public diplomacy campaign over the past year or so on Internet blogs. They implore the United States to bomb and invade Iran and destroy this apostate Shiite regime.

» “As an aside, it gives me pause to learn that our vice president and some members of Congress are aligned with Al Qaeda on spreading the war to Iran.”»

On peut trouver l’intégralité du témoignage du général Odom sur le site Information Clearing House, à la date du 2 avril. Le thème essentiel implicite de ce témoignage est effectivement que le phénomène de déstabilisation qui frappe l’Irak et qui entretient la guerre est la présence des forces US dans ce pays, et la politique qui est conduite autant que la “guerre” qui y est menée. (Ce qui est dit pour le “surge” lui-même vaut pour toute l’aventure: «The surge is prolonging instability, not creating the conditions for unity as the president claims.») Dans le sens restreint des réalités opérationnelles, tactiques mais aussi avec une dimension psychologique évidente, l’analyse du général Odom renforce l’idée qu’on évoque dans notre F&C d’aujourd’hui, selon laquelle le vrai malaise vient de l’Amérique elle-même, que c’est l’Amérique qui suscite et provoque les crises dont elle prétend être ensuite la victime.


Mis en ligne le 14 avril 2008 à 09H39